Rapport de situation Olivier VITI Né le 00/00/0000 Admis sur le groupe de l'Origami le 15 juin 2009 Composition de sa famille : Parents : M. VITI Tristan, né le 00/00/0000 Me VITI Valentine, née le 00/00/0000 Enfants : Magalie VITI, née le 00/00/0000 Raphaëlle VITI, née le 00/00/0000 Olivier VITI, né le 00/00/0000 Victoire VITI, née le 00/00/0000 Inzée VITI, née le 00/00/0000 Valérie VITI, né le 00/00/0000 Elisa VITI, né le 00/00/0000 1. Problématique à l'admission : Les difficultés relationnelles entre Olivier et sa mère ont motivé le placement. Un recueil d'informations transmis par l'école de Desnos faisait état de comportement agressif régulier du jeune et des tenues vestimentaires pas adaptés pour la saison. Après investigation, des suspicions de maltraitance de la mère à l'égard d'Olivier, en lien avec une encoprésie massive du jeune, ont émergé. Après un accompagnement par la circonscription de Ville-Haute, Olivier a été placé dans un premier temps sur le groupe Tango en février 2008 puis le foyer de l'Origami en Juin 2009. En concertation avec la famille, ce placement a été reconduit en juin 2010 puis en septembre 2011. Alors que les relations entre Me VITI et Olivier ont semblé s'améliorer en 2010, les conflits et les dysfonctionnements familiaux se sont déplacés vers les soeurs. La situation familiale s'est tellement dégradé qu'un signalement a été envoyé par la circonscription de Ville-Haute puis suite à l'audience, une ordonnance une mesure en milieu ouvert d'une durée de six mois a été prononcée pour les enfants vivant au domicile. Parallèlement, le couple a annoncé leur séparation en mai 2011. Madame a pris un appartement sur Limoges dans un premier temps puis un logement à Mante proche du domicile familiale. Aujourd'hui, le couple semble avoir repris leur vie commune. 2. Evolution sur le groupe. Olivier a intégré le groupe en juin 2009. Nous pouvons dire qu'il est aujourd'hui dans une relation de confiance avec l'équipe. Pour autant, depuis notre précédent rapport, nous observons un jeune qui évolue difficilement tant il est inquiet par la situation familiale. En effet, les différents événements ont créé une instabilité qui l'a empêché de se sentir serein au foyer. Il a pu évoquer les inquiétudes pour ses soeurs au quotidien. L'annonce de l'audience en mars dernier a été un électrochoc car autant il connait les incidences d'un placement pour être protégé autant il vivait le désarroi de l'éclatement de la cellule familiale. Il était donc partagé entre la protection de ses soeurs et le fait de ne plus les voir aussi souvent. De plus, il ne comprenait pas bien la raison de son absence au tribunal Entretemps, les parents ont annoncé leur séparation. Olivier a été chagriné mais pas abattu. Cet événement donnait une place importante à M. VITI qui a pu évoquer à ses enfants "qu'il avait été aveugle et sourds à la souffrance de ses enfants". Toutefois, la séparation n'a pas été effective très longtemps car Me VITI était, d'après Olivier, souvent présente lors du week-end. Par ailleurs, ce contexte a été l'occasion de partager avec Olivier sa place "d'enfant symptôme". Les multiples signalements indiquaient qu'il n'était responsable des différents dysfonctionnement mais qu'il en était aussi victime. Ce constat est d'autant plus important car la victimisation est très présent dans le discours d'Olivier. Elle le permet de se disculper lorsqu'il est impliqué dans un conflit ou dans une histoire. Nous travaillons avec lui autour de sa responsabilisation. Ainsi, nous observions sur le groupe un jeune qui donnait l'apparence d'aller bien mais qui dans les faits ou lors des relations duelles avec l'adulte nous déversaient son mal-être. Rapport de situation Olivier VITI Né le 00/00/0000 Admis sur le groupe de l'Origami le 15 juin 2009 Composition de sa famille : Parents : M. VITI Tristan, né le 00/00/0000 Me VITI Valentine, née le 00/00/0000 Enfants : Magalie VITI, née le 00/00/0000 Raphaëlle VITI, née le 00/00/0000 Olivier VITI, né le 00/00/0000 Victoire VITI, née le 00/00/0000 Inzée VITI, née le 00/00/0000 Valérie VITI, né le 00/00/0000 Elisa VITI, né le 00/00/0000 1. Problématique à l'admission : Les difficultés relationnelles entre Olivier et sa mère ont motivé le placement. Un recueil d'informations transmis par l'école de Desnos faisait état de comportement agressif régulier du jeune et des tenues vestimentaires pas adaptés pour la saison. Après investigation, des suspicions de maltraitance de la mère à l'égard d'Olivier, en lien avec une encoprésie massive du jeune, ont émergé. Après un accompagnement par la circonscription de Ville-Haute, Olivier a été placé dans un premier temps sur le groupe Tango en février 2008 puis le foyer de l'Origami en Juin 2009. En concertation avec la famille, ce placement a été reconduit en juin 2010 puis en septembre 2011. Alors que les relations entre Me VITI et Olivier ont semblé s'améliorer en 2010, les conflits et les dysfonctionnements familiaux se sont déplacés vers les soeurs. La situation familiale s'est tellement dégradé qu'un signalement a été envoyé par la circonscription de Ville-Haute puis suite à l'audience, une ordonnance une mesure en milieu ouvert d'une durée de six mois a été prononcée pour les enfants vivant au domicile. Parallèlement, le couple a annoncé leur séparation en mai 2011. Madame a pris un appartement sur Limoges dans un premier temps puis un logement à Mante proche du domicile familiale. Aujourd'hui, le couple semble avoir repris leur vie commune. 2. Evolution sur le groupe. Olivier a intégré le groupe en juin 2009. Nous pouvons dire qu'il est aujourd'hui dans une relation de confiance avec l'équipe. Pour autant, depuis notre précédent rapport, nous observons un jeune qui évolue difficilement tant il est inquiet par la situation familiale. En effet, les différents événements ont créé une instabilité qui l'a empêché de se sentir serein au foyer. Il a pu évoquer les inquiétudes pour ses soeurs au quotidien. L'annonce de l'audience en mars dernier a été un électrochoc car autant il connait les incidences d'un placement pour être protégé autant il mesure les conséquences de l'éclatement de la cellule familiale. Il était donc partagé entre la protection de ses soeurs et le fait de ne plus les voir aussi souvent. A plusieurs reprises, Olivier a pu exprimer son désir d'écrire au juge. Il veut dénoncer les brimades subis dans son enfance par sa mère pour en protéger ses soeurs. Quand nous lui posons la question de sa propre protection ? Olivier ne peut actuellement pas l'envisager car il a peur de la réaction du père. Lorsque sa soeur ainé Magalie a fait des signalements, Olivier a entendu et perçu ce sentiment de trahison chez son père. Le conflit de loyauté est présent et participe à l'instabilité. Entretemps, les parents ont annoncé leur séparation. Olivier a été chagriné mais pas abattu. Cet événement donnait une place importante à M. VITI qui a pu évoquer à ses enfants "qu'il avait été aveugle et sourds à la souffrance de ses enfants". Toutefois, la séparation n'a pas été effective très longtemps car Me VITI était, d'après Olivier, souvent présente lors du week-end. Il a évoqué les stratégies d'évitement de conflits en se réfugiant dans sa chambre, ou en quittant le domicile pour aller visiter sa tante. Néanmoins, les conflits ont éclaté épisodiquement. En septembre dernier, Olivier est rentrè en colère. Sa mère préparait une dictée avec une de ses soeurs. Elle a introduit dans une phrase qui contenait le mot monstre, le terme "monstre comme Olivier". Cette pique a été prononcée en présence du père qui n'a rien relevè. Olivier a été extrèmement en colère contre l'attaque de sa mère puis déçu de l'attitude fuyante de son père. Par ailleurs, ce contexte a été l'occasion de partager avec Olivier sa place "d'enfant symptôme". Les multiples signalements indiquaient qu'il n'était responsable des différents dysfonctionnement mais qu'il en était aussi victime. Ce constat est d'autant plus important car la victimisation est très présent dans le discours d'Olivier. Elle le permet de se disculper lorsqu'il est impliqué dans un conflit ou dans une histoire. D'autant plus qu'Olivier a été impliqué dans des situations assez inquietantes. Avec un autre jeune, ils ont mis la pression pour d'obtenir des faveurs à tendance sexuel puis au refus de la jeune fille allant jusqu'à leur demander de l'argent en compensation. Dans une autre situation, à l'occasion "d'un jeu de guerre", Olivier avec d'autres garçons ont malmené et donné des coups à d'autres jeunes, faisant subir sur un plus jeune Nous travaillons avec lui autour de sa responsabilisation. Ainsi, nous observions sur le groupe un jeune qui donne l'apparence d'aller bien mais qui dans les faits ou lors des relations duelles avec l'adulte nous déversaient son mal-être. L Rapport de situation Olivier VITI Né le 00/00/0000 Admis sur le groupe de l'Origami le 15 juin 2009 Composition de sa famille : Parents : M. VITI Tristan, né le 00/00/0000 Me VITI Valentine, née le 00/00/0000 Enfants : Magalie VITI, née le 00/00/0000 Raphaëlle VITI, née le 00/00/0000 Olivier VITI, né le 00/00/0000 Victoire VITI, née le 00/00/0000 Inzée VITI, née le 00/00/0000 Valérie VITI, né le 00/00/0000 Elisa VITI, né le 00/00/0000 1. Problématique à l'admission : Les difficultés relationnelles entre Olivier et sa mère ont motivé le placement. Un recueil d'informations transmis par l'école de Desnos faisait état de comportement agressif régulier du jeune et des tenues vestimentaires pas adaptés pour la saison. Après investigation, des suspicions de maltraitance de la mère à l'égard d'Olivier, en lien avec une encoprésie massive du jeune, ont émergé. Après un accompagnement par la circonscription de Ville-Haute, Olivier a été placé dans un premier temps sur le groupe Tango en février 2008 puis le foyer de l'Origami en Juin 2009. En concertation avec la famille, ce placement a été reconduit en juin 2010 puis en septembre 2011. Alors que les relations entre Me VITI et Olivier ont semblé s'améliorer en 2010, les conflits et les dysfonctionnements familiaux se sont déplacés vers les soeurs. La situation familiale s'est tellement dégradé qu'un signalement a été envoyé par la circonscription de Ville-Haute puis suite à l'audience, une ordonnance une mesure en milieu ouvert d'une durée de six mois a été prononcée pour les enfants vivant au domicile. Parallèlement, le couple a annoncé leur séparation en mai 2011. Madame a pris un appartement sur Limoges dans un premier temps puis un logement à Mante proche du domicile familiale. Aujourd'hui, le couple semble avoir repris leur vie commune. 2. Evolution sur le groupe. Olivier a intégré le groupe en juin 2009. Nous pouvons dire qu'il est aujourd'hui dans une relation de confiance avec l'équipe. Pour autant, depuis notre précédent rapport, nous observons un jeune qui évolue difficilement tant il est inquiet par la situation familiale. En effet, les différents événements ont créé une instabilité qui l'empêche de se sentir serein au foyer. Les retours de week-end, les liens aux autres, moins d'ouverture vers l'extérieur Par ailleurs, ce contexte a été l'occasion de partager avec Olivier sa place "d'enfant symptôme". Les multiples signalements indiquaient qu'il n'était responsable des différents dysfonctionnement mais qu'il en était aussi victime. Ce constat est d'autant plus important car la victimisation est très présente dans le discours d'Olivier. Elle le permet de se disculper lorsqu'il est mêlé dans un conflit ou dans une histoire. D'autant plus qu'Olivier a été impliqué dans des situations assez inquiétantes : avec un autre jeune, ils ont mis la pression pour d'obtenir des faveurs à tendance sexuel, allant face au refus de la jeune fille, jusqu'à lui demander de l'argent en compensation. Dans une autre situation, à l'occasion "d'un jeu de guerre", Olivier avec d'autres garçons ont malmené et donné des coups à d'autres jeunes, faisant subir sur un des plus jeune des actes s'apparentant à des subisses de guerre en l'assayant à genou sur une barre de fer. Revu au sujet de ces événements, Olivier peut dire qu'il s'est laissé entrainer par le mouvement collectif et n'a pas réussi à résister à la pression lié à ce mouvement. Nous travaillons avec lui autour de sa responsabilisation de ses actes et les conséquences sur les autres. Nous tentons de faire des liens entre les violences qu'il a subi et qu'il peut par moment agir sur le groupe. Ainsi, nous observons sur le groupe un jeune qui donne l'apparence d'aller bien mais qui dans les faits ou lors des relations duelles avec l'adulte nous déverse son mal-être. 3. Prise en charge au quotidien Olivier est un jeune assez autonome. Il ne pose pas de problème à proprement parler d'hygiène. Il fait sa toilette régulièrement, change ses affaires. Le souci est lié aux conséquences de l'encoprésie à travers du linge souillé, des étrons dissimulé dans du linge, du linge souillé jeté à la poubelle. Ce mode de défense est très inscrit et nous demande une présence contenante, non jugeante. Nous lui avons mis un cadre pour le préserver du regard des autres mais nous avons le sentiment qu'il y a une nécessité de toujours l'accompagner, de le soutenir. Au delà de l'aspect organisationnel, ce symptôme inquiète par son sens et sa continuation. L'agressivité sur-contrôlé d'Olivier peut déborder et s'agir autrement comme les événements citès précedemment mais aussi par des mouvements d'humeurs explosives. Ainsi, Olivier peut quitter le groupe précipitamment, rouge, en sueur sans raison apparente. Il faut attendre que la pression descende pour mettre en mots. Ce sont dans ces moments qu'Olivier se livre le plus sur l'ambiance familiale, sur le fait qu'il ne sent bien nul part. Le rangement de sa chambre est, également soumis, à l'encoprésie. Etant dans la dissimulation, la chambre est un capharnaüm lui permettant de cacher ses excréments. C'est pour raison qu'Olivier ne souhaite pas notre présence lorsqu'il fait du rangement. Nous en avons conscience et acceptons cet espace nécéssaire d'intimité. Nous lui demandons régulièrement de la ranger et vérifions avec lui que son linge soit descendu régulièrement et séparé des étrons. Olivier s'exprime peu à ce sujet. Il reste très à l'écoute, dit que l'organisation du linge le soutient. Il a d'ailleurs conseillé à sa soeur qui a un symptôme identique. Pourtant, Olivier a investi sa chambre. Il a ramené beaucoup de ses objets personnels. Il a pu dire qu'il n'a pas vraiment de chambre chez lui, malgré les promesses de son père. Ainsi, il raméne des tableaux ou poster, des jeux et des jouets. Il s'est même installé un système audio de qualité pour écouter de la musique. 4. L'environnement familial Nous percevons mieux aujourd'hui les conséquences des différents dysfonctionnements familiaux. Olivier est dans le constat des difficultés de sa mère, la déception du manque de position du père, le risque du placement de ses soeurs. Il a pu évoquer les inquiétudes pour ses soeurs au quotidien. L'annonce de l'audience en mars dernier a été un électrochoc car autant il connait les incidences d'un placement pour être protégé autant il mesure les conséquences de l'éclatement de la cellule familiale. Il était donc partagé entre la protection de ses soeurs et le fait de ne plus les voir aussi souvent. A plusieurs reprises, Olivier a pu exprimer son désir d'écrire au juge. Il veut dénoncer les brimades subis dans son enfance par sa mère pour en protéger ses soeurs. Quand nous lui posons la question de sa propre protection ? Olivier ne peut actuellement pas l'envisager car il a peur de la réaction du père. Lorsque sa soeur ainée Magalie a fait des signalements, Olivier a entendu et perçu un sentiment de trahison chez son père. Le conflit de loyauté est présent et participe à l'instabilité. Entretemps, les parents ont annoncé leur séparation. Olivier a été chagriné mais pas abattu. Cet événement donnait une place importante à M. VITI qui a pu évoquer à ses enfants "qu'il avait été aveugle et sourd à la souffrance de ses enfants". Toutefois, la séparation n'a pas été effective très longtemps car Me VITI était, d'après Olivier, souvent présente lors du week-end. Il a évoqué les stratégies d'évitement de conflits en se réfugiant dans sa chambre, ou en quittant le domicile pour aller visiter sa tante. Néanmoins, les conflits ont éclaté épisodiquement. En septembre dernier, Olivier est rentré en colère. Sa mère préparait une dictée avec une de ses soeurs. Elle a introduit dans une phrase qui contenait le mot monstre, le terme "monstre comme Olivier". Cette pique a été prononcée en présence du père qui n'a rien relevé. Olivier a été extrêmement en colère contre l'attaque de sa mère puis déçu de l'attitude fuyante de son père. Rapport de situation Olivier VITI Né le 00/00/0000 Admis sur le groupe de l'Origami le 15 juin 2009 Composition de sa famille : Parents : M. VITI Tristan, né le 00/00/0000 Me VITI Valentine, née le 00/00/0000 Enfants : Magalie VITI, née le 00/00/0000 Raphaëlle VITI, née le 00/00/0000 Olivier VITI, né le 00/00/0000 Victoire VITI, née le 00/00/0000 Inzée VITI, née le 00/00/0000 Valérie VITI, né le 00/00/0000 Elisa VITI, né le 00/00/0000 1. Problématique à l'admission : Les difficultés relationnelles entre Olivier et sa mère ont motivé le placement. Un recueil d'informations transmis par l'école de Desnos faisait état de comportement agressif régulier du jeune et des tenues vestimentaires pas adaptés pour la saison. Après investigation, des suspicions de maltraitance de la mère à l'égard d'Olivier, en lien avec une encoprésie massive du jeune, ont émergé. Après un accompagnement par la circonscription de Ville-Haute, Olivier a été placé dans un premier temps sur le groupe Tango en février 2008 puis le foyer de l'Origami en Juin 2009. En concertation avec la famille, ce placement a été reconduit en juin 2010 puis en septembre 2011. Alors que les relations entre Me VITI et Olivier ont semblé s'améliorer en 2010, les conflits et les dysfonctionnements familiaux se sont déplacés vers les soeurs. La situation familiale s'est tellement dégradé qu'un signalement a été envoyé par la circonscription de Ville-Haute puis suite à l'audience, une ordonnance une mesure en milieu ouvert d'une durée de six mois a été prononcée pour les enfants vivant au domicile. Parallèlement, le couple a annoncé leur séparation en mai 2011. Madame a pris un appartement sur Limoges dans un premier temps puis un logement à Mante proche du domicile familiale. Aujourd'hui, le couple semble avoir repris leur vie commune. 2. Evolution sur le groupe. Olivier a intégré le groupe en juin 2009. Nous pouvons dire qu'il est aujourd'hui dans une relation de confiance avec l'équipe. Pour autant, depuis notre précédent rapport, nous observons un jeune qui évolue difficilement tant il est inquiet par la situation familiale. Les effets sont surprenants car toujours inattendus. Il y a eu des retours de week-end où avertit par M. ou Me VITI, nous savions que le temps en famille avait été difficile. Les réactions se sont exprimées sous forme de tensions, d'inaccessibilité à la parole et une fois, des coups sur un autre jeune. Quelques fois rien ne transparaît, il rentre des week-ends sans nous alerter d' événements quelconque, puis au fil de la semaine, il explose par des mouvements d'humeur, des sorties en dehors du groupe, s'associant à d'autres dans des passages à l'acte (dégradation, fugues). Il faut attendre que les tensions baissent pour qu'il s'autorise à évoquer ce qui le travaille, l'envahit. Il évoque surtout sa place dans sa famille et la singularité de son placement. Ce contexte est l'occasion de partager avec Olivier sa place "d'enfant symptôme". Les multiples signalements indiquaient qu'il n'était responsable des différents dysfonctionnement mais qu'il en était victime. Ce constat est d'autant plus important car la victimisation est très présente dans le discours d'Olivier. Nous lui avons concédé que le statut de placement en recueil provisoire à la demande de la famille peut l'inquiéter. Les parents peuvent changer d'avis et demander son retour au domicile ! Nous l'avons invité à écrire au juge mais Olivier ne sent pas encore prêt. Par ailleurs, la victimisation est aussi un moyen de se disculper lorsqu'il est mêlé dans un conflit ou dans une histoire. D'autant plus qu'Olivier a été impliqué dans des situations assez inquiétantes : avec un autre jeune, ils ont mis la pression pour d'obtenir des faveurs à tendance sexuel, allant face au refus de la jeune fille, jusqu'à lui demander de l'argent en compensation. Dans une autre situation, à l'occasion "d'un jeu de guerre", Olivier avec d'autres garçons ont malmené et donné des coups à d'autres jeunes, faisant subir sur un des plus jeune des actes s'apparentant à des subisses de guerre en l'asseyant à genou sur une barre de fer. Revu au sujet de ces événements, Olivier tente de minimiser son implication, de nier les dénonciations des autres. Il finit par dire qu'il s'est laissé entrainer par le mouvement collectif et n'a pas réussi à résister à la pression lié à ce mouvement. Nous travaillons avec lui autour de sa responsabilisation de ses actes et les conséquences sur les autres. Nous tentons de faire des liens entre les violences qu'il a subies et qu'il peut par moment agir sur le groupe. Ainsi, nous observons sur le groupe un jeune qui donne l'apparence d'aller bien. Il cherche au maximum à paraître décontracté, accessible, avec de l'humour mais qui dans certains faits ou lors des relations duelles avec l'adulte nous déversent son mal-être. Le passage au coucher d'un adulte est ritualisé. Il demande ce temps d'exclusivité avec l'adulte où il peut s'épencher sur sa situation au domicile, au collège ou sur le groupe. Il est très à l'écoute à nos réponses. Olivier nous paraît dans ces moments plus authentique. Il peut exprimer son désir d'être apprécié par les jeunes et les éducateurs. Il est difficile à Olivier à s'individuer tant il est partagé. Il a besoin d'être porté, soutenu dans ses projets personnels par l'équipe et protéjé des défaillances parentaux. 3. Prise en charge au quotidien Olivier est un jeune assez autonome. Il ne pose pas de problème à proprement parler d'hygiène. Il fait sa toilette régulièrement, change ses affaires. Le souci est lié aux conséquences de l'encoprésie à travers du linge souillé, des étrons dissimulé dans du linge, du linge souillé jeté à la poubelle. Ce mode de défense est très inscrit et nous demande une présence contenante, non jugeante. Nous lui avons mis un cadre pour le préserver du regard des autres mais nous avons le sentiment qu'il y a une nécessité de toujours l'accompagner, de le soutenir. Au-delà de l'aspect organisationnel, ce symptôme inquiète par son sens et sa continuation. L'agressivité sur-contrôlée d'Olivier peut déborder et s'agir autrement comme les événements cités précédemment mais aussi par des mouvements d'humeurs explosives. Ainsi, Olivier peut quitter le groupe précipitamment, rouge, en sueur sans raison apparente. Il faut attendre que la pression descende pour mettre en mots. Ce sont dans ces moments qu'Olivier se livre le plus sur l'ambiance familiale, sur le fait qu'il ne sent bien nul part. Le rangement de sa chambre est, également soumis, à l'encoprésie. Etant dans la dissimulation, la chambre est un capharnaüm lui permettant de cacher ses excréments. C'est pour raison qu'Olivier ne souhaite pas notre présence lorsqu'il fait du rangement. Nous en avons conscience et acceptons cet espace nécessaire d'intimité. Nous lui demandons régulièrement de la ranger et vérifions avec lui que son linge soit descendu régulièrement et séparé des étrons. Olivier s'exprime peu à ce sujet. Il reste très à l'écoute, dit que l'organisation du linge le soutient. Il a d'ailleurs conseillé à sa soeur qui a un symptôme identique. Pourtant, Olivier a investi sa chambre. Il a ramené beaucoup de ses objets personnels. Il a pu dire qu'il n'a pas vraiment de chambre chez lui, malgré les promesses de son père. Ainsi, il ramène des tableaux ou poster, des jeux et des jouets. Il s'est même installé un système audio de qualité pour écouter de la musique. 4. L'environnement familial Nous percevons mieux aujourd'hui les conséquences des différents dysfonctionnements familiaux. Olivier est dans le constat des difficultés de sa mère, la déception du manque de position du père, le risque du placement de ses soeurs. Il a pu évoquer les inquiétudes pour ses soeurs au quotidien. L'annonce de l'audience en mars dernier a été un électrochoc car autant il connait les incidences d'un placement pour être protégé autant il mesure les conséquences de l'éclatement de la cellule familiale. Il était donc partagé entre la protection de ses soeurs et le fait de ne plus les voir aussi souvent. A plusieurs reprises, Olivier a pu exprimer son désir d'écrire au juge. Il veut dénoncer les brimades subis dans son enfance par sa mère pour en protéger ses soeurs. Quand nous lui posons la question de sa propre protection ? Olivier ne peut actuellement pas l'envisager car il a peur de la réaction du père. Lorsque sa soeur ainée Magalie a fait des signalements, Olivier a entendu et perçu un sentiment de trahison chez son père. Le conflit de loyauté est présent et participe à l'instabilité. Entretemps, les parents ont annoncé leur séparation. Olivier a été chagriné mais pas abattu. Cet événement donnait une place importante à M. VITI qui a pu évoquer à ses enfants "qu'il avait été aveugle et sourd à la souffrance de ses enfants". Toutefois, la séparation n'a pas été effective très longtemps car Me VITI était, d'après Olivier, souvent présente lors du week-end. Il a évoqué les stratégies d'évitement de conflits en se réfugiant dans sa chambre, ou en quittant le domicile pour aller visiter sa tante. Néanmoins, les conflits ont éclaté épisodiquement. En septembre dernier, Olivier est rentré en colère. Sa mère préparait une dictée avec une de ses soeurs. Elle a introduit dans une phrase qui contenait le mot monstre, le terme "monstre comme Olivier". Cette pique a été prononcée en présence du père qui n'a rien relevé. Olivier a été extrêmement en colère contre l'attaque de sa mère puis déçu de l'attitude fuyante de son père. Rapport de situation Olivier VITI Né le 00/00/0000 Admis sur le groupe de l'Origami le 15 juin 2009 Composition de sa famille : Parents : M. VITI Tristan, né le 00/00/0000 Me VITI Valentine, née le 00/00/0000 Enfants : Magalie VITI, née le 00/00/0000 Raphaëlle VITI, née le 00/00/0000 Olivier VITI, né le 00/00/0000 Victoire VITI, née le 00/00/0000 Inzée VITI, née le 00/00/0000 Valérie VITI, né le 00/00/0000 Elisa VITI, né le 00/00/0000 1. Problématique à l'admission : Les difficultés relationnelles entre Olivier et sa mère ont motivé le placement. Un recueil d'informations transmis par l'école de Desnos faisait état de comportement agressif régulier du jeune et des tenues vestimentaires pas adaptés pour la saison. Après investigation, des suspicions de maltraitance de la mère à l'égard d'Olivier, en lien avec une encoprésie massive du jeune, ont émergé. Après un accompagnement par la circonscription de Ville-Haute, Olivier a été placé dans un premier temps sur le groupe Tango en février 2008 puis le foyer de l'Origami en Juin 2009. En concertation avec la famille, ce placement a été reconduit en juin 2010 puis en septembre 2011. Alors que les relations entre Me VITI et Olivier ont semblé s'améliorer en 2010, les conflits et les dysfonctionnements familiaux se sont déplacés vers les soeurs. La situation familiale s'est tellement dégradé qu'un signalement a été envoyé par la circonscription de Ville-Haute puis suite à l'audience, une mesure en milieu ouvert d'une durée de six mois a été prononcée pour les enfants vivant au domicile. Parallèlement, le couple a annoncé leur séparation en mai 2011. Madame a pris un appartement sur Limoges dans un premier temps puis un logement à Mante proche du domicile familiale. Aujourd'hui, le couple semble avoir repris leur vie commune. 2. Evolution sur le groupe. Olivier a intégré le groupe en juin 2009. Nous pouvons dire qu'il est aujourd'hui dans une relation de confiance avec l'équipe. Pour autant, depuis notre précédent rapport, nous observons un jeune qui évolue difficilement tant il est inquiet par la situation familiale. Les effets sont surprenants car toujours inattendus. Par exemple, il y a eu des retours de week-end où avertit par M. ou Me VITI, nous savions que le temps en famille avait été difficile. Les réactions se sont exprimées sous forme de tensions, d'inaccessibilité à la parole et une fois, des coups sur un autre jeune. Quelques fois rien ne transparaît, il rentre des week-ends sans nous alerter d' événement quelconque, puis au fil de la semaine, il explose. Il quitte la table en colère, il sort en dehors du groupe en soirée où il s'associe à d'autres dans des passages à l'acte (dégradation, fugues). Il faut attendre que les tensions baissent pour qu'il s'autorise à évoquer ce qui le travaille, l'envahit. Actuellement, il évoque surtout sa place dans sa famille et la singularité de son placement. Ce contexte est l'occasion de partager avec Olivier sa place "d'enfant symptôme". Les multiples signalements indiquaient qu'il n'était pas responsable des différents dysfonctionnement mais qu'il en était victime. Ce constat est d'autant plus important car la victimisation est très présente dans le discours d'Olivier. Nous lui avons concédé que le statut de placement en recueil provisoire à la demande de la famille peut l'inquiéter. Même si ces parents ne l'ont jamais évoqué, ils peuvent changer d'avis et demander son retour au domicile ! Olivier a peur de cette éventualité. Nous l'avons invité à écrire au juge mais Olivier ne sent pas encore prêt. Par ailleurs, la victimisation est aussi un moyen de se disculper lorsqu'il est mêlé dans un conflit ou dans une histoire. Olivier a été impliqué dans des situations assez inquiétantes : avec un autre jeune, ils ont mis la pression à une jeune pour obtenir des faveurs à tendance sexuel, allant face au refus de la jeune fille, jusqu'à lui demander de l'argent en compensation. Dans une autre situation, à l'occasion "d'un jeu de guerre", Olivier avec d'autres garçons ont malmené et donné des coups à d'autres jeunes, faisant subir sur un des plus jeune des actes s'apparentant à des subisses de guerre en l'asseyant à genou sur une barre de fer. Revu au sujet de ces événements, Olivier tente de minimiser son implication, de nier les dénonciations des autres. Il finit, par dire, qu'il s'est laissé entrainer par le mouvement collectif et n'a pas réussi à résister à la pression liée à ce mouvement. Nous travaillons avec lui autour de sa responsabilisation de ses actes et les conséquences sur les autres. Nous tentons de faire des liens entre les violences qu'il a subies et qu'il peut par moment agir sur le groupe. Ainsi, nous observons sur le groupe un jeune qui donne l'apparence d'aller bien. Il cherche au maximum à paraître décontracté, accessible, avec de l'humour mais qui dans certains faits ou lors des relations duelles avec l'adulte nous déversent son mal-être. Il tente de maitriser au mieux sa situation. Il a une réelle volonté d'être apprécié des autres jeunes et des adultes. Les éducateurs remplaçants sont souvent surpris par sa sociabilité, ses expressions "ça va, je gère". Il tente de ne rien laisser paraître de ce qui pourrait l'inquiéter. Pourtant au moment où la "coupe est pleine", il est dans une agitation physique, rouge et en sueur. Nous l'invitons à s'appuyer à ses espaces de paroles au CMPEA, mais aussi à des entretiens informelles avec les éducateurs. Olivier a plutôt investi les temps du coucher. C'est un moment presque ritualisé où il peut s'épancher sur sa situation. Il est assez authentique. Nous observons son besoin d'attention, de considération et d'exclusivité avec l'adulte. 3. Prise en charge au quotidien Olivier est un jeune assez autonome. Il ne pose pas de problème à "proprement" parler d'hygiène. Il fait sa toilette régulièrement, change ses affaires. Le souci est lié aux conséquences de l'encoprésie à travers du linge souillé, des étrons dissimulé dans du linge, du linge souillé jeté à la poubelle. Ce mode de défense est très inscrit et nous demande une présence contenante, non jugeante. Nous lui avons mis un cadre pour le préserver du regard des autres mais nous avons le sentiment qu'il y a une nécessité de toujours l'accompagner, de le soutenir. Ce cadre est à rappeler régulièrement. Au-delà de l'aspect organisationnel, ce symptôme inquiète par son sens et sa continuation. L'agressivité sur-contrôlée d'Olivier peut déborder et s'agir autrement comme les événements cités précédemment mais aussi par des mouvements d'humeurs explosives. Ainsi, Olivier peut quitter le groupe précipitamment, rouge, en sueur sans raison apparente. Il faut attendre que la pression descende pour mettre en mots. Ce sont dans ces moments qu'Olivier se livre le plus sur l'ambiance familiale, sur le fait qu'il ne sent bien nul part. Olivier a investi sa chambre. Il a ramené beaucoup de ses objets personnels. Il a pu dire qu'il n'a pas vraiment de chambre chez lui, malgré les promesses de son père. Ainsi, il ramène des tableaux ou poster, des jeux et des jouets. Il s'est même installé un système audio de qualité pour écouter de la musique. Le rangement de sa chambre est, également soumis, à l'encoprésie. Etant dans la dissimulation, sa chambre peut devenir un capharnaüm lui permettant de cacher ses excréments. C'est pour raison qu'Olivier ne souhaite pas notre présence lorsqu'il fait du rangement. Nous en avons conscience et acceptons cet espace nécessaire d'intimité. Nous lui demandons régulièrement de la ranger et vérifions avec lui que son linge soit descendu régulièrement et séparé des étrons. Olivier s'exprime peu à ce sujet. Il reste très à l'écoute, dit que l'organisation du linge le soutient. Il a d'ailleurs conseillé à une de ses soeurs qui a un symptôme identique. 4. L'environnement familial Nous percevons mieux aujourd'hui les conséquences des différents dysfonctionnements familiaux. Olivier est dans le constat des difficultés de sa mère, la déception du manque de position du père, le risque du placement de ses soeurs. Il a pu évoquer les inquiétudes pour ses soeurs au quotidien. L'annonce de l'audience en mars dernier a été un électrochoc. D'une part, il a été informé inopinément lors d'un entretien informelle par les éducateurs et d'autre part il s'interrogeait sur la judiciarisation. Ainsi, il était partagé entre la protection de ses soeurs et le fait, en cas de placement, de ne plus voir ses soeurs aussi souvent. A plusieurs reprises, Olivier a pu exprimer son désir d'écrire au juge. Il veut dénoncer les brimades subis dans son enfance par sa mère pour en protéger ses soeurs. Quand nous lui posons la question de sa propre protection ? Olivier ne peut actuellement pas l'envisager car il a peur de la réaction du père. Lorsque sa soeur ainée Magalie a fait des signalements, Olivier a entendu et perçu un sentiment de trahison chez son père. Le conflit de loyauté est présent et participe à l'instabilité. Entretemps, les parents ont annoncé leur séparation. Olivier a été chagriné mais pas abattu. Cet événement donnait une place importante à M. VITI qui a pu évoquer à ses enfants "qu'il avait été aveugle et sourd à la souffrance de ses enfants". Toutefois, la séparation n'a pas été effective très longtemps car Me VITI était, d'après Olivier, souvent présente lors du week-end. Il a évoqué les stratégies d'évitement de conflits en se réfugiant dans sa chambre, ou en quittant le domicile pour aller visiter sa tante. Néanmoins, les conflits ont éclaté épisodiquement. En septembre dernier, Olivier est rentré en colère. Sa mère préparait une dictée avec une de ses soeurs. Elle a introduit dans une phrase qui contenait le mot monstre, le terme "monstre comme Olivier". Cette pique a été prononcée en présence du père qui n'a rien relevé. Olivier a été extrêmement en colère contre l'attaque de sa mère puis déçu de l'attitude fuyante de son père. Actuellement, Olivier reste un week-end par mois sur l'Origami. Nous avions envisagé l'arrêt en septembre mais au vue des événements et l'ambiance, la question d'augnenter le nombre de week-end semble cohérent. Olivier est ambivalent dans ses demandes. Autant, il peut dire que le groupe est son espace sécurisant, autant, il ne peut pas envisager de s'extraire trop longtemps du domicile familiale. Il a un besoin de vérifier ce qui se passe, d'assouvir ses inquiétudes. M. VITI appelle régulièrement sur le groupe. Il prend des nouvelles d'Olivier et donne des nouvelles de la famille. Ces appels ne sont pas anxiogènes et constituent un lien important pour Olivier. Olivier a fait la demande dernièrement que l'on organise des temps de week-end chez sa soeur ainée Magalie. Nous avons explorer le sens de la demande car nous voulions vérifier que les jeunes n'alimentent pas leurs grieffes contre leur parent. Olivier a pu dire que c'était un désir de partager du temps avec sa soeur et le petit ami de celle-çi. Pour autant, il nous semblait important que ces accueils soient organisés sur un temps de week-end et en lien avec les parents. La scolarité Le travail est relativement désinsvestit malgré la volonté irrigulière d'Olivier. Les commentaires des enseignants pointent son manque de sérieux, son manque de travail, l'irrigularité de son attention, manque de motivation. Même observation aux devoirs, ne note pas ses leçons, oublie des livres au collège Besoin de travailler autour de perspective et redonner de la confiance en soi. Il a des capacités, une bonne compréhension mais besoin d'être porté, soutenu. Bilan avec psychologue pour faire émerger son potentiel puis rechercher à la suite des possibilités d'orientation . Le cursus scolaire différent apprentissage (transmission par un maitre d'apprentissage = différent d'un groupe scolaire). Santé Bilan ophtalmo et orthoptiste; port de lunettes de confort problème d'endormissement traitement euphytose par généraliste, voire Antarax si trop envahis Poids pose question. vigilance dans son alimentation, se dépenser, faire du sport. La question de l'encoprésie revu par le médecin psychiatre. Rapport de situation Olivier VITI Né le 00/00/0000 Admis sur le groupe de l'Origami le 15 juin 2009 Composition de sa famille : Parents : M. VITI Tristan, né le 00/00/0000 Me VITI Valentine, née le 00/00/0000 Enfants : Magalie VITI, née le 00/00/0000 Raphaëlle VITI, née le 00/00/0000 Olivier VITI, né le 00/00/0000 Victoire VITI, née le 00/00/0000 Inzée VITI, née le 00/00/0000 Valérie VITI, né le 00/00/0000 Elisa VITI, né le 00/00/0000 1. Problématique à l'admission : Les difficultés relationnelles entre Olivier et sa mère ont motivé le placement. Un recueil d'informations transmis par l'école de Desnos faisait état de comportement agressif régulier du jeune et des tenues vestimentaires pas adaptés pour la saison. Après investigation, des suspicions de maltraitance de la mère à l'égard d'Olivier, en lien avec une encoprésie massive du jeune, ont émergé. Après un accompagnement par la circonscription de Ville-Haute, Olivier a été placé dans un premier temps sur le groupe Tango en février 2008 puis le foyer de l'Origami en Juin 2009. En concertation avec la famille, ce placement a été reconduit en juin 2010 puis en septembre 2011. Alors que les relations entre Me VITI et Olivier ont semblé s'améliorer en 2010, les conflits et les dysfonctionnements familiaux se sont déplacés vers les soeurs. La situation familiale s'est tellement dégradé qu'un signalement a été envoyé par la circonscription de Ville-Haute puis suite à l'audience, une mesure en milieu ouvert d'une durée de six mois a été prononcée pour les enfants vivant au domicile. Parallèlement, le couple a annoncé leur séparation en mai 2011. Madame a pris un appartement sur Limoges dans un premier temps puis un logement à Mante proche du domicile familiale. Aujourd'hui, le couple semble avoir repris leur vie commune. 2. Evolution sur le groupe. Olivier a intégré le groupe en juin 2009. Nous pouvons dire qu'il est aujourd'hui dans une relation de confiance avec l'équipe. Pour autant, depuis notre précédent rapport, nous observons un jeune qui évolue difficilement tant il est inquiet par la situation familiale. Par exemple, il y a eu des retours de week-end où avertit par M. ou Me VITI, nous savions que le temps en famille avait été difficile. Les réactions se sont exprimées sous forme de tensions, d'inaccessibilité à la parole et une fois, des coups sur un autre jeune. Quelques fois rien ne transparaît, il rentre des week-ends sans nous alerter d' événement quelconque, puis au fil de la semaine, il explose. Il quitte la table en colère, il sort en dehors du groupe en soirée où il s'associe à d'autres dans des passages à l'acte (dégradation, fugues). Il faut attendre que les tensions baissent pour qu'il s'autorise à évoquer ce qui le travaille, l'envahit. Actuellement, il évoque surtout sa place dans sa famille et la singularité de son placement. Ce contexte est l'occasion de partager avec Olivier sa place "d'enfant symptôme". Les multiples signalements indiquaient qu'il n'était pas responsable des différents dysfonctionnement mais qu'il en était victime. Ce constat est d'autant plus important car la victimisation est très présente dans le discours d'Olivier. Nous lui avons concédé que le statut de placement en recueil provisoire à la demande de la famille peut l'inquiéter. Même si ces parents ne l'ont jamais évoqué, ils peuvent changer d'avis et demander son retour au domicile ! Olivier a peur de cette éventualité. Nous l'avons invité à écrire au juge mais Olivier ne sent pas encore prêt. Par ailleurs, la victimisation est aussi un moyen de se disculper lorsqu'il est mêlé dans un conflit ou dans une histoire. Olivier a été impliqué dans des situations assez inquiétantes : avec un autre jeune, ils ont mis la pression à une jeune pour obtenir des faveurs à tendance sexuel, allant face au refus de la jeune fille, jusqu'à lui demander de l'argent en compensation. Dans une autre situation, à l'occasion "d'un jeu de guerre", Olivier avec d'autres garçons ont malmené et donné des coups à d'autres jeunes, faisant subir sur un des plus jeune des actes s'apparentant à des subisses de guerre en l'asseyant à genou sur une barre de fer. Dernièrement, nous avons retrouvé des armes factices projetant des billes plastiques. Il s'associe souvent aux autres pour jouer à des jeux de guerre, allant jusqu'à se provoquer des hématomes sur le corps. Revu au sujet de ces événements, Olivier tente de minimiser son implication, de nier les dénonciations des autres. Il finit, par dire, qu'il s'est laissé entrainer par le mouvement collectif et n'a pas réussi à résister à la pression liée à ce mouvement. Nous travaillons avec lui autour de sa responsabilisation de ses actes et les conséquences sur les autres. Nous tentons de faire des liens entre les violences qu'il a subies et qu'il peut par moment agir sur le groupe. Ainsi, nous observons sur le groupe un jeune qui donne l'apparence d'aller bien. Il cherche au maximum à paraître décontracté, accessible, avec de l'humour mais qui dans certains faits ou lors des relations duelles avec l'adulte nous déversent son mal-être. Il tente de maitriser au mieux sa situation. Il a une réelle volonté d'être apprécié des autres jeunes et des adultes. Les éducateurs remplaçants sont souvent surpris par sa sociabilité, ses expressions "ça va, je gère". Il tente de ne rien laisser paraître de ce qui pourrait l'inquiéter. Pourtant au moment où la "coupe est pleine", il est dans une agitation physique, rouge et en sueur. Nous l'invitons à s'appuyer à ses espaces de paroles au CMPEA, mais aussi à des entretiens avec les éducateurs. Olivier a plutôt investi les temps du coucher. C'est un moment presque ritualisé où il peut s'épancher sur sa situation. Il est assez authentique. Nous observons son besoin d'attention, de considération et d'exclusivité avec l'adulte. 3. Prise en charge au quotidien Olivier est un jeune assez autonome. Il ne pose pas de problème à "proprement" parler d'hygiène. Il fait sa toilette régulièrement, change ses affaires. Le souci est lié aux conséquences de l'encoprésie à travers du linge souillé, des étrons dissimulé dans du linge, du linge souillé jeté à la poubelle. Ce mode de défense est très inscrit et nous demande une présence contenante, non jugeante. Nous lui avons mis un cadre pour le préserver du regard des autres mais nous avons le sentiment qu'il y a une nécessité de toujours l'accompagner, de le soutenir. Ce cadre est à rappeler régulièrement. Au-delà de l'aspect organisationnel, ce symptôme inquiète par son sens et sa continuation. L'agressivité sur-contrôlée d'Olivier peut déborder et s'agir autrement comme les événements cités précédemment mais aussi par des mouvements d'humeurs explosives. Ainsi, Olivier peut quitter le groupe précipitamment, rouge, en sueur sans raison apparente. Il faut attendre que la pression descende pour mettre en mots. Ce sont dans ces moments qu'Olivier se livre le plus sur l'ambiance familiale, sur le fait qu'il ne sent bien nul part : lorsqu'il est au foyer, il s'inquiète de ce qui se passe chez lui ; lorsqu'il est chez lui, il ne supporte pas l'ambiance conflictuelle. Olivier a investi sa chambre. Il a ramené beaucoup de ses objets personnels. Il a pu dire qu'il n'a pas vraiment de chambre chez lui, malgré les promesses de son père. Ainsi, il ramène des tableaux ou poster, des jeux et des jouets. Il s'est même installé un système audio de qualité pour écouter de la musique. Le rangement de sa chambre est, également soumis, à l'encoprésie. Etant dans la dissimulation, sa chambre peut devenir un capharnaüm lui permettant de cacher ses excréments. C'est pour raison qu'Olivier ne souhaite pas notre présence lorsqu'il fait du rangement. Nous en avons conscience et acceptons cet espace nécessaire d'intimité. Nous lui demandons régulièrement de la ranger et vérifions avec lui que son linge soit descendu régulièrement et séparé des étrons. Olivier s'exprime peu à ce sujet. Il reste très à l'écoute, dit que l'organisation du linge le soutient. Il a d'ailleurs conseillé à une de ses soeurs qui a un symptôme identique. 4. L'environnement familial Nous percevons mieux aujourd'hui les conséquences des différents dysfonctionnements familiaux. Olivier est dans le constat des difficultés de sa mère, la déception du manque de position du père, le risque du placement de ses soeurs. Il a pu évoquer les inquiétudes pour ses soeurs au quotidien. L'annonce de l'audience en mars dernier a été un électrochoc. D'une part, il a été informé inopinément lors d'un entretien informelle par les éducateurs et d'autre part il s'interrogeait sur la judiciarisation. Ainsi, il était partagé entre la protection de ses soeurs et le fait, en cas de placement, de ne plus voir ses soeurs aussi souvent. A plusieurs reprises, Olivier a pu exprimer son désir d'écrire au juge. Il veut dénoncer les brimades subis dans son enfance par sa mère pour en protéger ses soeurs. Quand nous lui posons la question de sa propre protection ? Olivier ne peut actuellement pas l'envisager car il a peur de la réaction du père. Lorsque sa soeur ainée Magalie a fait des signalements, Olivier a entendu et perçu un sentiment de trahison chez son père. Le conflit de loyauté est présent et participe à l'instabilité. Entretemps, les parents ont annoncé leur séparation. Olivier a été chagriné mais pas abattu. Cet événement donnait une place importante à M. VITI qui a pu évoquer à ses enfants "qu'il avait été aveugle et sourd à la souffrance de ses enfants". Toutefois, la séparation n'a pas été effective très longtemps car Me VITI était, d'après Olivier, souvent présente lors du week-end. Il a évoqué les stratégies d'évitement de conflits en se réfugiant dans sa chambre, ou en quittant le domicile pour aller visiter sa tante. Néanmoins, les conflits ont éclaté épisodiquement. En septembre dernier, Olivier est rentré en colère. Sa mère préparait une dictée avec une de ses soeurs. Elle a introduit dans une phrase qui contenait le mot monstre, le terme "monstre comme Olivier". Cette pique a été prononcée en présence du père qui n'a rien relevé. Olivier a été extrêmement en colère contre l'attaque de sa mère puis déçu de l'attitude fuyante de son père. Actuellement, Olivier reste un week-end par mois sur l'Origami. Nous avions envisagé l'arrêt en septembre mais au vue des événements et l'ambiance, la question d'augnenter le nombre de week-end semble cohérent. Olivier est ambivalent dans ses demandes. Autant, il peut dire que le groupe est son espace sécurisant, autant, il ne peut pas envisager de s'extraire trop longtemps du domicile familiale. Il a un besoin de vérifier ce qui se passe, d'assouvir ses inquiétudes. M. VITI appelle régulièrement sur le groupe. Il prend des nouvelles d'Olivier et donne des nouvelles de la famille. Ces appels ne sont pas anxiogènes et constituent un lien important pour Olivier. Olivier a fait la demande dernièrement que l'on organise des temps de week-end chez sa soeur ainée Magalie. Nous avons explorer le sens de la demande car nous voulions vérifier que les jeunes n'alimentent pas leurs grieffes contre leur parent. Olivier a pu dire que c'était un désir de partager du temps avec sa soeur et le petit ami de celle-çi. Pour autant, il nous semblait important que ces accueils soient organisés sur un temps de week-end et en lien avec les parents. 5. La scolarité Olivier est scolarisé en 4eme au collège Portal à SAINT-PETITOT. Il est dans ce collège depuis septembre 2008. Le bulletin du premier trimestre et la rencontre avec son professeur principal est particulièrement alartant. Tous les enseignants notent la passivité, le manque de dynamisme en classe. Olivier est à l'écart avec un autre camarade, en difficulté également, du reste de la classe. Il participe pas verbalement en cours, semble ailleurs sans pour autant poser des problèmes de comportement. Olivier semble vouloir se faire oublier. Le travail au domicile, donc au foyer, est à l'heure actuelle pas fait, pas rendu. Nous avions noté les difficultés auxquelles nous nous confrontions avec ses devoirs. Il n'était rien noté sur l'agenda, il manquait un livre, un cahier. Lors de l'entretien avec l'enseignant, Olivier semblait surpris de ses constats, ne pouvant pas clairement justifier son manque de travail. Par ailleurs, le professeur notait que les résultats ne permettraient pas d'envisager un passage en 3 eme en fonction des notes mais en raison de l'âge. Il demande d'envisager une troisième du type DP 6 en sachant que les places sont restreintes et que le dossier, au vue du dossier d'Olivier, ne sera pas prioritaire. Olivier est entrain de se fermer des portes en terme d'orientation. D'autant plus, que nous sommes convaincus de son fort potentiel. Est-ce une résistance aux injonctions scolaires comme le suggère l'enseignant ? Est-ce une question de confiance en soi ? Est-ce une question d'envahissement psychique ? Dans tous les cas de figures, Olivier est en échec et à besoin de se remobiliser dans cette espace qui lui ouvrira des perspectives d'avenir. Notre psychologue va réaliser un bilan pour faire émerger son potentiel . Nous appuierons sur ce travail pour lui chercher des voies d'orientation paraléllement au travail mené avec les enseignants. Des cursus scolaires différents vont aussi être explorés du type MFR, ou apprentissage. Santé Olivier est en bonne santé. C'est un garçon qui souffre peu des maladies virales. Olivier peut toutefois s'interroger sur son poids. Il est plutôt de petite taille et a eu tendance à prendre de l'embompoint cette année. Le pédiatre lui conseille d'être vigilant en période de croissance, de modérer la consommation de sucrerie et surtout de se dépenser physiquement. Par ailleurs, Olivier a interrogé également sur ses suées importantes. Le pédiatre lui a expliqué qu'il n'y avait rien à faire médicalement mais qu'il pouvait en réduire les nuisances par la qualité de son linge et une hygiène régulière. Olivier a rencontré son médecin traitant en mois de novembre. Il se plaignait de problème d'endormissement. Bilan ophtalmo et orthoptiste; port de lunettes de confort problème d'endormissement traitement euphytose par généraliste, voire Antarax si trop envahis Poids pose question. vigilance dans son alimentation, se dépenser, faire du sport. La question de l'encoprésie revu par le médecin psychiatre. Rapport de situation Olivier VITI Né le 00/00/0000 Admis sur le groupe de l'Origami le 15 juin 2009 Composition de sa famille : Parents : M. VITI Tristan, né le 00/00/0000 Me VITI Valentine, née le 00/00/0000 Enfants : Magalie VITI, née le 00/00/0000 Raphaëlle VITI, née le 00/00/0000 Olivier VITI, né le 00/00/0000 Victoire VITI, née le 00/00/0000 Inzée VITI, née le 00/00/0000 Valérie VITI, né le 00/00/0000 Elisa VITI, né le 00/00/0000 1. Problématique à l'admission : Les difficultés relationnelles entre Olivier et sa mère ont motivé le placement. Un recueil d'informations transmis par l'école de Desnos faisait état de comportement agressif régulier du jeune et des tenues vestimentaires pas adaptés pour la saison. Après investigation, des suspicions de maltraitance de la mère à l'égard d'Olivier, en lien avec une encoprésie massive du jeune, ont émergé. Après un accompagnement par la circonscription de Ville-Haute, Olivier a été placé à la MDEF, dans un premier temps, sur le groupe Tango en février 2008, puis au ABCD au foyer de l'Origami en Juin 2009. En concertation avec la famille, ce placement a été reconduit en juin 2010, puis en septembre 2011. Alors que les relations entre Me VITI et Olivier ont semblé s'améliorer en 2010, les conflits et les dysfonctionnements familiaux se sont déplacés vers les soeurs. La situation familiale s'est tellement dégradée qu'un signalement a été envoyé par la circonscription de Ville-Haute. Une audience a eu lieue, au cours de laquelle une décison de mesure en milieu ouvert d'une durée de six mois a été prononcée pour les enfants vivant au domicile. Parallèlement, le couple a annoncé leur séparation en mai 2011. Madame a pris un appartement sur Limoges dans un premier temps puis un logement à Mante proche du domicile familiale. Pendant cette période, Mme a pu bénéficier de temps d'hospitalisation et de soins en psychiatrie. Pendant une période, entre Septembre et Décembre, a été observée une alternance de présence et d'absence de Mme au domicile pendant les WE, venant interroger la question du divorce. Aujourd'hui, le couple semble avoir repris leur vie commune. 2. Evolution sur le groupe. Olivier a intégré le groupe en juin 2009. Nous pouvons dire qu'il est aujourd'hui dans une relation de confiance avec l'équipe. Pour autant, depuis notre précédent rapport, nous observons un jeune qui évolue difficilement tant il est inquiet par la situation familiale. Par exemple, il y a eu des retours de week-end où avertit par M. ou Me VITI, nous savions que le temps en famille avait été difficile. Les réactions se sont exprimées sous forme de tensions, d'inaccessibilité à la parole et une fois, des coups sur un autre jeune. Quelques fois rien ne transparaît, il rentre des week-ends sans nous alerter d' événement quelconque, puis au fil de la semaine, il explose. Il quitte la table en colère, il sort en dehors du groupe en soirée, il s'associe à d'autres dans des passages à l'acte (dégradation, fugues). Il faut attendre que les tensions baissent pour qu'il s'autorise à évoquer ce qui le travaille, l'envahit. Actuellement, il évoque surtout sa place dans sa famille et la singularité de son placement. Ce contexte est l'occasion de partager avec Olivier, par la mise en mot, sur sa place "d'enfant symptôme". Les multiples signalements indiquaient qu'il n'était pas responsable des différents dysfonctionnements mais qu'il en était victime. Ce constat est d'autant plus important car la victimisation est très présente dans le discours d'Olivier. Nous lui avons concédé que le statut de placement en recueil provisoire à la demande de la famille peut l'inquiéter. Même si ces parents ne l'ont jamais évoqué, ils peuvent changer d'avis et demander son retour au domicile ! Olivier a peur de cette éventualité. Nous l'avons invité à écrire au juge, mais Olivier ne sent pas encore prê.t, cependant parfois il dit qu'il voudrait lui écrire pour dire ses inquiétudes pour ses soeurs, il a plus de mal à investir cet espace pour lui. Il craint de décevoir son père . Par ailleurs, la victimisation est aussi un moyen de se disculper lorsqu'il est concerné dans un conflit ou dans une histoire. Olivier a été impliqué dans des situations assez inquiétantes : avec un autre jeune, ils ont mis la pression à une jeune pour obtenir des faveurs à tendance sexuelle, allant face au refus de la jeune fille, jusqu'à lui demander de l'argent en compensation. Dans une autre situation, à l'occasion "d'un jeu de guerre", Olivier avec d'autres garçons ont malmené et donné des coups à d'autres jeunes. Ils ont ainsi soumis un plus jeune en lui ordonnant de s'agenouiller sur une barre de fer. Dernièrement, nous avons retrouvé des armes factices projetant des billes plastiques. Il s'associe souvent aux autres pour jouer à des jeux de guerre, allant jusqu'à se provoquer des hématomes sur le corps. Revu au sujet de ces événements, Olivier tente de minimiser son implication, de nier les dénonciations des autres. Il finit, par dire, qu'il s'est laissé entrainer par le mouvement collectif et n'a pas réussi à résister à la pression liée à ce mouvement. Nous travaillons avec lui autour de sa responsabilisation de ses actes et les conséquences sur les autres. Nous tentons de faire des liens entre les violences qu'il a subies et qu'il peut par moment agir sur le groupe. Ainsi, nous observons sur le groupe un jeune qui donne l'apparence d'aller bien. Il cherche au maximum à paraître décontracté, accessible, avec de l'humour, mais qui, dans certains faits ou lors des relations duelles avec l'adulte, commence à déverser son mal-être. Il tente de maitriser au mieux sa situation. Il a une réelle volonté d'être apprécié des autres jeunes et des adultes. Les éducateurs remplaçants sont souvent surpris par sa sociabilité, ses expressions "ça va, je gère". Il tente de ne rien laisser paraître de ce qui pourrait l'inquiéter. Pourtant au moment où la "coupe est pleine", son agitation physique, sa coloration cutanée rouge et sa sudfation importante le trahissent quant à son état psychique. Olivier bénéficie d'une therapie depuis longtemps au CMPEA, qu'il investit favorablement, nous l'encourageons à s'appuyer sur cet espace de paroles pour tenter d'élaborer ce qui lui pose problème et ce qui l'envahit, il est également régulièrement reçu en entretien avec les éducateurs. Olivier a plutôt investi les temps du coucher. C'est un moment presque ritualisé où il peut s'épancher sur sa situation. Il est assez authentique. Nous observons son besoin d'attention, de considération et d'exclusivité avec l'adulte. 3. Prise en charge au quotidien Olivier est un jeune assez autonome. Il ne pose pas de problème à "proprement" parler d'hygiène. Il fait sa toilette régulièrement, change ses affaires. Pour autant son problème d'encoprésie persiste, et a des conséquences du fait du linge souillé dissimulé, ou jeté à la poubelle. Ce mode de défense est très inscrit et nous demande une présence contenante, non jugeante. Nous lui avons mis un cadre pour le préserver du regard des autres mais nous avons le sentiment qu'il y a une nécessité de toujours l'accompagner, de le soutenir. Ce cadre est à rappeler régulièrement. Au-delà de l'aspect organisationnel, ce symptôme inquiète par son sens et sa continuation. L'agressivité sur-contrôlée d'Olivier peut déborder et s'agir autrement comme les événements cités précédemment mais aussi par des mouvements d'humeurs explosifs. Ainsi, Olivier peut quitter le groupe précipitamment, rouge, en sueur sans raison apparente. Il faut attendre que la pression descende pour mettre en mots. Ce sont dans ces moments qu'Olivier se livre le plus sur l'ambiance familiale, sur le fait qu'il ne sent bien nul part : lorsqu'il est au foyer, il s'inquiète de ce qui se passe chez lui ; lorsqu'il est chez lui, il ne supporte pas l'ambiance conflictuelle. Olivier a investi sa chambre. Il a ramené beaucoup de ses objets personnels. Il a pu dire qu'il n'a pas vraiment de chambre chez lui, malgré les promesses de son père. Ainsi, il ramène des tableaux ou postes, des jeux et des jouets. Il s'est même installé un système audio de qualité pour écouter de la musique. Le rangement de sa chambre est, également soumis, à l'encoprésie. Etant dans la dissimulation, sa chambre peut devenir un capharnaüm lui permettant de cacher ses excréments. C'est pour cette raison qu'Olivier ne souhaite pas notre présence lorsqu'il fait du rangement. Nous en avons conscience et acceptons cet espace nécessaire à son intimité. Nous lui demandons régulièrement de la ranger et vérifions avec lui que son linge soit descendu régulièrement et séparé des étrons. Olivier s'exprime peu à ce sujet. Il reste très à l'écoute, dit que le cadre posé pour l'organisation du linge le soutient. Il a d'ailleurs dupliqué ces conseils auprès d'une de ses soeurs, qui a un symptôme identique. 4. L'environnement familial Nous percevons mieux aujourd'hui les conséquences des différents dysfonctionnements familiaux. Olivier est dans le constat des difficultés de sa mère, la déception du manque de position du père, le risque du placement de ses soeurs. Il a pu évoquer les inquiétudes pour ses soeurs au quotidien. L'annonce de l'audience en mars dernier a été un électrochoc. D'une part, il a été informé inopinément lors d'un entretien informel par les éducateurs et d'autre part il s'interrogeait sur la judiciarisation. Ainsi, il était partagé entre la protection de ses soeurs et le fait, en cas de placement, de ne plus voir ses soeurs aussi souvent. A plusieurs reprises, Olivier a pu exprimer son désir d'écrire au juge. Il veut dénoncer les brimades subis dans son enfance par sa mère pour en protéger ses soeurs. Quand nous lui posons la question de sa propre protection ? Olivier ne peut actuellement pas l'envisager car il a peur de la réaction du père. Lorsque sa soeur ainée Magalie a fait des signalements, Olivier a entendu et perçu un sentiment de trahison chez son père. Le conflit de loyauté est présent et participe à l'instabilité. Entretemps, les parents ont annoncé leur séparation. Olivier a été chagriné mais pas abattu. Cet événement donnait une place importante à M. VITI qui a pu évoquer à ses enfants "qu'il avait été aveugle et sourd à la souffrance de ses enfants". Toutefois, la séparation n'a pas été effective très longtemps car Me VITI était, d'après Olivier, souvent présente lors du week-end. Il a évoqué les stratégies d'évitement de conflits en se réfugiant dans sa chambre, ou en quittant le domicile pour aller visiter sa tante. Néanmoins, les conflits ont éclaté épisodiquement. En septembre dernier, Olivier est rentré en colère. Sa mère préparait une dictée avec une de ses soeurs. Elle a introduit dans une phrase qui contenait le mot monstre, le terme "monstre comme Olivier". Cette pique a été prononcée en présence du père qui n'a rien relevé. Olivier a été extrêmement en colère contre l'attaque de sa mère puis déçu de l'attitude fuyante de son père. Actuellement, Olivier reste un week-end par mois sur l'Origami. Nous avions envisagé l'arrêt en septembre mais au vue des événements et de l'ambiance, la question d'augmenter le nombre de week-end semble cohérent. Olivier est ambivalent dans ses demandes. Autant, il peut dire que le groupe est son espace sécurisant, autant, il ne peut pas envisager de s'extraire trop longtemps du domicile familial. Il a un besoin de vérifier ce qui se passe, d'assouvir ses inquiétudes. M. VITI appelle régulièrement sur le groupe. Il prend des nouvelles d'Olivier et donne des nouvelles de la famille. Ces appels ne sont pas anxiogènes et constituent un lien important pour Olivier. Olivier a fait la demande dernièrement que l'on organise des temps de week-end chez sa soeur ainée Magalie. Nous avons exploré le sens de la demande car nous voulions vérifier que les jeunes n'alimentaient pas leurs griefs contre leurs parents. Olivier a pu dire que c'était un désir de partager du temps avec sa soeur et le petit ami de celle-ci. Pour autant, il nous semblait important que ces accueils soient organisés sur un temps de week-end et en lien avec les parents. 5. La scolarité Olivier est scolarisé en 4eme au collège Portal à SAINT-PETITOT. Il est dans ce collège depuis septembre 2008. Le bulletin du premier trimestre et la rencontre avec son professeur principal est particulièrement alertant. Tous les enseignants notent la passivité, le manque de dynamisme en classe. Olivier est à l'écart avec un autre camarade, en difficulté également, du reste de la classe. Il participe pas verbalement en cours, semble ailleurs sans pour autant poser des problèmes de comportement. Olivier semble vouloir se faire oublier. Le travail personnel est à l'heure actuelle pas fait, pas rendu. Nous avions noté les difficultés auxquelles nous nous confrontions avec ses devoirs. Il n'était rien noté sur l'agenda, et il manquait souvent un livre, un cahier. Lors de l'entretien avec l'enseignant, Olivier semblait surpris de ces constats, ne pouvant pas clairement justifier son manque de travail. Par ailleurs, le professeur notait que les résultats ne permettraient pas d'envisager un passage en 3 eme en fonction des notes, mais en raison de l'âge. Il demande d'envisager une troisième du type DP 6 en sachant que les places sont restreintes et que le dossier insuffisant d'Olivier ne serait pas prioritaire. Olivier se ferme des portes en terme d'orientation. D'autant plus, que nous sommes convaincus de son fort potentiel. Est-ce une résistance aux injonctions scolaires comme le suggère l'enseignant ? Est-ce une question de confiance en soi ? Est-ce une question d'envahissement psychique ? Dans tous les cas de figures, Olivier est en échec et à besoin de se remobiliser dans cette espace qui lui ouvrira des perspectives d'avenir. La psychologue du ABCD va réaliser un bilan pour faire émerger son potentiel . Nous appuierons sur ce travail pour lui chercher des voies d'orientation parallèlement au travail mené avec les enseignants. Des cursus scolaires différents vont aussi être explorés du type MFR, ou apprentissage. 6. Santé Olivier est en bonne santé. C'est un garçon plutôt résistant aux maladies virales. Olivier peut toutefois s'interroger sur son poids. Il est plutôt de petite taille et a eu tendance à prendre de l'embonpoint cette année. Le pédiatre lui conseille d'être vigilant en période de croissance, de modérer la consommation de sucrerie et surtout de se dépenser physiquement. Par ailleurs, Olivier a interrogé également sur ses suées importantes. Le pédiatre lui a expliqué qu'il n'y avait rien à faire médicalement, mais qu'il pouvait en réduire les nuisances par la qualité de son linge et une hygiène régulière. Olivier a rencontré son médecin traitant au mois de novembre. Il se plaignait de problème d'endormissement. Il avait du mal à s'endormir ou se réveiller pendant la nuit. Il mettait en lien cette difficulté avec ses inquiétudes pour sa situation familiale. Le médecin traitant lui a prescris de l'euphytose. Le traitement a permis de le soulager. Un bilan ophtalmologique a été réalisé car Olivier se plaignait de maux de tête et de fatigue visuelle. Un port de lunettes de confort et un bilan orthoptiste ont été prescrits. Contrairement à l'année précédente, Olivier s'est autorisé à se plaindre de ses maux et à vouloir prendre soin de lui. 7. Relations Famille Dès lors que M. et Mme se sont séparés, nous leur avons ouverts des espaces de paroles séparés. M. a pu se mobilisé assez facilement, ce qui n'était pas le cas par le passé, du fait de son travail ? de sa fuite ? ou de l'empêchement de Mme ? En attendant lors des entretiens M. s'est montré plutôt ouvert à l'échange, préoccupé par ses enfants, il a même souvent été nécessaire de stopper les entretiens tellement M. pouvait se répandre. Mme a été reçu également, évoquant ses difficultés avec beaucoup de lucidité et notamment le bienfait des soins mis en place. Parallèlement, elle pouvait évoquer le vide d'être à distance des organisations familiales. A cette période, elle a pu entreprendre de travailler en tant qu'aide mènagère auprès de personnes âgées. Toutefois, elle pouvait quelque peu "jubiler" de l'embarras au qotidien auquel M. se trouvait confronté, au vu de l'organisation, comme dans une vengeance, voire une certaine jouissance, qu'il se rende compte de son quotidien à elle, annulant en quelque sorte sa problématique, et se positionnant comme victime. Elle semble avoir agie pour se rendre indispensable auprès de M. et regagner petit à petit sa place passée au domicile. La crise semble passée, en attendant la prochaine, c'est d'ailleurs ce qu'Olivier trahit dans ses agirs, au travers de ses inquiétudes du retour de sa mère et de la reprise de la vie commune comme avant. Ceci expose les enfants à une instabilité psychique permanente qui dépend étroitement de l'état psychique de Mme, et du positionnement de M. Une audience récente a permis d'ordonner le placement de deux nouvelles soeurs, si bien qu'aujourd'hui les quatre enfants ainés bénéficient d'une mesure de placement et les trois dernières d'une mesure éducative. Cependant, Olivier, unique garçon dans la fratrie, reste unique quant à son placement compte tenu que son accueil n'est pas sous le regard du Juge. Ceci peut amener des inquiétudes, dont on ne mesure pas l'impact voire les menaces qui le confrontent à sa mère 8. CONCLUSION Olivier a bientôt 15 ans, il est au ABCD depuis plus de 3 ans. Il a investit aisémant son placement d'autant que ses parents étaient favorables à son accueil. Toutefois, les dysfonctionnements familiaux massifs de cette année ont permis de démontrer qu'Olivier n'était pas responsable de ce qui se passait ainsi il est passé du satut d'enfant symptôme à celui d'un enfant issu d'une fratrie nombreuse, où la question des places de chacun est interrogée et plus particulièrement la question de la protection de chacun. Olivier a entendu que le fonctionnement maternel était interrogé, mais également celui du père, il a pu exprimé de la déception à son égard, M. étant tiraillé entre son devoir de père et sa place d'époux. Même si le placement permet d'offrir à Olivier un espace différencié et distancié de la problématique familiale, ce dernier ne réussit pas à l'apaiser complètement, en témoigne ses difficultés à se mobiliser scolairement. La judiciarisation, au même titre que ses soeurs permettrait au moins de le rassurer sur la pérénité de son accueil, et sur l'espace tiers pour les décisions qui le concernent. Rapport de situation Olivier VITI Né le 00/00/0000 Admis sur le groupe de l'Origami le 15 juin 2009 Composition de sa famille : Parents : M. VITI Tristan, né le 00/00/0000 Me VITI Valentine, née le 00/00/0000 Enfants : Magalie VITI, née le 00/00/0000 Raphaëlle VITI, née le 00/00/0000 Olivier VITI, né le 00/00/0000 Victoire VITI, née le 00/00/0000 Inzée VITI, née le 00/00/0000 Valérie VITI, né le 00/00/0000 Elisa VITI, né le 00/00/0000 1. Problématique à l'admission : Les difficultés relationnelles entre Olivier et sa mère ont motivé le placement. Un recueil d'informations transmis par l'école de Desnos faisait état de comportement agressif régulier du jeune et des tenues vestimentaires pas adaptés pour la saison. Après investigation, des suspicions de maltraitance de la mère à l'égard d'Olivier, en lien avec une encoprésie massive du jeune, ont émergé. Après un accompagnement par la circonscription de Ville-Haute, Olivier a été placé à la MDEF, dans un premier temps, sur le groupe Tango en février 2008, puis au ABCD au foyer de l'Origami en Juin 2009. En concertation avec la famille, ce placement a été reconduit en juin 2010, puis en septembre 2011. Alors que les relations entre Me VITI et Olivier ont semblé s'améliorer en 2010, les conflits et les dysfonctionnements familiaux se sont déplacés vers les soeurs. La situation familiale s'est tellement dégradée qu'un signalement a été envoyé par la circonscription de Ville-Haute. Une audience a eu lieue, au cours de laquelle une décison de mesure en milieu ouvert d'une durée de six mois a été prononcée pour les enfants vivant au domicile. Parallèlement, le couple a annoncé leur séparation en mai 2011. Madame a pris un appartement sur Limoges dans un premier temps puis un logement à Mante proche du domicile familiale. Pendant cette période, Mme a pu bénéficier de temps d'hospitalisation et de soins en psychiatrie. Pendant une période, entre Septembre et Décembre, a été observée une alternance de présence et d'absence de Mme au domicile pendant les WE, venant interroger la question du divorce. Aujourd'hui, le couple semble avoir repris leur vie commune. 2. Evolution sur le groupe. Olivier a intégré le groupe en juin 2009. Nous pouvons dire qu'il est aujourd'hui dans une relation de confiance avec l'équipe. Pour autant, depuis notre précédent rapport, nous observons un jeune qui évolue difficilement tant il est inquiet par la situation familiale. Par exemple, il y a eu des retours de week-end où avertit par M. ou Me VITI, nous savions que le temps en famille avait été difficile. Les réactions se sont exprimées sous forme de tensions, d'inaccessibilité à la parole et une fois, des coups sur un autre jeune. Quelques fois rien ne transparaît, il rentre des week-ends sans nous alerter d' événement quelconque, puis au fil de la semaine, il explose. Il quitte la table en colère, il sort en dehors du groupe en soirée, il s'associe à d'autres dans des passages à l'acte (dégradation, fugues). Il faut attendre que les tensions baissent pour qu'il s'autorise à évoquer ce qui le travaille, l'envahit. Actuellement, il évoque surtout sa place dans sa famille et la singularité de son placement. Ce contexte est l'occasion de partager avec Olivier, par la mise en mot, sur sa place "d'enfant symptôme". Les multiples signalements indiquaient qu'il n'était pas responsable des différents dysfonctionnements mais qu'il en était victime. Ce constat est d'autant plus important car la victimisation est très présente dans le discours d'Olivier. Nous lui avons concédé que le statut de placement en recueil provisoire à la demande de la famille peut l'inquiéter. Même si ces parents ne l'ont jamais évoqué, ils peuvent changer d'avis et demander son retour au domicile ! Olivier a peur de cette éventualité. Nous l'avons invité à écrire au juge, mais Olivier ne sent pas encore prê.t, cependant parfois il dit qu'il voudrait lui écrire pour dire ses inquiétudes pour ses soeurs, il a plus de mal à investir cet espace pour lui. Il craint de décevoir son père . Par ailleurs, la victimisation est aussi un moyen de se disculper lorsqu'il est concerné dans un conflit ou dans une histoire. Olivier a été impliqué dans des situations assez inquiétantes : avec un autre jeune, ils ont mis la pression à une jeune pour obtenir des faveurs à tendance sexuelle, allant face au refus de la jeune fille, jusqu'à lui demander de l'argent en compensation. Dans une autre situation, à l'occasion "d'un jeu de guerre", Olivier avec d'autres garçons ont malmené et donné des coups à d'autres jeunes. Ils ont ainsi soumis un plus jeune en lui ordonnant de s'agenouiller sur une barre de fer. Dernièrement, nous avons retrouvé des armes factices projetant des billes plastiques. Il s'associe souvent aux autres pour jouer à des jeux de guerre, allant jusqu'à se provoquer des hématomes sur le corps. Revu au sujet de ces événements, Olivier tente de minimiser son implication, de nier les dénonciations des autres. Il finit, par dire, qu'il s'est laissé entrainer par le mouvement collectif et n'a pas réussi à résister à la pression liée à ce mouvement. Nous travaillons avec lui autour de sa responsabilisation de ses actes et les conséquences sur les autres. Nous tentons de faire des liens entre les violences qu'il a subies et qu'il peut par moment agir sur le groupe. Ainsi, nous observons sur le groupe un jeune qui donne l'apparence d'aller bien. Il cherche au maximum à paraître décontracté, accessible, avec de l'humour, mais qui, dans certains faits ou lors des relations duelles avec l'adulte, commence à déverser son mal-être. Il tente de maitriser au mieux sa situation. Il a une réelle volonté d'être apprécié des autres jeunes et des adultes. Les éducateurs remplaçants sont souvent surpris par sa sociabilité, ses expressions "ça va, je gère". Il tente de ne rien laisser paraître de ce qui pourrait l'inquiéter. Pourtant au moment où la "coupe est pleine", son agitation physique, sa coloration cutanée rouge et sa sudfation importante le trahissent quant à son état psychique. Olivier bénéficie d'une therapie depuis longtemps au CMPEA, qu'il investit favorablement, nous l'encourageons à s'appuyer sur cet espace de paroles pour tenter d'élaborer ce qui lui pose problème et ce qui l'envahit, il est également régulièrement reçu en entretien avec les éducateurs. Olivier a plutôt investi les temps du coucher. C'est un moment presque ritualisé où il peut s'épancher sur sa situation. Il est assez authentique. Nous observons son besoin d'attention, de considération et d'exclusivité avec l'adulte. 3. Prise en charge au quotidien Olivier est un jeune assez autonome. Il ne pose pas de problème à "proprement" parler d'hygiène. Il fait sa toilette régulièrement, change ses affaires. Pour autant son problème d'encoprésie persiste, et a des conséquences du fait du linge souillé dissimulé, ou jeté à la poubelle. Ce mode de défense est très inscrit et nous demande une présence contenante, non jugeante. Nous lui avons mis un cadre pour le préserver du regard des autres mais nous avons le sentiment qu'il y a une nécessité de toujours l'accompagner, de le soutenir. Ce cadre est à rappeler régulièrement. Au-delà de l'aspect organisationnel, ce symptôme inquiète par son sens et sa continuation. L'agressivité sur-contrôlée d'Olivier peut déborder et s'agir autrement comme les événements cités précédemment mais aussi par des mouvements d'humeurs explosifs. Ainsi, Olivier peut quitter le groupe précipitamment, rouge, en sueur sans raison apparente. Il faut attendre que la pression descende pour mettre en mots. Ce sont dans ces moments qu'Olivier se livre le plus sur l'ambiance familiale, sur le fait qu'il ne sent bien nul part : lorsqu'il est au foyer, il s'inquiète de ce qui se passe chez lui ; lorsqu'il est chez lui, il ne supporte pas l'ambiance conflictuelle. Olivier a investi sa chambre. Il a ramené beaucoup de ses objets personnels. Il a pu dire qu'il n'a pas vraiment de chambre chez lui, malgré les promesses de son père. Ainsi, il ramène des tableaux ou postes, des jeux et des jouets. Il s'est même installé un système audio de qualité pour écouter de la musique. Le rangement de sa chambre est, également soumis, à l'encoprésie. Etant dans la dissimulation, sa chambre peut devenir un capharnaüm lui permettant de cacher ses excréments. C'est pour cette raison qu'Olivier ne souhaite pas notre présence lorsqu'il fait du rangement. Nous en avons conscience et acceptons cet espace nécessaire à son intimité. Nous lui demandons régulièrement de la ranger et vérifions avec lui que son linge soit descendu régulièrement et séparé des étrons. Olivier s'exprime peu à ce sujet. Il reste très à l'écoute, dit que le cadre posé pour l'organisation du linge le soutient. Il a d'ailleurs dupliqué ces conseils auprès d'une de ses soeurs, qui a un symptôme identique. 4. L'environnement familial Nous percevons mieux aujourd'hui les conséquences des différents dysfonctionnements familiaux. Olivier est dans le constat des difficultés de sa mère, la déception du manque de position du père, le risque du placement de ses soeurs. Il a pu évoquer les inquiétudes pour ses soeurs au quotidien. L'annonce de l'audience en mars dernier a été un électrochoc. D'une part, il a été informé inopinément lors d'un entretien informel par les éducateurs et d'autre part il s'interrogeait sur la judiciarisation. Ainsi, il était partagé entre la protection de ses soeurs et le fait, en cas de placement, de ne plus voir ses soeurs aussi souvent. A plusieurs reprises, Olivier a pu exprimer son désir d'écrire au juge. Il veut dénoncer les brimades subis dans son enfance par sa mère pour en protéger ses soeurs. Quand nous lui posons la question de sa propre protection ? Olivier ne peut actuellement pas l'envisager car il a peur de la réaction du père. Lorsque sa soeur ainée Magalie a fait des signalements, Olivier a entendu et perçu un sentiment de trahison chez son père. Le conflit de loyauté est présent et participe à l'instabilité. Entretemps, les parents ont annoncé leur séparation. Olivier a été chagriné mais pas abattu. Cet événement donnait une place importante à M. VITI qui a pu évoquer à ses enfants "qu'il avait été aveugle et sourd à la souffrance de ses enfants". Toutefois, la séparation n'a pas été effective très longtemps car Me VITI était, d'après Olivier, souvent présente lors du week-end. Il a évoqué les stratégies d'évitement de conflits en se réfugiant dans sa chambre, ou en quittant le domicile pour aller visiter sa tante. Néanmoins, les conflits ont éclaté épisodiquement. En septembre dernier, Olivier est rentré en colère. Sa mère préparait une dictée avec une de ses soeurs. Elle a introduit dans une phrase qui contenait le mot monstre, le terme "monstre comme Olivier". Cette pique a été prononcée en présence du père qui n'a rien relevé. Olivier a été extrêmement en colère contre l'attaque de sa mère puis déçu de l'attitude fuyante de son père. Actuellement, Olivier reste un week-end par mois sur l'Origami. Nous avions envisagé l'arrêt en septembre mais au vue des événements et de l'ambiance, la question d'augmenter le nombre de week-end semble cohérent. Olivier est ambivalent dans ses demandes. Autant, il peut dire que le groupe est son espace sécurisant, autant, il ne peut pas envisager de s'extraire trop longtemps du domicile familial. Il a un besoin de vérifier ce qui se passe, d'assouvir ses inquiétudes. M. VITI appelle régulièrement sur le groupe. Il prend des nouvelles d'Olivier et donne des nouvelles de la famille. Ces appels ne sont pas anxiogènes et constituent un lien important pour Olivier. Olivier a fait la demande dernièrement que l'on organise des temps de week-end chez sa soeur ainée Magalie. Nous avons exploré le sens de la demande car nous voulions vérifier que les jeunes n'alimentaient pas leurs griefs contre leurs parents. Olivier a pu dire que c'était un désir de partager du temps avec sa soeur et le petit ami de celle-ci. Pour autant, il nous semblait important que ces accueils soient organisés sur un temps de week-end et en lien avec les parents. 5. La scolarité Olivier est scolarisé en 4eme au collège Portal à SAINT-PETITOT. Il est dans ce collège depuis septembre 2008. Le bulletin du premier trimestre et la rencontre avec son professeur principal est particulièrement alertant. Tous les enseignants notent la passivité, le manque de dynamisme en classe. Olivier est à l'écart avec un autre camarade, en difficulté également, du reste de la classe. Il participe pas verbalement en cours, semble ailleurs sans pour autant poser des problèmes de comportement. Olivier semble vouloir se faire oublier. Le travail personnel est à l'heure actuelle pas fait, pas rendu. Nous avions noté les difficultés auxquelles nous nous confrontions avec ses devoirs. Il n'était rien noté sur l'agenda, et il manquait souvent un livre, un cahier. Lors de l'entretien avec l'enseignant, Olivier semblait surpris de ces constats, ne pouvant pas clairement justifier son manque de travail. Par ailleurs, le professeur notait que les résultats ne permettraient pas d'envisager un passage en 3 eme en fonction des notes, mais en raison de l'âge. Il demande d'envisager une troisième du type DP 6 en sachant que les places sont restreintes et que le dossier insuffisant d'Olivier ne serait pas prioritaire. Olivier se ferme des portes en terme d'orientation. D'autant plus, que nous sommes convaincus de son fort potentiel. Est-ce une résistance aux injonctions scolaires comme le suggère l'enseignant ? Est-ce une question de confiance en soi ? Est-ce une question d'envahissement psychique ? Dans tous les cas de figures, Olivier est en échec et à besoin de se remobiliser dans cette espace qui lui ouvrira des perspectives d'avenir. La psychologue du ABCD va réaliser un bilan pour faire émerger son potentiel . Nous appuierons sur ce travail pour lui chercher des voies d'orientation parallèlement au travail mené avec les enseignants. Des cursus scolaires différents vont aussi être explorés du type MFR, ou apprentissage. 6. Santé Olivier est en bonne santé. C'est un garçon plutôt résistant aux maladies virales. Olivier peut toutefois s'interroger sur son poids. Il est plutôt de petite taille et a eu tendance à prendre de l'embonpoint cette année. Le pédiatre lui conseille d'être vigilant en période de croissance, de modérer la consommation de sucrerie et surtout de se dépenser physiquement. Par ailleurs, Olivier a interrogé également sur ses suées importantes. Le pédiatre lui a expliqué qu'il n'y avait rien à faire médicalement, mais qu'il pouvait en réduire les nuisances par la qualité de son linge et une hygiène régulière. Olivier a rencontré son médecin traitant au mois de novembre. Il se plaignait de problème d'endormissement. Il avait du mal à s'endormir ou se réveiller pendant la nuit. Il mettait en lien cette difficulté avec ses inquiétudes pour sa situation familiale. Le médecin traitant lui a prescris de l'euphytose. Le traitement a permis de le soulager. Un bilan ophtalmologique a été réalisé car Olivier se plaignait de maux de tête et de fatigue visuelle. Un port de lunettes de confort et un bilan orthoptiste ont été prescrits. Contrairement à l'année précédente, Olivier s'est autorisé à se plaindre de ses maux et à vouloir prendre soin de lui. 7. Relations Famille Dès lors que M. et Mme se sont séparés, nous leur avons ouverts des espaces de paroles distincts. M. a pu se mobiliser assez facilement, ce qui n'était pas le cas par le passé, du fait de son travail ? de sa fuite ? ou de l'empêchement de Mme ? En attendant lors des entretiens M. s'est montré plutôt ouvert à l'échange, préoccupé par ses enfants, il a même souvent été nécessaire de stopper les entretiens tellement M. pouvait se répandre. Mme a été reçue également, évoquant ses difficultés avec beaucoup de lucidité et notamment le bienfait des soins mis en place. Parallèlement, elle pouvait évoquer le vide d'être à distance des organisations familiales. A cette période, elle a pu entreprendre de travailler en tant qu'aide mènagère auprès de personnes âgées. Toutefois, elle pouvait quelque peu "jubiler" de l'embarras au quotidien auquel M. se trouvait confronté, au vu de l'organisation, comme dans une vengeance, voire une certaine jouissance, qu'il se rende compte de son quotidien à elle, annulant en quelque sorte sa problématique, et se positionnant comme victime. Elle semble avoir agie pour se rendre indispensable auprès de M. et regagner petit à petit sa place passée au domicile. La crise semble passée, en attendant la prochaine, c'est d'ailleurs ce qu'Olivier trahit dans ses agirs, au travers de ses inquiétudes du retour de sa mère et de la reprise de la vie commune comme avant. Ceci expose les enfants à une instabilité psychique permanente qui dépend étroitement de l'état psychique de Mme, et du positionnement de M. Une audience récente a permis d'ordonner le placement de deux nouvelles soeurs, si bien qu'aujourd'hui les quatre enfants ainés bénéficient d'une mesure de placement et les trois dernières d'une mesure éducative en milieu ouvert. Cependant, Olivier, unique garçon dans la fratrie, reste unique quant à son placement compte tenu que son accueil n'est pas sous le regard du Juge. Ceci peut amener des inquiétudes, dont on ne mesure pas l'impact voire les menaces qui le confrontent à sa mère 8. CONCLUSION Olivier a bientôt 15 ans, il est au ABCD depuis plus de 3 ans. Il a investit aisémant son placement d'autant que ses parents étaient favorables à son accueil. Toutefois, les dysfonctionnements familiaux massifs de cette année ont permis de démontrer qu'Olivier n'était pas responsable de ce qui se passait, ainsi il est passé du satut d'enfant symptôme à celui d'un enfant issu d'une fratrie nombreuse, où la question des places de chacun est interrogée et plus particulièrement la question de la protection de chacun. Olivier a entendu que le fonctionnement maternel était interrogé, mais également celui du père, il a pu exprimé de la déception à son égard, M. étant tiraillé entre son devoir de père et sa place d'époux. Même si le placement permet d'offrir à Olivier un espace différencié et distancié de la problématique familiale, ce dernier ne réussit pas à l'apaiser complètement, en témoigne ses difficultés à se mobiliser scolairement, mais aussi cette agressivité contenue qui se manifeste par de l'encoprésie récurrente. La judiciarisation, au même titre que ses soeurs permettrait au moins de le rassurer sur la pérénité de son accueil, et sur l'espace tiers pour les décisions qui le concernent. Le placement reste nécessaire à sa construction et pour sa protection. Pierre PETITJEAN et Valérie DUFIER éducateur référent Chef de Service Rapport de situation Olivier VITI Né le 00/00/0000 Admis sur le groupe de l'Origami le 15 juin 2009 Composition de sa famille : Parents : M. VITI Tristan, né le 00/00/0000 Me VITI Valentine, née le 00/00/0000 Enfants : Magalie VITI, née le 00/00/0000 Raphaëlle VITI, née le 00/00/0000 Olivier VITI, né le 00/00/0000 Victoire VITI, née le 00/00/0000 Inzée VITI, née le 00/00/0000 Valérie VITI, né le 00/00/0000 Elisa VITI, né le 00/00/0000 1. Problématique à l'admission : Les difficultés relationnelles entre Olivier et sa mère ont motivé le placement. Un recueil d'informations transmis par l'école de Desnos faisait état de comportement agressif régulier du jeune et des tenues vestimentaires pas adaptés pour la saison. Après investigation, des suspicions de maltraitance de la mère à l'égard d'Olivier, en lien avec une encoprésie massive du jeune, ont émergé. Après un accompagnement par la circonscription de Ville-Haute, Olivier a été placé à la MDEF, dans un premier temps, sur le groupe Tango en février 2008, puis au ABCD au foyer de l'Origami en Juin 2009. En concertation avec la famille, ce placement a été reconduit en juin 2010, puis en septembre 2011. Alors que les relations entre Me VITI et Olivier ont semblé s'améliorer en 2010, les conflits et les dysfonctionnements familiaux se sont déplacés vers les soeurs. La situation familiale s'est tellement dégradée qu'un signalement a été envoyé par la circonscription de Ville-Haute. Une audience a eu lieue, au cours de laquelle une décison de mesure en milieu ouvert d'une durée de six mois a été prononcée pour les enfants vivant au domicile. Parallèlement, le couple a annoncé leur séparation en mai 2011. Madame a pris un appartement sur Limoges dans un premier temps puis un logement à Mante proche du domicile familiale. Pendant cette période, Mme a pu bénéficier de temps d'hospitalisation et de soins en psychiatrie. Pendant une période, entre Septembre et Décembre, a été observée une alternance de présence et d'absence de Mme au domicile pendant les WE, venant interroger la question du divorce. Aujourd'hui, le couple semble avoir repris leur vie commune. 2. Evolution sur le groupe. Olivier a intégré le groupe en juin 2009. Nous pouvons dire qu'il est aujourd'hui dans une relation de confiance avec l'équipe. Pour autant, depuis notre précédent rapport, nous observons un jeune qui évolue difficilement tant il est inquiet par la situation familiale. Par exemple, il y a eu des retours de week-end où avertit par M. ou Me VITI, nous savions que le temps en famille avait été difficile. Les réactions se sont exprimées sous forme de tensions, d'inaccessibilité à la parole et une fois, des coups sur un autre jeune. Quelques fois rien ne transparaît, il rentre des week-ends sans nous alerter d' événement quelconque, puis au fil de la semaine, il explose. Il quitte la table en colère, il sort en dehors du groupe en soirée, il s'associe à d'autres dans des passages à l'acte (dégradation, fugues). Il faut attendre que les tensions baissent pour qu'il s'autorise à évoquer ce qui le travaille, l'envahit. Actuellement, il évoque surtout sa place dans sa famille et la singularité de son placement. Ce contexte est l'occasion de partager avec Olivier, par la mise en mot, sur sa place "d'enfant symptôme". Les multiples signalements indiquaient qu'il n'était pas responsable des différents dysfonctionnements mais qu'il en était victime. Ce constat est d'autant plus important car la victimisation est très présente dans le discours d'Olivier. Nous lui avons concédé que le statut de placement en recueil provisoire à la demande de la famille peut l'inquiéter. Même si ces parents ne l'ont jamais évoqué, ils peuvent changer d'avis et demander son retour au domicile ! Olivier a peur de cette éventualité. Nous l'avons invité à écrire au juge, mais Olivier ne sent pas encore prê.t, cependant parfois il dit qu'il voudrait lui écrire pour dire ses inquiétudes pour ses soeurs, il a plus de mal à investir cet espace pour lui. Il craint de décevoir son père . Par ailleurs, la victimisation est aussi un moyen de se disculper lorsqu'il est concerné dans un conflit ou dans une histoire. Olivier a été impliqué dans des situations assez inquiétantes : avec un autre jeune, ils ont mis la pression à une jeune pour obtenir des faveurs à tendance sexuelle, allant face au refus de la jeune fille, jusqu'à lui demander de l'argent en compensation. Dans une autre situation, à l'occasion "d'un jeu de guerre", Olivier avec d'autres garçons ont malmené et donné des coups à d'autres jeunes. Ils ont ainsi soumis un plus jeune en lui ordonnant de s'agenouiller sur une barre de fer. Dernièrement, nous avons retrouvé des armes factices projetant des billes plastiques. Il s'associe souvent aux autres pour jouer à des jeux de guerre, allant jusqu'à se provoquer des hématomes sur le corps. Revu au sujet de ces événements, Olivier tente de minimiser son implication, de nier les dénonciations des autres. Il finit, par dire, qu'il s'est laissé entrainer par le mouvement collectif et n'a pas réussi à résister à la pression liée à ce mouvement. Nous travaillons avec lui autour de sa responsabilisation de ses actes et les conséquences sur les autres. Nous tentons de faire des liens entre les violences qu'il a subies et qu'il peut par moment agir sur le groupe. Ainsi, nous observons sur le groupe un jeune qui donne l'apparence d'aller bien. Il cherche au maximum à paraître décontracté, accessible, avec de l'humour, mais qui, dans certains faits ou lors des relations duelles avec l'adulte, commence à déverser son mal-être. Il tente de maitriser au mieux sa situation. Il a une réelle volonté d'être apprécié des autres jeunes et des adultes. Les éducateurs remplaçants sont souvent surpris par sa sociabilité, ses expressions "ça va, je gère". Il tente de ne rien laisser paraître de ce qui pourrait l'inquiéter. Pourtant au moment où la "coupe est pleine", son agitation physique, sa coloration cutanée rouge et sa sudfation importante le trahissent quant à son état psychique. Olivier bénéficie d'une therapie depuis longtemps au CMPEA, qu'il investit favorablement, nous l'encourageons à s'appuyer sur cet espace de paroles pour tenter d'élaborer ce qui lui pose problème et ce qui l'envahit, il est également régulièrement reçu en entretien avec les éducateurs. Olivier a plutôt investi les temps du coucher. C'est un moment presque ritualisé où il peut s'épancher sur sa situation. Il est assez authentique. Nous observons son besoin d'attention, de considération et d'exclusivité avec l'adulte. 3. Prise en charge au quotidien Olivier est un jeune assez autonome. Il ne pose pas de problème à "proprement" parler d'hygiène. Il fait sa toilette régulièrement, change ses affaires. Pour autant son problème d'encoprésie persiste, et a des conséquences du fait du linge souillé dissimulé, ou jeté à la poubelle. Ce mode de défense est très inscrit et nous demande une présence contenante, non jugeante. Nous lui avons mis un cadre pour le préserver du regard des autres mais nous avons le sentiment qu'il y a une nécessité de toujours l'accompagner, de le soutenir. Ce cadre est à rappeler régulièrement. Au-delà de l'aspect organisationnel, ce symptôme inquiète par son sens et sa continuation. L'agressivité sur-contrôlée d'Olivier peut déborder et s'agir autrement comme les événements cités précédemment mais aussi par des mouvements d'humeurs explosifs. Ainsi, Olivier peut quitter le groupe précipitamment, rouge, en sueur sans raison apparente. Il faut attendre que la pression descende pour mettre en mots. Ce sont dans ces moments qu'Olivier se livre le plus sur l'ambiance familiale, sur le fait qu'il ne sent bien nul part : lorsqu'il est au foyer, il s'inquiète de ce qui se passe chez lui ; lorsqu'il est chez lui, il ne supporte pas l'ambiance conflictuelle. Olivier a investi sa chambre. Il a ramené beaucoup de ses objets personnels. Il a pu dire qu'il n'a pas vraiment de chambre chez lui, malgré les promesses de son père. Ainsi, il ramène des tableaux ou postes, des jeux et des jouets. Il s'est même installé un système audio de qualité pour écouter de la musique. Le rangement de sa chambre est, également soumis, à l'encoprésie. Etant dans la dissimulation, sa chambre peut devenir un capharnaüm lui permettant de cacher ses excréments. C'est pour cette raison qu'Olivier ne souhaite pas notre présence lorsqu'il fait du rangement. Nous en avons conscience et acceptons cet espace nécessaire à son intimité. Nous lui demandons régulièrement de la ranger et vérifions avec lui que son linge soit descendu régulièrement et séparé des étrons. Olivier s'exprime peu à ce sujet. Il reste très à l'écoute, dit que le cadre posé pour l'organisation du linge le soutient. Il a d'ailleurs dupliqué ces conseils auprès d'une de ses soeurs, qui a un symptôme identique. 4. L'environnement familial Nous percevons mieux aujourd'hui les conséquences des différents dysfonctionnements familiaux. Olivier est dans le constat des difficultés de sa mère, la déception du manque de position du père, le risque du placement de ses soeurs. Il a pu évoquer les inquiétudes pour ses soeurs au quotidien. L'annonce de l'audience en mars dernier a été un électrochoc. D'une part, il a été informé inopinément lors d'un entretien informel par les éducateurs et d'autre part il s'interrogeait sur la judiciarisation. Ainsi, il était partagé entre la protection de ses soeurs et le fait, en cas de placement, de ne plus voir ses soeurs aussi souvent. A plusieurs reprises, Olivier a pu exprimer son désir d'écrire au juge. Il veut dénoncer les brimades subis dans son enfance par sa mère pour en protéger ses soeurs. Quand nous lui posons la question de sa propre protection ? Olivier ne peut actuellement pas l'envisager car il a peur de la réaction du père. Lorsque sa soeur ainée Magalie a fait des signalements, Olivier a entendu et perçu un sentiment de trahison chez son père. Le conflit de loyauté est présent et participe à l'instabilité. Entretemps, les parents ont annoncé leur séparation. Olivier a été chagriné mais pas abattu. Cet événement donnait une place importante à M. VITI qui a pu évoquer à ses enfants "qu'il avait été aveugle et sourd à la souffrance de ses enfants". Toutefois, la séparation n'a pas été effective très longtemps car Me VITI était, d'après Olivier, souvent présente lors du week-end. Il a évoqué les stratégies d'évitement de conflits en se réfugiant dans sa chambre, ou en quittant le domicile pour aller visiter sa tante. Néanmoins, les conflits ont éclaté épisodiquement. En septembre dernier, Olivier est rentré en colère. Sa mère préparait une dictée avec une de ses soeurs. Elle a introduit dans une phrase qui contenait le mot monstre, le terme "monstre comme Olivier". Cette pique a été prononcée en présence du père qui n'a rien relevé. Olivier a été extrêmement en colère contre l'attaque de sa mère puis déçu de l'attitude fuyante de son père. Actuellement, Olivier reste un week-end par mois sur l'Origami. Nous avions envisagé l'arrêt en septembre mais au vue des événements et de l'ambiance, la question d'augmenter le nombre de week-end semble cohérent. Olivier est ambivalent dans ses demandes. Autant, il peut dire que le groupe est son espace sécurisant, autant, il ne peut pas envisager de s'extraire trop longtemps du domicile familial. Il a un besoin de vérifier ce qui se passe, d'assouvir ses inquiétudes. M. VITI appelle régulièrement sur le groupe. Il prend des nouvelles d'Olivier et donne des nouvelles de la famille. Ces appels ne sont pas anxiogènes et constituent un lien important pour Olivier. Olivier a fait la demande dernièrement que l'on organise des temps de week-end chez sa soeur ainée Magalie. Nous avons exploré le sens de la demande car nous voulions vérifier que les jeunes n'alimentaient pas leurs griefs contre leurs parents. Olivier a pu dire que c'était un désir de partager du temps avec sa soeur et le petit ami de celle-ci. Pour autant, il nous semblait important que ces accueils soient organisés sur un temps de week-end et en lien avec les parents. 5. La scolarité Olivier est scolarisé en 4eme au collège Portal à SAINT-PETITOT. Il est dans ce collège depuis septembre 2008. Le bulletin du premier trimestre et la rencontre avec son professeur principal est particulièrement alertant. Tous les enseignants notent la passivité, le manque de dynamisme en classe. Olivier est à l'écart avec un autre camarade, en difficulté également, du reste de la classe. Il participe pas verbalement en cours, semble ailleurs sans pour autant poser des problèmes de comportement. Olivier semble vouloir se faire oublier. Le travail personnel est à l'heure actuelle pas fait, pas rendu. Nous avions noté les difficultés auxquelles nous nous confrontions avec ses devoirs. Il n'était rien noté sur l'agenda, et il manquait souvent un livre, un cahier. Lors de l'entretien avec l'enseignant, Olivier semblait surpris de ces constats, ne pouvant pas clairement justifier son manque de travail. Par ailleurs, le professeur notait que les résultats ne permettraient pas d'envisager un passage en 3 eme en fonction des notes, mais en raison de l'âge. Il demande d'envisager une troisième du type DP 6 en sachant que les places sont restreintes et que le dossier insuffisant d'Olivier ne serait pas prioritaire. Olivier se ferme des portes en terme d'orientation. D'autant plus, que nous sommes convaincus de son fort potentiel. Est-ce une résistance aux injonctions scolaires comme le suggère l'enseignant ? Est-ce une question de confiance en soi ? Est-ce une question d'envahissement psychique ? Dans tous les cas de figures, Olivier est en échec et à besoin de se remobiliser dans cette espace qui lui ouvrira des perspectives d'avenir. La psychologue du ABCD va réaliser un bilan pour faire émerger son potentiel . Nous appuierons sur ce travail pour lui chercher des voies d'orientation parallèlement au travail mené avec les enseignants. Des cursus scolaires différents vont aussi être explorés du type MFR, ou apprentissage. 6. Santé Olivier est en bonne santé. C'est un garçon plutôt résistant aux maladies virales. Olivier peut toutefois s'interroger sur son poids. Il est plutôt de petite taille et a eu tendance à prendre de l'embonpoint cette année. Le pédiatre lui conseille d'être vigilant en période de croissance, de modérer la consommation de sucrerie et surtout de se dépenser physiquement. Par ailleurs, Olivier a interrogé également sur ses suées importantes. Le pédiatre lui a expliqué qu'il n'y avait rien à faire médicalement, mais qu'il pouvait en réduire les nuisances par la qualité de son linge et une hygiène régulière. Olivier a rencontré son médecin traitant au mois de novembre. Il se plaignait de problème d'endormissement. Il avait du mal à s'endormir ou se réveiller pendant la nuit. Il mettait en lien cette difficulté avec ses inquiétudes pour sa situation familiale. Le médecin traitant lui a prescris de l'euphytose. Le traitement a permis de le soulager. Un bilan ophtalmologique a été réalisé car Olivier se plaignait de maux de tête et de fatigue visuelle. Un port de lunettes de confort et un bilan orthoptiste ont été prescrits. Contrairement à l'année précédente, Olivier s'est autorisé à se plaindre de ses maux et à vouloir prendre soin de lui. 7. Relations Famille Dès lors que M. et Mme se sont séparés, nous leur avons ouverts des espaces de paroles distincts. M. a pu se mobiliser assez facilement, ce qui n'était pas le cas par le passé, du fait de son travail ? de sa fuite ? ou de l'empêchement de Mme ? En attendant lors des entretiens M. s'est montré plutôt ouvert à l'échange, préoccupé par ses enfants, il a même souvent été nécessaire de stopper les entretiens tellement M. pouvait se répandre. Mme a été reçue également, évoquant ses difficultés avec beaucoup de lucidité et notamment le bienfait des soins mis en place. Parallèlement, elle pouvait évoquer le vide d'être à distance des organisations familiales. A cette période, elle a pu entreprendre de travailler en tant qu'aide mènagère auprès de personnes âgées. Toutefois, elle pouvait quelque peu "jubiler" de l'embarras au qotidien auquel M. se trouvait confronté, au vu de l'organisation, comme dans une vengeance, voire une certaine jouissance, qu'il se rende compte de son quotidien à elle, annulant en quelque sorte sa problématique, et se positionnant comme victime. Elle semble avoir agie pour se rendre indispensable auprès de M. et regagner petit à petit sa place passée au domicile. La crise semble passée, en attendant la prochaine, c'est d'ailleurs ce qu'Olivier trahit dans ses agirs, au travers de ses inquiétudes du retour de sa mère et de la reprise de la vie commune comme avant. Ceci expose les enfants à une instabilité psychique permanente qui dépend étroitement de l'état psychique de Mme, et du positionnement de M. Une audience récente a permis d'ordonner le placement de deux nouvelles soeurs, si bien qu'aujourd'hui les quatre enfants ainés bénéficient d'une mesure de placement et les trois dernières d'une mesure éducative en milieu ouvert. Cependant, Olivier, unique garçon dans la fratrie, reste unique quant à son placement compte tenu que son accueil n'est pas sous le regard du Juge. Ceci peut amener des inquiétudes, dont on ne mesure pas l'impact voire les menaces qui le confrontent à sa mère. 8. CONCLUSION Olivier a bientôt 15 ans, il est au ABCD depuis plus de 3 ans. Il a investit aisémant son placement d'autant que ses parents étaient favorables à son accueil. Toutefois, les dysfonctionnements familiaux massifs de cette année ont permis de démontrer qu'Olivier n'était pas responsable de ce qui se passait ainsi il est passé du satut d'enfant symptôme à celui d'un enfant issu d'une fratrie nombreuse, où la question des places de chacun est interrogée et plus particulièrement la question de la protection de chacun. Olivier a entendu que le fonctionnement maternel était interrogé, mais également celui du père, il a pu exprimé de la déception à son égard, M. étant tiraillé entre son devoir de père et sa place d'époux. Même si le placement permet d'offrir à Olivier un espace différencié et distancié de la problématique familiale, ce dernier ne réussit pas à l'apaiser complètement, en témoigne ses difficultés à se mobiliser scolairement, et son agressivité contenue du fait de l'encoprésie récurrente. La judiciarisation, au même titre que ses soeurs permettrait au moins de le rassurer sur la pérénité de son accueil, et sur l'espace tiers pour les décisions qui le concernent. Le placement reste nécessaire pour sa construction de sujet et pour garantir sa protection. Pierre PETITJEAN et Valérie DUFIER éducateur réfrent chef de service Rapport de situation Olivier VITI Né le 00/00/0000 Admis sur le groupe de l'Origami le 15 juin 2009 Composition de sa famille : Parents : M. VITI Tristan, né le 00/00/0000 Me VITI Valentine, née le 00/00/0000 Enfants : Magalie VITI, née le 00/00/0000 Raphaëlle VITI, née le 00/00/0000 Olivier VITI, né le 00/00/0000 Victoire VITI, née le 00/00/0000 Inzée VITI, née le 00/00/0000 Valérie VITI, né le 00/00/0000 Elisa VITI, né le 00/00/0000 1. Problématique à l'admission : Les difficultés relationnelles entre Olivier et sa mère ont motivé le placement. Un recueil d'informations transmis par l'école de Desnos faisait état de comportement agressif régulier du jeune et des tenues vestimentaires pas adaptés pour la saison. Après investigation, des suspicions de maltraitance de la mère à l'égard d'Olivier, en lien avec une encoprésie massive du jeune, ont émergé. Après un accompagnement par la circonscription de Ville-Haute, Olivier a été placé à la MDEF, dans un premier temps, sur le groupe Tango en février 2008, puis au ABCD au foyer de l'Origami en Juin 2009. En concertation avec la famille, ce placement a été reconduit en juin 2010, puis en septembre 2011. Alors que les relations entre Me VITI et Olivier ont semblé s'améliorer en 2010, les conflits et les dysfonctionnements familiaux se sont déplacés vers les soeurs. La situation familiale s'est tellement dégradée qu'un signalement a été envoyé par la circonscription de Ville-Haute. Une audience a eu lieue, au cours de laquelle une décison de mesure en milieu ouvert d'une durée de six mois a été prononcée pour les enfants vivant au domicile. Parallèlement, le couple a annoncé leur séparation en mai 2011. Madame a pris un appartement sur Limoges dans un premier temps puis un logement à Mante proche du domicile familiale. Pendant cette période, Mme a pu bénéficier de temps d'hospitalisation et de soins en psychiatrie. Pendant une période, entre Septembre et Décembre, a été observée une alternance de présence et d'absence de Mme au domicile pendant les WE, venant interroger la question du divorce. Aujourd'hui, le couple semble avoir repris leur vie commune. 2. Evolution sur le groupe. Olivier a intégré le groupe en juin 2009. Nous pouvons dire qu'il est aujourd'hui dans une relation de confiance avec l'équipe. Pour autant, depuis notre précédent rapport, nous observons un jeune qui évolue difficilement tant il est inquiet par la situation familiale. Par exemple, il y a eu des retours de week-end où avertit par M. ou Me VITI, nous savions que le temps en famille avait été difficile. Les réactions se sont exprimées sous forme de tensions, d'inaccessibilité à la parole et une fois, des coups sur un autre jeune. Quelques fois rien ne transparaît, il rentre des week-ends sans nous alerter d' événement quelconque, puis au fil de la semaine, il explose. Il quitte la table en colère, il sort en dehors du groupe en soirée, il s'associe à d'autres dans des passages à l'acte (dégradation, fugues). Il faut attendre que les tensions baissent pour qu'il s'autorise à évoquer ce qui le travaille, l'envahit. Actuellement, il évoque surtout sa place dans sa famille et la singularité de son placement. Ce contexte est l'occasion de partager avec Olivier, par la mise en mot, sur sa place "d'enfant symptôme". Les multiples signalements indiquaient qu'il n'était pas responsable des différents dysfonctionnements mais qu'il en était victime. Ce constat est d'autant plus important car la victimisation est très présente dans le discours d'Olivier. Nous lui avons concédé que le statut de placement en recueil provisoire à la demande de la famille peut l'inquiéter. Même si ces parents ne l'ont jamais évoqué, ils peuvent changer d'avis et demander son retour au domicile ! Olivier a peur de cette éventualité. Nous l'avons invité à écrire au juge, mais Olivier ne sent pas encore prê.t, cependant parfois il dit qu'il voudrait lui écrire pour dire ses inquiétudes pour ses soeurs, il a plus de mal à investir cet espace pour lui. Il craint de décevoir son père . Par ailleurs, la victimisation est aussi un moyen de se disculper lorsqu'il est concerné dans un conflit ou dans une histoire. Olivier a été impliqué dans des situations assez inquiétantes : avec un autre jeune, ils ont mis la pression à une jeune pour obtenir des faveurs à tendance sexuelle, allant face au refus de la jeune fille, jusqu'à lui demander de l'argent en compensation. Dans une autre situation, à l'occasion "d'un jeu de guerre", Olivier avec d'autres garçons ont malmené et donné des coups à d'autres jeunes. Ils ont ainsi soumis un plus jeune en lui ordonnant de s'agenouiller sur une barre de fer. Dernièrement, nous avons retrouvé des armes factices projetant des billes plastiques. Il s'associe souvent aux autres pour jouer à des jeux de guerre, allant jusqu'à se provoquer des hématomes sur le corps. Revu au sujet de ces événements, Olivier tente de minimiser son implication, de nier les dénonciations des autres. Il finit, par dire, qu'il s'est laissé entrainer par le mouvement collectif et n'a pas réussi à résister à la pression liée à ce mouvement. Nous travaillons avec lui autour de sa responsabilisation de ses actes et les conséquences sur les autres. Nous tentons de faire des liens entre les violences qu'il a subies et qu'il peut par moment agir sur le groupe. Ainsi, nous observons sur le groupe un jeune qui donne l'apparence d'aller bien. Il cherche au maximum à paraître décontracté, accessible, avec de l'humour, mais qui, dans certains faits ou lors des relations duelles avec l'adulte, commence à déverser son mal-être. Il tente de maitriser au mieux sa situation. Il a une réelle volonté d'être apprécié des autres jeunes et des adultes. Les éducateurs remplaçants sont souvent surpris par sa sociabilité, ses expressions "ça va, je gère". Il tente de ne rien laisser paraître de ce qui pourrait l'inquiéter. Pourtant au moment où la "coupe est pleine", son agitation physique, sa coloration cutanée rouge et sa sudfation importante le trahissent quant à son état psychique. Olivier bénéficie d'une therapie depuis longtemps au CMPEA, qu'il investit favorablement, nous l'encourageons à s'appuyer sur cet espace de paroles pour tenter d'élaborer ce qui lui pose problème et ce qui l'envahit, il est également régulièrement reçu en entretien avec les éducateurs. Olivier a plutôt investi les temps du coucher. C'est un moment presque ritualisé où il peut s'épancher sur sa situation. Il est assez authentique. Nous observons son besoin d'attention, de considération et d'exclusivité avec l'adulte. 3. Prise en charge au quotidien Olivier est un jeune assez autonome. Il ne pose pas de problème à "proprement" parler d'hygiène. Il fait sa toilette régulièrement, change ses affaires. Pour autant son problème d'encoprésie persiste, et a des conséquences du fait du linge souillé dissimulé, ou jeté à la poubelle. Ce mode de défense est très inscrit et nous demande une présence contenante, non jugeante. Nous lui avons mis un cadre pour le préserver du regard des autres mais nous avons le sentiment qu'il y a une nécessité de toujours l'accompagner, de le soutenir. Ce cadre est à rappeler régulièrement. Au-delà de l'aspect organisationnel, ce symptôme inquiète par son sens et sa continuation. L'agressivité sur-contrôlée d'Olivier peut déborder et s'agir autrement comme les événements cités précédemment mais aussi par des mouvements d'humeurs explosifs. Ainsi, Olivier peut quitter le groupe précipitamment, rouge, en sueur sans raison apparente. Il faut attendre que la pression descende pour mettre en mots. Ce sont dans ces moments qu'Olivier se livre le plus sur l'ambiance familiale, sur le fait qu'il ne sent bien nul part : lorsqu'il est au foyer, il s'inquiète de ce qui se passe chez lui ; lorsqu'il est chez lui, il ne supporte pas l'ambiance conflictuelle. Olivier a investi sa chambre. Il a ramené beaucoup de ses objets personnels. Il a pu dire qu'il n'a pas vraiment de chambre chez lui, malgré les promesses de son père. Ainsi, il ramène des tableaux ou postes, des jeux et des jouets. Il s'est même installé un système audio de qualité pour écouter de la musique. Le rangement de sa chambre est, également soumis, à l'encoprésie. Etant dans la dissimulation, sa chambre peut devenir un capharnaüm lui permettant de cacher ses excréments. C'est pour cette raison qu'Olivier ne souhaite pas notre présence lorsqu'il fait du rangement. Nous en avons conscience et acceptons cet espace nécessaire à son intimité. Nous lui demandons régulièrement de la ranger et vérifions avec lui que son linge soit descendu régulièrement et séparé des étrons. Olivier s'exprime peu à ce sujet. Il reste très à l'écoute, dit que le cadre posé pour l'organisation du linge le soutient. Il a d'ailleurs dupliqué ces conseils auprès d'une de ses soeurs, qui a un symptôme identique. 4. L'environnement familial Nous percevons mieux aujourd'hui les conséquences des différents dysfonctionnements familiaux. Olivier est dans le constat des difficultés de sa mère, la déception du manque de position du père, le risque du placement de ses soeurs. Il a pu évoquer les inquiétudes pour ses soeurs au quotidien. L'annonce de l'audience en mars dernier a été un électrochoc. D'une part, il a été informé inopinément lors d'un entretien informel par les éducateurs et d'autre part il s'interrogeait sur la judiciarisation. Ainsi, il était partagé entre la protection de ses soeurs et le fait, en cas de placement, de ne plus voir ses soeurs aussi souvent. A plusieurs reprises, Olivier a pu exprimer son désir d'écrire au juge. Il veut dénoncer les brimades subis dans son enfance par sa mère pour en protéger ses soeurs. Quand nous lui posons la question de sa propre protection ? Olivier ne peut actuellement pas l'envisager car il a peur de la réaction du père. Lorsque sa soeur ainée Magalie a fait des signalements, Olivier a entendu et perçu un sentiment de trahison chez son père. Le conflit de loyauté est présent et participe à l'instabilité. Entretemps, les parents ont annoncé leur séparation. Olivier a été chagriné mais pas abattu. Cet événement donnait une place importante à M. VITI qui a pu évoquer à ses enfants "qu'il avait été aveugle et sourd à la souffrance de ses enfants". Toutefois, la séparation n'a pas été effective très longtemps car Me VITI était, d'après Olivier, souvent présente lors du week-end. Il a évoqué les stratégies d'évitement de conflits en se réfugiant dans sa chambre, ou en quittant le domicile pour aller visiter sa tante. Néanmoins, les conflits ont éclaté épisodiquement. En septembre dernier, Olivier est rentré en colère. Sa mère préparait une dictée avec une de ses soeurs. Elle a introduit dans une phrase qui contenait le mot monstre, le terme "monstre comme Olivier". Cette pique a été prononcée en présence du père qui n'a rien relevé. Olivier a été extrêmement en colère contre l'attaque de sa mère puis déçu de l'attitude fuyante de son père. Actuellement, Olivier reste un week-end par mois sur l'Origami. Nous avions envisagé l'arrêt en septembre mais au vue des événements et de l'ambiance, la question d'augmenter le nombre de week-end semble cohérent. Olivier est ambivalent dans ses demandes. Autant, il peut dire que le groupe est son espace sécurisant, autant, il ne peut pas envisager de s'extraire trop longtemps du domicile familial. Il a un besoin de vérifier ce qui se passe, d'assouvir ses inquiétudes. M. VITI appelle régulièrement sur le groupe. Il prend des nouvelles d'Olivier et donne des nouvelles de la famille. Ces appels ne sont pas anxiogènes et constituent un lien important pour Olivier. Olivier a fait la demande dernièrement que l'on organise des temps de week-end chez sa soeur ainée Magalie. Nous avons exploré le sens de la demande car nous voulions vérifier que les jeunes n'alimentaient pas leurs griefs contre leurs parents. Olivier a pu dire que c'était un désir de partager du temps avec sa soeur et le petit ami de celle-ci. Pour autant, il nous semblait important que ces accueils soient organisés sur un temps de week-end et en lien avec les parents. 5. La scolarité Olivier est scolarisé en 4eme au collège Portal à SAINT-PETITOT. Il est dans ce collège depuis septembre 2008. Le bulletin du premier trimestre et la rencontre avec son professeur principal est particulièrement alertant. Tous les enseignants notent la passivité, le manque de dynamisme en classe. Olivier est à l'écart avec un autre camarade, en difficulté également, du reste de la classe. Il participe pas verbalement en cours, semble ailleurs sans pour autant poser des problèmes de comportement. Olivier semble vouloir se faire oublier. Le travail personnel est à l'heure actuelle pas fait, pas rendu. Nous avions noté les difficultés auxquelles nous nous confrontions avec ses devoirs. Il n'était rien noté sur l'agenda, et il manquait souvent un livre, un cahier. Lors de l'entretien avec l'enseignant, Olivier semblait surpris de ces constats, ne pouvant pas clairement justifier son manque de travail. Par ailleurs, le professeur notait que les résultats ne permettraient pas d'envisager un passage en 3 eme en fonction des notes, mais en raison de l'âge. Il demande d'envisager une troisième du type DP 6 en sachant que les places sont restreintes et que le dossier insuffisant d'Olivier ne serait pas prioritaire. Olivier se ferme des portes en terme d'orientation. D'autant plus, que nous sommes convaincus de son fort potentiel. Est-ce une résistance aux injonctions scolaires comme le suggère l'enseignant ? Est-ce une question de confiance en soi ? Est-ce une question d'envahissement psychique ? Dans tous les cas de figures, Olivier est en échec et à besoin de se remobiliser dans cette espace qui lui ouvrira des perspectives d'avenir. La psychologue du ABCD va réaliser un bilan pour faire émerger son potentiel . Nous appuierons sur ce travail pour lui chercher des voies d'orientation parallèlement au travail mené avec les enseignants. Des cursus scolaires différents vont aussi être explorés du type MFR, ou apprentissage. 6. Santé Olivier est en bonne santé. C'est un garçon plutôt résistant aux maladies virales. Olivier peut toutefois s'interroger sur son poids. Il est plutôt de petite taille et a eu tendance à prendre de l'embonpoint cette année. Le pédiatre lui conseille d'être vigilant en période de croissance, de modérer la consommation de sucrerie et surtout de se dépenser physiquement. Par ailleurs, Olivier a interrogé également sur ses suées importantes. Le pédiatre lui a expliqué qu'il n'y avait rien à faire médicalement, mais qu'il pouvait en réduire les nuisances par la qualité de son linge et une hygiène régulière. Olivier a rencontré son médecin traitant au mois de novembre. Il se plaignait de problème d'endormissement. Il avait du mal à s'endormir ou se réveiller pendant la nuit. Il mettait en lien cette difficulté avec ses inquiétudes pour sa situation familiale. Le médecin traitant lui a prescris de l'euphytose. Le traitement a permis de le soulager. Un bilan ophtalmologique a été réalisé car Olivier se plaignait de maux de tête et de fatigue visuelle. Un port de lunettes de confort et un bilan orthoptiste ont été prescrits. Contrairement à l'année précédente, Olivier s'est autorisé à se plaindre de ses maux et à vouloir prendre soin de lui. 7. Relations Famille Dès lors que M. et Mme se sont séparés, nous leur avons ouverts des espaces de paroles séparés. M. a pu se mobilisé assez facilement, ce qui n'était pas le cas par le passé, du fait de son travail ? de sa fuite ? ou de l'empêchement de Mme ? En attendant lors des entretiens M. s'est montré plutôt ouvert à l'échange, préoccupé par ses enfants, il a même souvent été nécessaire de stopper les entretiens tellement M. pouvait se répandre. Mme a été reçu également, évoquant ses difficultés avec beaucoup de lucidité et notamment le bienfait des soins mis en place. Parallèlement, elle pouvait évoquer le vide d'être à distance des organisations familiales. A cette période, elle a pu entreprendre de travailler en tant qu'aide mènagère auprès de personnes âgées. Toutefois, elle pouvait quelque peu "jubiler" de l'embarras au qotidien auquel M. se trouvait confronté, au vu de l'organisation, comme dans une vengeance, voire une certaine jouissance, qu'il se rende compte de son quotidien à elle, annulant en quelque sorte sa problématique, et se positionnant comme victime. Elle semble avoir agie pour se rendre indispensable auprès de M. et regagner petit à petit sa place passée au domicile. La crise semble passée, en attendant la prochaine, c'est d'ailleurs ce qu'Olivier trahit dans ses agirs, au travers de ses inquiétudes du retour de sa mère et de la reprise de la vie commune comme avant. Ceci expose les enfants à une instabilité psychique permanente qui dépend étroitement de l'état psychique de Mme, et du positionnement de M. Une audience récente a permis d'ordonner le placement de deux nouvelles soeurs, si bien qu'aujourd'hui les quatre enfants ainés bénéficient d'une mesure de placement et les trois dernières d'une mesure éducative. Cependant, Olivier, unique garçon dans la fratrie, reste unique quant à son placement compte tenu que son accueil n'est pas sous le regard du Juge. Ceci peut amener des inquiétudes, dont on ne mesure pas l'impact voire les menaces qui le confrontent à sa mère 8. CONCLUSION Olivier a bientôt 15 ans, il est au ABCD depuis plus de 3 ans. Il a investit aisémant son placement d'autant que ses parents étaient favorables à son accueil. Toutefois, les dysfonctionnements familiaux massifs de cette année ont permis de démontrer qu'Olivier n'était pas responsable de ce qui se passait ainsi il est passé du satut d'enfant symptôme à celui d'un enfant issu d'une fratrie nombreuse, où la question des places de chacun est interrogée et plus particulièrement la question de la protection de chacun. Olivier a entendu que le fonctionnement maternel était interrogé, mais également celui du père, il a pu exprimé de la déception à son égard, M. étant tiraillé entre son devoir de père et sa place d'époux. Même si le placement permet d'offrir à Olivier un espace différencié et distancié de la problématique familiale, ce dernier ne réussit pas à l'apaiser complètement, en témoigne ses difficultés à se mobiliser scolairement, et son agressivité contenue du fait de l'encoprésie récurrente. La judiciarisation, au même titre que ses soeurs permettrait au moins de le rassurer sur la pérénité de son accueil, et sur l'espace tiers pour les décisions qui le concernent. Le placement reste nécessaire pour sa construction de sujet et pour garantir sa protection. Pierre PETITJEAN et Valérie DUFIER éducateur réfrent chef de service Rapport de situation Olivier VITI Né le 00/00/0000 Admis sur le groupe de l'Origami le 15 juin 2009 Composition de sa famille : Parents : M. VITI Tristan, né le 00/00/0000 Me VITI Valentine, née le 00/00/0000 Enfants : Magalie VITI, née le 00/00/0000 Raphaëlle VITI, née le 00/00/0000 Olivier VITI, né le 00/00/0000 Victoire VITI, née le 00/00/0000 Inzée VITI, née le 00/00/0000 Valérie VITI, né le 00/00/0000 Elisa VITI, né le 00/00/0000 1. Problématique à l'admission : Les difficultés relationnelles entre Olivier et sa mère ont motivé le placement. Un recueil d'informations transmis par l'école de Desnos faisait état de comportement agressif régulier du jeune et des tenues vestimentaires pas adaptés pour la saison. Après investigation, des suspicions de maltraitance de la mère à l'égard d'Olivier, en lien avec une encoprésie massive du jeune, ont émergé. Après un accompagnement par la circonscription de Ville-Haute, Olivier a été placé à la MDEF, dans un premier temps, sur le groupe Tango en février 2008, puis au ABCD au foyer de l'Origami en Juin 2009. En concertation avec la famille, ce placement a été reconduit en juin 2010, puis en septembre 2011. Alors que les relations entre Me VITI et Olivier ont semblé s'améliorer en 2010, les conflits et les dysfonctionnements familiaux se sont déplacés vers les soeurs. La situation familiale s'est tellement dégradée qu'un signalement a été envoyé par la circonscription de Ville-Haute. Une audience a eu lieue, au cours de laquelle une décison de mesure en milieu ouvert d'une durée de six mois a été prononcée pour les enfants vivant au domicile. Parallèlement, le couple a annoncé leur séparation en mai 2011. Madame a pris un appartement sur Limoges dans un premier temps puis un logement à Mante proche du domicile familiale. Pendant cette période, Mme a pu bénéficier de temps d'hospitalisation et de soins en psychiatrie. Pendant une période, entre Septembre et Décembre, a été observée une alternance de présence et d'absence de Mme au domicile pendant les WE, venant interroger la question du divorce. Aujourd'hui, le couple semble avoir repris leur vie commune. 2. Evolution sur le groupe. Olivier a intégré le groupe en juin 2009. Nous pouvons dire qu'il est aujourd'hui dans une relation de confiance avec l'équipe. Pour autant, depuis notre précédent rapport, nous observons un jeune qui évolue difficilement tant il est inquiet par la situation familiale. Par exemple, il y a eu des retours de week-end où avertit par M. ou Me VITI, nous savions que le temps en famille avait été difficile. Les réactions se sont exprimées sous forme de tensions, d'inaccessibilité à la parole et une fois, des coups sur un autre jeune. Quelques fois rien ne transparaît, il rentre des week-ends sans nous alerter d' événement quelconque, puis au fil de la semaine, il explose. Il quitte la table en colère, il sort en dehors du groupe en soirée, il s'associe à d'autres dans des passages à l'acte (dégradation, fugues). Il faut attendre que les tensions baissent pour qu'il s'autorise à évoquer ce qui le travaille, l'envahit. Actuellement, il évoque surtout sa place dans sa famille et la singularité de son placement. Ce contexte est l'occasion de partager avec Olivier, par la mise en mot, sur sa place "d'enfant symptôme". Les multiples signalements indiquaient qu'il n'était pas responsable des différents dysfonctionnements mais qu'il en était victime. Ce constat est d'autant plus important car la victimisation est très présente dans le discours d'Olivier. Nous lui avons concédé que le statut de placement en recueil provisoire à la demande de la famille peut l'inquiéter. Même si ces parents ne l'ont jamais évoqué, ils peuvent changer d'avis et demander son retour au domicile ! Olivier a peur de cette éventualité. Nous l'avons invité à écrire au juge, mais Olivier ne sent pas encore prê.t, cependant parfois il dit qu'il voudrait lui écrire pour dire ses inquiétudes pour ses soeurs, il a plus de mal à investir cet espace pour lui. Il craint de décevoir son père . Par ailleurs, la victimisation est aussi un moyen de se disculper lorsqu'il est concerné dans un conflit ou dans une histoire. Olivier a été impliqué dans des situations assez inquiétantes : avec un autre jeune, ils ont mis la pression à une jeune pour obtenir des faveurs à tendance sexuelle, allant face au refus de la jeune fille, jusqu'à lui demander de l'argent en compensation. Dans une autre situation, à l'occasion "d'un jeu de guerre", Olivier avec d'autres garçons ont malmené et donné des coups à d'autres jeunes. Ils ont ainsi soumis un plus jeune en lui ordonnant de s'agenouiller sur une barre de fer. Dernièrement, nous avons retrouvé des armes factices projetant des billes plastiques. Il s'associe souvent aux autres pour jouer à des jeux de guerre, allant jusqu'à se provoquer des hématomes sur le corps. Revu au sujet de ces événements, Olivier tente de minimiser son implication, de nier les dénonciations des autres. Il finit, par dire, qu'il s'est laissé entrainer par le mouvement collectif et n'a pas réussi à résister à la pression liée à ce mouvement. Nous travaillons avec lui autour de sa responsabilisation de ses actes et les conséquences sur les autres. Nous tentons de faire des liens entre les violences qu'il a subies et qu'il peut par moment agir sur le groupe. Ainsi, nous observons sur le groupe un jeune qui donne l'apparence d'aller bien. Il cherche au maximum à paraître décontracté, accessible, avec de l'humour, mais qui, dans certains faits ou lors des relations duelles avec l'adulte, commence à déverser son mal-être. Il tente de maitriser au mieux sa situation. Il a une réelle volonté d'être apprécié des autres jeunes et des adultes. Les éducateurs remplaçants sont souvent surpris par sa sociabilité, ses expressions "ça va, je gère". Il tente de ne rien laisser paraître de ce qui pourrait l'inquiéter. Pourtant au moment où la "coupe est pleine", son agitation physique, sa coloration cutanée rouge et sa sudfation importante le trahissent quant à son état psychique. Olivier bénéficie d'une therapie depuis longtemps au CMPEA, qu'il investit favorablement, nous l'encourageons à s'appuyer sur cet espace de paroles pour tenter d'élaborer ce qui lui pose problème et ce qui l'envahit, il est également régulièrement reçu en entretien avec les éducateurs. Olivier a plutôt investi les temps du coucher. C'est un moment presque ritualisé où il peut s'épancher sur sa situation. Il est assez authentique. Nous observons son besoin d'attention, de considération et d'exclusivité avec l'adulte. 3. Prise en charge au quotidien Olivier est un jeune assez autonome. Il ne pose pas de problème à "proprement" parler d'hygiène. Il fait sa toilette régulièrement, change ses affaires. Pour autant son problème d'encoprésie persiste, et a des conséquences du fait du linge souillé dissimulé, ou jeté à la poubelle. Ce mode de défense est très inscrit et nous demande une présence contenante, non jugeante. Nous lui avons mis un cadre pour le préserver du regard des autres mais nous avons le sentiment qu'il y a une nécessité de toujours l'accompagner, de le soutenir. Ce cadre est à rappeler régulièrement. Au-delà de l'aspect organisationnel, ce symptôme inquiète par son sens et sa continuation. L'agressivité sur-contrôlée d'Olivier peut déborder et s'agir autrement comme les événements cités précédemment mais aussi par des mouvements d'humeurs explosifs. Ainsi, Olivier peut quitter le groupe précipitamment, rouge, en sueur sans raison apparente. Il faut attendre que la pression descende pour mettre en mots. Ce sont dans ces moments qu'Olivier se livre le plus sur l'ambiance familiale, sur le fait qu'il ne sent bien nul part : lorsqu'il est au foyer, il s'inquiète de ce qui se passe chez lui ; lorsqu'il est chez lui, il ne supporte pas l'ambiance conflictuelle. Olivier a investi sa chambre. Il a ramené beaucoup de ses objets personnels. Il a pu dire qu'il n'a pas vraiment de chambre chez lui, malgré les promesses de son père. Ainsi, il ramène des tableaux ou postes, des jeux et des jouets. Il s'est même installé un système audio de qualité pour écouter de la musique. Le rangement de sa chambre est, également soumis, à l'encoprésie. Etant dans la dissimulation, sa chambre peut devenir un capharnaüm lui permettant de cacher ses excréments. C'est pour cette raison qu'Olivier ne souhaite pas notre présence lorsqu'il fait du rangement. Nous en avons conscience et acceptons cet espace nécessaire à son intimité. Nous lui demandons régulièrement de la ranger et vérifions avec lui que son linge soit descendu régulièrement et séparé des étrons. Olivier s'exprime peu à ce sujet. Il reste très à l'écoute, dit que le cadre posé pour l'organisation du linge le soutient. Il a d'ailleurs dupliqué ces conseils auprès d'une de ses soeurs, qui a un symptôme identique. 4. L'environnement familial Nous percevons mieux aujourd'hui les conséquences des différents dysfonctionnements familiaux. Olivier est dans le constat des difficultés de sa mère, la déception du manque de position du père, le risque du placement de ses soeurs. Il a pu évoquer les inquiétudes pour ses soeurs au quotidien. L'annonce de l'audience en mars dernier a été un électrochoc. D'une part, il a été informé inopinément lors d'un entretien informel par les éducateurs et d'autre part il s'interrogeait sur la judiciarisation. Ainsi, il était partagé entre la protection de ses soeurs et le fait, en cas de placement, de ne plus voir ses soeurs aussi souvent. A plusieurs reprises, Olivier a pu exprimer son désir d'écrire au juge. Il veut dénoncer les brimades subis dans son enfance par sa mère pour en protéger ses soeurs. Quand nous lui posons la question de sa propre protection ? Olivier ne peut actuellement pas l'envisager car il a peur de la réaction du père. Lorsque sa soeur ainée Magalie a fait des signalements, Olivier a entendu et perçu un sentiment de trahison chez son père. Le conflit de loyauté est présent et participe à l'instabilité. Entretemps, les parents ont annoncé leur séparation. Olivier a été chagriné mais pas abattu. Cet événement donnait une place importante à M. VITI qui a pu évoquer à ses enfants "qu'il avait été aveugle et sourd à la souffrance de ses enfants". Toutefois, la séparation n'a pas été effective très longtemps car Me VITI était, d'après Olivier, souvent présente lors du week-end. Il a évoqué les stratégies d'évitement de conflits en se réfugiant dans sa chambre, ou en quittant le domicile pour aller visiter sa tante. Néanmoins, les conflits ont éclaté épisodiquement. En septembre dernier, Olivier est rentré en colère. Sa mère préparait une dictée avec une de ses soeurs. Elle a introduit dans une phrase qui contenait le mot monstre, le terme "monstre comme Olivier". Cette pique a été prononcée en présence du père qui n'a rien relevé. Olivier a été extrêmement en colère contre l'attaque de sa mère puis déçu de l'attitude fuyante de son père. Actuellement, Olivier reste un week-end par mois sur l'Origami. Nous avions envisagé l'arrêt en septembre mais au vue des événements et de l'ambiance, la question d'augmenter le nombre de week-end semble cohérent. Olivier est ambivalent dans ses demandes. Autant, il peut dire que le groupe est son espace sécurisant, autant, il ne peut pas envisager de s'extraire trop longtemps du domicile familial. Il a un besoin de vérifier ce qui se passe, d'assouvir ses inquiétudes. M. VITI appelle régulièrement sur le groupe. Il prend des nouvelles d'Olivier et donne des nouvelles de la famille. Ces appels ne sont pas anxiogènes et constituent un lien important pour Olivier. Olivier a fait la demande dernièrement que l'on organise des temps de week-end chez sa soeur ainée Magalie. Nous avons exploré le sens de la demande car nous voulions vérifier que les jeunes n'alimentaient pas leurs griefs contre leurs parents. Olivier a pu dire que c'était un désir de partager du temps avec sa soeur et le petit ami de celle-ci. Pour autant, il nous semblait important que ces accueils soient organisés sur un temps de week-end et en lien avec les parents. 5. La scolarité Olivier est scolarisé en 4eme au collège Portal à SAINT-PETITOT. Il est dans ce collège depuis septembre 2008. Le bulletin du premier trimestre et la rencontre avec son professeur principal est particulièrement alertant. Tous les enseignants notent la passivité, le manque de dynamisme en classe. Olivier est à l'écart avec un autre camarade, en difficulté également, du reste de la classe. Il participe pas verbalement en cours, semble ailleurs sans pour autant poser des problèmes de comportement. Olivier semble vouloir se faire oublier. Le travail personnel est à l'heure actuelle pas fait, pas rendu. Nous avions noté les difficultés auxquelles nous nous confrontions avec ses devoirs. Il n'était rien noté sur l'agenda, et il manquait souvent un livre, un cahier. Lors de l'entretien avec l'enseignant, Olivier semblait surpris de ces constats, ne pouvant pas clairement justifier son manque de travail. Par ailleurs, le professeur notait que les résultats ne permettraient pas d'envisager un passage en 3 eme en fonction des notes, mais en raison de l'âge. Il demande d'envisager une troisième du type DP 6 en sachant que les places sont restreintes et que le dossier insuffisant d'Olivier ne serait pas prioritaire. Olivier se ferme des portes en terme d'orientation. D'autant plus, que nous sommes convaincus de son fort potentiel. Est-ce une résistance aux injonctions scolaires comme le suggère l'enseignant ? Est-ce une question de confiance en soi ? Est-ce une question d'envahissement psychique ? Dans tous les cas de figures, Olivier est en échec et à besoin de se remobiliser dans cette espace qui lui ouvrira des perspectives d'avenir. La psychologue du ABCD va réaliser un bilan pour faire émerger son potentiel . Nous appuierons sur ce travail pour lui chercher des voies d'orientation parallèlement au travail mené avec les enseignants. Des cursus scolaires différents vont aussi être explorés du type MFR, ou apprentissage. 6. Santé Olivier est en bonne santé. C'est un garçon plutôt résistant aux maladies virales. Olivier peut toutefois s'interroger sur son poids. Il est plutôt de petite taille et a eu tendance à prendre de l'embonpoint cette année. Le pédiatre lui conseille d'être vigilant en période de croissance, de modérer la consommation de sucrerie et surtout de se dépenser physiquement. Par ailleurs, Olivier a interrogé également sur ses suées importantes. Le pédiatre lui a expliqué qu'il n'y avait rien à faire médicalement, mais qu'il pouvait en réduire les nuisances par la qualité de son linge et une hygiène régulière. Olivier a rencontré son médecin traitant au mois de novembre. Il se plaignait de problème d'endormissement. Il avait du mal à s'endormir ou se réveiller pendant la nuit. Il mettait en lien cette difficulté avec ses inquiétudes pour sa situation familiale. Le médecin traitant lui a prescris de l'euphytose. Le traitement a permis de le soulager. Un bilan ophtalmologique a été réalisé car Olivier se plaignait de maux de tête et de fatigue visuelle. Un port de lunettes de confort et un bilan orthoptiste ont été prescrits. Contrairement à l'année précédente, Olivier s'est autorisé à se plaindre de ses maux et à vouloir prendre soin de lui. 7. Relations Famille Dès lors que M. et Mme se sont séparés, nous leur avons ouverts des espaces de paroles distincts. M. a pu se mobiliser assez facilement, ce qui n'était pas le cas par le passé, du fait de son travail ? de sa fuite ? ou de l'empêchement de Mme ? En attendant lors des entretiens M. s'est montré plutôt ouvert à l'échange, préoccupé par ses enfants, il a même souvent été nécessaire de stopper les entretiens tellement M. pouvait se répandre. Mme a été reçue également, évoquant ses difficultés avec beaucoup de lucidité et notamment le bienfait des soins mis en place. Parallèlement, elle pouvait évoquer le vide d'être à distance des organisations familiales. A cette période, elle a pu entreprendre de travailler en tant qu'aide mènagère auprès de personnes âgées. Toutefois, elle pouvait quelque peu "jubiler" de l'embarras au qotidien auquel M. se trouvait confronté, au vu de l'organisation, comme dans une vengeance, voire une certaine jouissance, qu'il se rende compte de son quotidien à elle, annulant en quelque sorte sa problématique, et se positionnant comme victime. Elle semble avoir agie pour se rendre indispensable auprès de M. et regagner petit à petit sa place passée au domicile. La crise semble passée, en attendant la prochaine, c'est d'ailleurs ce qu'Olivier trahit dans ses agirs, au travers de ses inquiétudes du retour de sa mère et de la reprise de la vie commune comme avant. Ceci expose les enfants à une instabilité psychique permanente qui dépend étroitement de l'état psychique de Mme, et du positionnement de M. Une audience récente a permis d'ordonner le placement de deux nouvelles soeurs, si bien qu'aujourd'hui les quatre enfants ainés bénéficient d'une mesure de placement et les trois dernières d'une mesure éducative en milieu ouvert. Cependant, Olivier, unique garçon dans la fratrie, reste unique quant à son placement compte tenu que son accueil n'est pas sous le regard du Juge. Ceci peut amener des inquiétudes, dont on ne mesure pas l'impact voire les menaces qui le confrontent à sa mère. 8. CONCLUSION Olivier a bientôt 15 ans, il est au ABCD depuis plus de 3 ans. Il a investit aisémant son placement d'autant que ses parents étaient favorables à son accueil. Toutefois, les dysfonctionnements familiaux massifs de cette année ont permis de démontrer qu'Olivier n'était pas responsable de ce qui se passait ainsi il est passé du satut d'enfant symptôme à celui d'un enfant issu d'une fratrie nombreuse, où la question des places de chacun est interrogée et plus particulièrement la question de la protection de chacun. Olivier a entendu que le fonctionnement maternel était interrogé, mais également celui du père, il a pu exprimé de la déception à son égard, M. étant tiraillé entre son devoir de père et sa place d'époux. Même si le placement permet d'offrir à Olivier un espace différencié et distancié de la problématique familiale, ce dernier ne réussit pas à l'apaiser complètement, en témoigne ses difficultés à se mobiliser scolairement, et son agressivité contenue du fait de l'encoprésie récurrente. La judiciarisation, au même titre que ses soeurs permettrait au moins de le rassurer sur la pérénité de son accueil, et sur l'espace tiers pour les décisions qui le concernent. Le placement reste nécessaire pour sa construction de sujet et pour garantir sa protection. Pierre PETITJEAN et Valérie DUFIER éducateur réfrent chef de service Rapport de situation Olivier VITI Né le 00/00/0000 Admis sur le groupe de l'Origami le 15 juin 2009 Composition de sa famille : Parents : M. VITI Tristan, né le 00/00/0000 Me VITI Valentine, née le 00/00/0000 Enfants : Magalie VITI, née le 00/00/0000 Raphaëlle VITI, née le 00/00/0000 Olivier VITI, né le 00/00/0000 Victoire VITI, née le 00/00/0000 Inzée VITI, née le 00/00/0000 Valérie VITI, né le 00/00/0000 Elisa VITI, né le 00/00/0000 1. Problématique à l'admission : Les difficultés relationnelles entre Olivier et sa mère ont motivé le placement. Un recueil d'informations transmis par l'école de Desnos faisait état de comportement agressif régulier du jeune et des tenues vestimentaires pas adaptés pour la saison. Après investigation, des suspicions de maltraitance de la mère à l'égard d'Olivier, en lien avec une encoprésie massive du jeune, ont émergé. Après un accompagnement par la circonscription de Ville-Haute, Olivier a été placé à la MDEF, dans un premier temps, sur le groupe Tango en février 2008, puis au ABCD au foyer de l'Origami en Juin 2009. En concertation avec la famille, ce placement a été reconduit en juin 2010, puis en septembre 2011. Alors que les relations entre Me VITI et Olivier ont semblé s'améliorer en 2010, les conflits et les dysfonctionnements familiaux se sont déplacés vers les soeurs. La situation familiale s'est tellement dégradée qu'un signalement a été envoyé par la circonscription de Ville-Haute. Une audience a eu lieue, au cours de laquelle une décison de mesure en milieu ouvert d'une durée de six mois a été prononcée pour les enfants vivant au domicile. Parallèlement, le couple a annoncé leur séparation en mai 2011. Madame a pris un appartement sur Limoges dans un premier temps puis un logement à Mante proche du domicile familiale. Pendant cette période, Mme a pu bénéficier de temps d'hospitalisation et de soins en psychiatrie. Pendant une période, entre Septembre et Décembre, a été observée une alternance de présence et d'absence de Mme au domicile pendant les WE, venant interroger la question du divorce. Aujourd'hui, le couple semble avoir repris leur vie commune. 2. Evolution sur le groupe. Olivier a intégré le groupe en juin 2009. Nous pouvons dire qu'il est aujourd'hui dans une relation de confiance avec l'équipe. Pour autant, depuis notre précédent rapport, nous observons un jeune qui évolue difficilement tant il est inquiet par la situation familiale. Par exemple, il y a eu des retours de week-end où avertit par M. ou Me VITI, nous savions que le temps en famille avait été difficile. Les réactions se sont exprimées sous forme de tensions, d'inaccessibilité à la parole et une fois, des coups sur un autre jeune. Quelques fois rien ne transparaît, il rentre des week-ends sans nous alerter d' événement quelconque, puis au fil de la semaine, il explose. Il quitte la table en colère, il sort en dehors du groupe en soirée, il s'associe à d'autres dans des passages à l'acte (dégradation, fugues). Il faut attendre que les tensions baissent pour qu'il s'autorise à évoquer ce qui le travaille, l'envahit. Actuellement, il évoque surtout sa place dans sa famille et la singularité de son placement. Ce contexte est l'occasion de partager avec Olivier, par la mise en mot, sur sa place "d'enfant symptôme". Les multiples signalements indiquaient qu'il n'était pas responsable des différents dysfonctionnements mais qu'il en était victime. Ce constat est d'autant plus important car la victimisation est très présente dans le discours d'Olivier. Nous lui avons concédé que le statut de placement en recueil provisoire à la demande de la famille peut l'inquiéter. Même si ses parents ne l'ont jamais évoqué, ils peuvent changer d'avis et demander son retour au domicile ! Olivier a peur de cette éventualité. Nous l'avons invité à écrire au juge, mais Olivier ne sent pas encore prê.t, cependant parfois il dit qu'il voudrait lui écrire pour dire ses inquiétudes pour ses soeurs, il a plus de mal à investir cet espace pour lui. Il craint de décevoir son père . Par ailleurs, la victimisation est aussi un moyen de se disculper lorsqu'il est concerné dans un conflit ou dans une histoire. Olivier a été impliqué dans des situations assez inquiétantes : avec un autre jeune, ils ont mis la pression à une jeune pour obtenir des faveurs à tendance sexuelle, allant face au refus de la jeune fille, jusqu'à lui demander de l'argent en compensation. Dans une autre situation, à l'occasion "d'un jeu de guerre", Olivier avec d'autres garçons ont malmené et donné des coups à d'autres jeunes. Ils ont ainsi soumis un plus jeune en lui ordonnant de s'agenouiller sur une barre de fer. Dernièrement, nous avons retrouvé des armes factices projetant des billes plastiques. Il s'associe souvent aux autres pour jouer à des jeux de guerre, allant jusqu'à se provoquer des hématomes sur le corps. Revu au sujet de ces événements, Olivier tente de minimiser son implication, de nier les dénonciations des autres. Il finit, par dire, qu'il s'est laissé entrainer par le mouvement collectif et n'a pas réussi à résister à la pression liée à ce mouvement. Nous travaillons avec lui autour de sa responsabilisation de ses actes et les conséquences sur les autres. Nous tentons de faire des liens entre les violences qu'il a subies et qu'il peut par moment agir sur le groupe. Ainsi, nous observons sur le groupe un jeune qui donne l'apparence d'aller bien. Il cherche au maximum à paraître décontracté, accessible, avec de l'humour, mais qui, dans certains faits ou lors des relations duelles avec l'adulte, commence à déverser son mal-être. Il tente de maitriser au mieux sa situation. Il a une réelle volonté d'être apprécié des autres jeunes et des adultes. Les éducateurs remplaçants sont souvent surpris par sa sociabilité, ses expressions "ça va, je gère". Il tente de ne rien laisser paraître de ce qui pourrait l'inquiéter. Pourtant au moment où la "coupe est pleine", son agitation physique, sa coloration cutanée rouge et sa sudation importante le trahissent quant à son état psychique. Olivier bénéficie d'une therapie depuis longtemps au CMPEA, qu'il investit favorablement, nous l'encourageons à s'appuyer sur cet espace de paroles pour tenter d'élaborer ce qui lui pose problème et ce qui l'envahit, il est également régulièrement reçu en entretien avec les éducateurs. Olivier a plutôt investi les temps du coucher. C'est un moment presque ritualisé où il peut s'épancher sur sa situation. Il est assez authentique. Nous observons son besoin d'attention, de considération et d'exclusivité avec l'adulte. 3. Prise en charge au quotidien Olivier est un jeune assez autonome. Il ne pose pas de problème à "proprement" parler d'hygiène. Il fait sa toilette régulièrement, change ses affaires. Pour autant son problème d'encoprésie persiste, et a des conséquences du fait du linge souillé dissimulé, ou jeté à la poubelle. Ce mode de défense est très inscrit et nous demande une présence contenante, non jugeante. Nous lui avons mis un cadre pour le préserver du regard des autres mais nous avons le sentiment qu'il y a une nécessité de toujours l'accompagner, de le soutenir. Ce cadre est à rappeler régulièrement. Au-delà de l'aspect organisationnel, ce symptôme inquiète par son sens et sa continuation. L'agressivité sur-contrôlée d'Olivier peut déborder et s'agir autrement comme les événements cités précédemment mais aussi par des mouvements d'humeurs explosifs. Ainsi, Olivier peut quitter le groupe précipitamment, rouge, en sueur sans raison apparente. Il faut attendre que la pression descende pour mettre en mots. Ce sont dans ces moments qu'Olivier se livre le plus sur l'ambiance familiale, sur le fait qu'il ne sent bien nul part : lorsqu'il est au foyer, il s'inquiète de ce qui se passe chez lui ; lorsqu'il est chez lui, il ne supporte pas l'ambiance conflictuelle. Olivier a investi sa chambre. Il a ramené beaucoup de ses objets personnels. Il a pu dire qu'il n'a pas vraiment de chambre chez lui, malgré les promesses de son père. Ainsi, il ramène des tableaux ou postes, des jeux et des jouets. Il s'est même installé un système audio de qualité pour écouter de la musique. Le rangement de sa chambre est, également soumis, à l'encoprésie. Etant dans la dissimulation, sa chambre peut devenir un capharnaüm lui permettant de cacher ses excréments. C'est pour cette raison qu'Olivier ne souhaite pas notre présence lorsqu'il fait du rangement. Nous en avons conscience et acceptons cet espace nécessaire à son intimité. Nous lui demandons régulièrement de la ranger et vérifions avec lui que son linge soit descendu régulièrement et séparé des étrons. Olivier s'exprime peu à ce sujet. Il reste très à l'écoute, dit que le cadre posé pour l'organisation du linge le soutient. Il a d'ailleurs dupliqué ces conseils auprès d'une de ses soeurs, qui a un symptôme identique. 4. L'environnement familial Nous percevons mieux aujourd'hui les conséquences des différents dysfonctionnements familiaux. Olivier est dans le constat des difficultés de sa mère, la déception du manque de position du père, le risque du placement de ses soeurs. Il a pu évoquer les inquiétudes pour ses soeurs au quotidien. L'annonce de l'audience en mars dernier a été un électrochoc. D'une part, il a été informé inopinément lors d'un entretien informel par les éducateurs et d'autre part il s'interrogeait sur la judiciarisation. Ainsi, il était partagé entre la protection de ses soeurs et le fait, en cas de placement, de ne plus voir ses soeurs aussi souvent. A plusieurs reprises, Olivier a pu exprimer son désir d'écrire au juge. Il veut dénoncer les brimades subis dans son enfance par sa mère pour en protéger ses soeurs. Quand nous lui posons la question de sa propre protection ? Olivier ne peut actuellement pas l'envisager car il a peur de la réaction du père. Lorsque sa soeur ainée Magalie a fait des signalements, Olivier a entendu et perçu un sentiment de trahison chez son père. Le conflit de loyauté est présent et participe à l'instabilité. Entre temps, les parents ont annoncé leur séparation. Olivier a été chagriné mais pas abattu. Cet événement donnait une place importante à M. VITI qui a pu évoquer à ses enfants "qu'il avait été aveugle et sourd à la souffrance de ses enfants". Toutefois, la séparation n'a pas été effective très longtemps car Me VITI était, d'après Olivier, souvent présente lors du week-end. Il a évoqué les stratégies d'évitement de conflits en se réfugiant dans sa chambre, ou en quittant le domicile pour aller visiter sa tante. Néanmoins, les conflits ont éclaté épisodiquement. En septembre dernier, Olivier est rentré en colère. Sa mère préparait une dictée avec une de ses soeurs. Elle a introduit dans une phrase qui contenait le mot monstre, le terme "monstre comme Olivier". Cette pique a été prononcée en présence du père qui n'a rien relevé. Olivier a été extrêmement en colère contre l'attaque de sa mère puis déçu de l'attitude fuyante de son père. Actuellement, Olivier reste un week-end par mois sur l'Origami. Nous avions envisagé l'arrêt en septembre mais au vue des événements et de l'ambiance, la question d'augmenter le nombre de week-end semble cohérent. Olivier est ambivalent dans ses demandes. Autant, il peut dire que le groupe est son espace sécurisant, autant, il ne peut pas envisager de s'extraire trop longtemps du domicile familial. Il a un besoin de vérifier ce qui se passe, d'assouvir ses inquiétudes. M. VITI appelle régulièrement sur le groupe. Il prend des nouvelles d'Olivier et donne des nouvelles de la famille. Ces appels ne sont pas anxiogènes et constituent un lien important pour Olivier. Olivier a fait la demande dernièrement que l'on organise des temps de week-end chez sa soeur ainée Magalie. Nous avons exploré le sens de la demande car nous voulions vérifier que les jeunes n'alimentaient pas leurs griefs contre leurs parents. Olivier a pu dire que c'était un désir de partager du temps avec sa soeur et le petit ami de celle-ci. Pour autant, il nous semblait important que ces accueils soient organisés sur un temps de week-end et en lien avec les parents. 5. La scolarité Olivier est scolarisé en 4eme au collège Portal à SAINT-PETITOT. Il est dans ce collège depuis septembre 2008. Le bulletin du premier trimestre et la rencontre avec son professeur principal est particulièrement alertant. Tous les enseignants notent la passivité, le manque de dynamisme en classe. Olivier est à l'écart avec un autre camarade, en difficulté également, du reste de la classe. Il ne participe pas verbalement en cours, semble ailleurs sans pour autant poser des problèmes de comportement. Olivier semble vouloir se faire oublier. Le travail personnel est à l'heure actuelle pas fait, pas rendu. Nous avions noté les difficultés auxquelles nous nous confrontions avec ses devoirs. Il n'était rien noté sur l'agenda, et il manquait souvent un livre, un cahier. Lors de l'entretien avec l'enseignant, Olivier semblait surpris de ces constats, ne pouvant pas clairement justifier son manque de travail. Par ailleurs, le professeur notait que les résultats ne permettraient pas d'envisager un passage en 3 eme en fonction des notes, mais en raison de l'âge. Il demande d'envisager une troisième du type DP 6 en sachant que les places sont restreintes et que le dossier insuffisant d'Olivier ne serait pas prioritaire. Olivier se ferme des portes en terme d'orientation. D'autant plus, que nous sommes convaincus de son fort potentiel. Est-ce une résistance aux injonctions scolaires comme le suggère l'enseignant ? Est-ce une question de confiance en soi ? Est-ce une question d'envahissement psychique ? Dans tous les cas de figures, Olivier est en échec et à besoin de se remobiliser dans cette espace qui lui ouvrira des perspectives d'avenir. La psychologue du ABCD va réaliser un bilan pour faire émerger son potentiel . Nous nous appuierons sur ce travail pour lui chercher des voies d'orientation parallèlement au travail mené avec les enseignants. Des cursus scolaires différents vont aussi être explorés du type MFR, ou apprentissage. 6. Santé Olivier est en bonne santé. C'est un garçon plutôt résistant aux maladies virales. Olivier peut toutefois s'interroger sur son poids. Il est plutôt de petite taille et a eu tendance à prendre de l'embonpoint cette année. Le pédiatre lui conseille d'être vigilant en période de croissance, de modérer la consommation de sucrerie et surtout de se dépenser physiquement. Par ailleurs, Olivier a interrogé également sur ses suées importantes. Le pédiatre lui a expliqué qu'il n'y avait rien à faire médicalement, mais qu'il pouvait en réduire les nuisances par la qualité de son linge et une hygiène régulière. Olivier a rencontré son médecin traitant au mois de novembre. Il se plaignait de problème d'endormissement. Il avait du mal à s'endormir ou se réveiller pendant la nuit. Il mettait en lien cette difficulté avec ses inquiétudes pour sa situation familiale. Le médecin traitant lui a prescris de l'euphytose. Le traitement a permis de le soulager. Un bilan ophtalmologique a été réalisé car Olivier se plaignait de maux de tête et de fatigue visuelle. Un port de lunettes de confort et un bilan orthoptiste ont été prescrits. Contrairement à l'année précédente, Olivier s'est autorisé à se plaindre de ses maux et à vouloir prendre soin de lui. 7. Relations Famille Dès lors que M. et Mme se sont séparés, nous leur avons ouverts des espaces de paroles distincts. M. a pu se mobiliser assez facilement, ce qui n'était pas le cas par le passé, du fait de son travail ? de sa fuite ? ou de l'empêchement de Mme ? En attendant lors des entretiens M. s'est montré plutôt ouvert à l'échange, préoccupé par ses enfants, il a même souvent été nécessaire de stopper les entretiens tellement M. pouvait se répandre. Mme a été reçue également, évoquant ses difficultés avec beaucoup de lucidité et notamment le bienfait des soins mis en place. Parallèlement, elle pouvait évoquer le vide d'être à distance des organisations familiales. A cette période, elle a pu entreprendre de travailler en tant qu'aide mènagère auprès de personnes âgées. Toutefois, elle pouvait quelque peu "jubiler" de l'embarras au qotidien auquel M. se trouvait confronté, au vu de l'organisation, comme dans une vengeance, voire une certaine jouissance, qu'il se rende compte de son quotidien à elle, annulant en quelque sorte sa problématique, et se positionnant comme victime. Elle semble avoir agie pour se rendre indispensable auprès de M. et regagner petit à petit sa place passée au domicile. La crise semble passée, en attendant la prochaine, c'est d'ailleurs ce qu'Olivier trahit dans ses agirs, au travers de ses inquiétudes du retour de sa mère et de la reprise de la vie commune comme avant. Ceci expose les enfants à une instabilité psychique permanente qui dépend étroitement de l'état psychique de Mme, et du positionnement de M. Une audience récente a permis d'ordonner le placement de deux nouvelles soeurs, si bien qu'aujourd'hui les quatre enfants ainés bénéficient d'une mesure de placement et les trois dernières d'une mesure éducative en milieu ouvert. Cependant, Olivier, unique garçon dans la fratrie, reste unique quant à son placement compte tenu que son accueil n'est pas sous le regard du Juge. Ceci peut amener des inquiétudes, dont on ne mesure pas l'impact voire les menaces qui le confrontent à sa mère. 8. CONCLUSION Olivier a bientôt 15 ans, il est au ABCD depuis plus de 3 ans. Il a investit aisémant son placement d'autant que ses parents étaient favorables à son accueil. Toutefois, les dysfonctionnements familiaux massifs de cette année ont permis de démontrer qu'Olivier n'était pas responsable de ce qui se passait ainsi il est passé du satut d'enfant symptôme à celui d'un enfant issu d'une fratrie nombreuse, où la question des places de chacun est interrogée et plus particulièrement la question de la protection de chacun. Olivier a entendu que le fonctionnement maternel était interrogé, mais également celui du père, il a pu exprimé de la déception à son égard, M. étant tiraillé entre son devoir de père et sa place d'époux. Même si le placement permet d'offrir à Olivier un espace différencié et distancié de la problématique familiale, ce dernier ne réussit pas à l'apaiser complètement, en témoigne ses difficultés à se mobiliser scolairement, et son agressivité contenue du fait de l'encoprésie récurrente. La judiciarisation, au même titre que ses soeurs permettrait au moins de le rassurer sur la pérénité de son accueil, et sur l'espace tiers pour les décisions qui le concernent. Le placement reste nécessaire pour sa construction de sujet et pour garantir sa protection. Pierre PETITJEAN et Valérie DUFIER éducateur réfrent chef de service Rapport de situation Olivier VITI Né le 00/00/0000 Admis sur le groupe de l'Origami le 15 juin 2009 Composition de sa famille : Parents : M. VITI Tristan, né le 00/00/0000 Me VITI Valentine, née le 00/00/0000 Enfants : Magalie VITI, née le 00/00/0000 Raphaëlle VITI, née le 00/00/0000 Olivier VITI, né le 00/00/0000 Victoire VITI, née le 00/00/0000 Inzée VITI, née le 00/00/0000 Valérie VITI, né le 00/00/0000 Elisa VITI, né le 00/00/0000 1. Problématique à l'admission : Les difficultés relationnelles entre Olivier et sa mère ont motivé le placement. Un recueil d'informations transmis par l'école de Desnos faisait état de comportement agressif régulier du jeune et des tenues vestimentaires pas adaptés pour la saison. Après investigation, des suspicions de maltraitance de la mère à l'égard d'Olivier, en lien avec une encoprésie massive du jeune, ont émergé. Après un accompagnement par la circonscription de Ville-Haute, Olivier a été placé à la MDEF, dans un premier temps, sur le groupe Tango en février 2008, puis au ABCD au foyer de l'Origami en Juin 2009. En concertation avec la famille, ce placement a été reconduit en juin 2010, puis en septembre 2011. Alors que les relations entre Me VITI et Olivier ont semblé s'améliorer en 2010, les conflits et les dysfonctionnements familiaux se sont déplacés vers les soeurs. La situation familiale s'est tellement dégradée qu'un signalement a été envoyé par la circonscription de Ville-Haute. Une audience a eu lieue, au cours de laquelle une décison de mesure en milieu ouvert d'une durée de six mois a été prononcée pour les enfants vivant au domicile. Parallèlement, le couple a annoncé leur séparation en mai 2011. Madame a pris un appartement sur Limoges dans un premier temps puis un logement à Mante proche du domicile familiale. Pendant cette période, Mme a pu bénéficier de temps d'hospitalisation et de soins en psychiatrie. Pendant une période, entre Septembre et Décembre, a été observée une alternance de présence et d'absence de Mme au domicile pendant les WE, venant interroger la question du divorce. Aujourd'hui, le couple semble avoir repris leur vie commune. 2. Evolution sur le groupe. Olivier a intégré le groupe en juin 2009. Nous pouvons dire qu'il est aujourd'hui dans une relation de confiance avec l'équipe. Pour autant, depuis notre précédent rapport, nous observons un jeune qui évolue difficilement tant il est inquiet par la situation familiale. Par exemple, il y a eu des retours de week-end où avertit par M. ou Me VITI, nous savions que le temps en famille avait été difficile. Les réactions se sont exprimées sous forme de tensions, d'inaccessibilité à la parole et une fois, des coups sur un autre jeune. Quelques fois rien ne transparaît, il rentre des week-ends sans nous alerter d' événement quelconque, puis au fil de la semaine, il explose. Il quitte la table en colère, il sort en dehors du groupe en soirée, il s'associe à d'autres dans des passages à l'acte (dégradation, fugues). Il faut attendre que les tensions baissent pour qu'il s'autorise à évoquer ce qui le travaille, l'envahit. Actuellement, il évoque surtout sa place dans sa famille et la singularité de son placement. Ce contexte est l'occasion de partager avec Olivier, par la mise en mot, sur sa place "d'enfant symptôme". Les multiples signalements indiquaient qu'il n'était pas responsable des différents dysfonctionnements mais qu'il en était victime. Ce constat est d'autant plus important car la victimisation est très présente dans le discours d'Olivier. Nous lui avons concédé que le statut de placement en recueil provisoire à la demande de la famille peut l'inquiéter. Même si ses parents ne l'ont jamais évoqué, ils peuvent changer d'avis et demander son retour au domicile ! Olivier a peur de cette éventualité. Nous l'avons invité à écrire au juge, mais Olivier ne sent pas encore prê. t, cependant parfois il dit qu'il voudrait lui écrire pour dire ses inquiétudes pour ses soeurs, il a plus de mal à investir cet espace pour lui. Il craint de décevoir son père . Par ailleurs, la victimisation est aussi un moyen de se disculper lorsqu'il est concerné dans un conflit ou dans une histoire. Olivier a été impliqué dans des situations assez inquiétantes : avec un autre jeune, ils ont mis la pression à une jeune pour obtenir des faveurs à tendance sexuelle, allant face au refus de la jeune fille, jusqu'à lui demander de l'argent en compensation. Dans une autre situation, à l'occasion "d'un jeu de guerre", Olivier avec d'autres garçons ont malmené et donné des coups à d'autres jeunes. Ils ont ainsi soumis un plus jeune en lui ordonnant de s'agenouiller sur une barre de fer. Dernièrement, nous avons retrouvé des armes factices projetant des billes plastiques. Il s'associe souvent aux autres pour jouer à des jeux de guerre, allant jusqu'à se provoquer des hématomes sur le corps. Revu au sujet de ces événements, Olivier tente de minimiser son implication, de nier les dénonciations des autres. Il finit, par dire, qu'il s'est laissé entrainer par le mouvement collectif et n'a pas réussi à résister à la pression liée à ce mouvement. Nous travaillons avec lui autour de sa responsabilisation de ses actes et les conséquences sur les autres. Nous tentons de faire des liens entre les violences qu'il a subies et qu'il peut par moment agir sur le groupe. Ainsi, nous observons sur le groupe un jeune qui donne l'apparence d'aller bien. Il cherche au maximum à paraître décontracté, accessible, avec de l'humour, mais qui, dans certains faits ou lors des relations duelles avec l'adulte, commence à déverser son mal-être. Il tente de maitriser au mieux sa situation. Il a une réelle volonté d'être apprécié des autres jeunes et des adultes. Les éducateurs remplaçants sont souvent surpris par sa sociabilité, ses expressions "ça va, je gère". Il tente de ne rien laisser paraître de ce qui pourrait l'inquiéter. Pourtant au moment où la "coupe est pleine", son agitation physique, sa coloration cutanée rouge et sa sudation importante le trahissent quant à son état psychique. Olivier bénéficie d'une therapie depuis longtemps au CMPEA, qu'il investit favorablement, nous l'encourageons à s'appuyer sur cet espace de paroles pour tenter d'élaborer ce qui lui pose problème et ce qui l'envahit, il est également régulièrement reçu en entretien avec les éducateurs. Olivier a plutôt investi les temps du coucher. C'est un moment presque ritualisé où il peut s'épancher sur sa situation. Il est assez authentique. Nous observons son besoin d'attention, de considération et d'exclusivité avec l'adulte. 3. Prise en charge au quotidien Olivier est un jeune assez autonome. Il ne pose pas de problème à "proprement" parler d'hygiène. Il fait sa toilette régulièrement, change ses affaires. Pour autant son problème d'encoprésie persiste, et a des conséquences du fait du linge souillé dissimulé, ou jeté à la poubelle. Ce mode de défense est très inscrit et nous demande une présence contenante, non jugeante. Nous lui avons mis un cadre pour le préserver du regard des autres mais nous avons le sentiment qu'il y a une nécessité de toujours l'accompagner, de le soutenir. Ce cadre est à rappeler régulièrement. Au-delà de l'aspect organisationnel, ce symptôme inquiète par son sens et sa continuation. L'agressivité sur-contrôlée d'Olivier peut déborder et s'agir autrement comme les événements cités précédemment mais aussi par des mouvements d'humeurs explosifs. Ainsi, Olivier peut quitter le groupe précipitamment, rouge, en sueur sans raison apparente. Il faut attendre que la pression descende pour mettre en mots. Ce sont dans ces moments qu'Olivier se livre le plus sur l'ambiance familiale, sur le fait qu'il ne sent bien nul part : lorsqu'il est au foyer, il s'inquiète de ce qui se passe chez lui ; lorsqu'il est chez lui, il ne supporte pas l'ambiance conflictuelle. Olivier a investi sa chambre. Il a ramené beaucoup de ses objets personnels. Il a pu dire qu'il n'a pas vraiment de chambre chez lui, malgré les promesses de son père. Ainsi, il ramène des tableaux ou postes, des jeux et des jouets. Il s'est même installé un système audio de qualité pour écouter de la musique. Le rangement de sa chambre est, également soumis, à l'encoprésie. Etant dans la dissimulation, sa chambre peut devenir un capharnaüm lui permettant de cacher ses excréments. C'est pour cette raison qu'Olivier ne souhaite pas notre présence lorsqu'il fait du rangement. Nous en avons conscience et acceptons cet espace nécessaire à son intimité. Nous lui demandons régulièrement de la ranger et vérifions avec lui que son linge soit descendu régulièrement et séparé des étrons. Olivier s'exprime peu à ce sujet. Il reste très à l'écoute, dit que le cadre posé pour l'organisation du linge le soutient. Il a d'ailleurs dupliqué ces conseils auprès d'une de ses soeurs, qui a un symptôme identique. 4. L'environnement familial Nous percevons mieux aujourd'hui les conséquences des différents dysfonctionnements familiaux. Olivier est dans le constat des difficultés de sa mère, la déception du manque de position du père, le risque du placement de ses soeurs. Il a pu évoquer les inquiétudes pour ses soeurs au quotidien. L'annonce de l'audience en mars dernier a été un électrochoc. D'une part, il a été informé inopinément lors d'un entretien informel par les éducateurs et d'autre part il s'interrogeait sur la judiciarisation. Ainsi, il était partagé entre la protection de ses soeurs et le fait, en cas de placement, de ne plus voir ses soeurs aussi souvent. A plusieurs reprises, Olivier a pu exprimer son désir d'écrire au juge. Il veut dénoncer les brimades subis dans son enfance par sa mère pour en protéger ses soeurs. Quand nous lui posons la question de sa propre protection ? Olivier ne peut actuellement pas l'envisager car il a peur de la réaction du père. Lorsque sa soeur ainée Magalie a fait des signalements, Olivier a entendu et perçu un sentiment de trahison chez son père. Le conflit de loyauté est présent et participe à l'instabilité. Entre temps, les parents ont annoncé leur séparation. Olivier a été chagriné mais pas abattu. Cet événement donnait une place importante à M. VITI qui a pu évoquer à ses enfants "qu'il avait été aveugle et sourd à la souffrance de ses enfants". Toutefois, la séparation n'a pas été effective très longtemps car Me VITI était, d'après Olivier, souvent présente lors du week-end. Il a évoqué les stratégies d'évitement de conflits en se réfugiant dans sa chambre, ou en quittant le domicile pour aller visiter sa tante. Néanmoins, les conflits ont éclaté épisodiquement. En septembre dernier, Olivier est rentré en colère. Sa mère préparait une dictée avec une de ses soeurs. Elle a introduit dans une phrase qui contenait le mot monstre, le terme "monstre comme Olivier". Cette pique a été prononcée en présence du père qui n'a rien relevé. Olivier a été extrêmement en colère contre l'attaque de sa mère puis déçu de l'attitude fuyante de son père. Actuellement, Olivier reste un week-end par mois sur l'Origami. Nous avions envisagé l'arrêt en septembre mais au vue des événements et de l'ambiance, la question d'augmenter le nombre de week-end semble cohérent. Olivier est ambivalent dans ses demandes. Autant, il peut dire que le groupe est son espace sécurisant, autant, il ne peut pas envisager de s'extraire trop longtemps du domicile familial. Il a un besoin de vérifier ce qui se passe, d'assouvir ses inquiétudes. M. VITI appelle régulièrement sur le groupe. Il prend des nouvelles d'Olivier et donne des nouvelles de la famille. Ces appels ne sont pas anxiogènes et constituent un lien important pour Olivier. Olivier a fait la demande dernièrement que l'on organise des temps de week-end chez sa soeur ainée Magalie. Nous avons exploré le sens de la demande car nous voulions vérifier que les jeunes n'alimentaient pas leurs griefs contre leurs parents. Olivier a pu dire que c'était un désir de partager du temps avec sa soeur et le petit ami de celle-ci. Pour autant, il nous semblait important que ces accueils soient organisés sur un temps de week-end et en lien avec les parents. 5. La scolarité Olivier est scolarisé en 4eme au collège Portal à SAINT-PETITOT. Il est dans ce collège depuis septembre 2008. Le bulletin du premier trimestre et la rencontre avec son professeur principal est particulièrement alertant. Tous les enseignants notent la passivité, le manque de dynamisme en classe. Olivier est à l'écart avec un autre camarade, en difficulté également, du reste de la classe. Il ne participe pas verbalement en cours, semble ailleurs sans pour autant poser des problèmes de comportement. Olivier semble vouloir se faire oublier. Le travail personnel est à l'heure actuelle pas fait, pas rendu. Nous avions noté les difficultés auxquelles nous nous confrontions avec ses devoirs. Il n'était rien noté sur l'agenda, et il manquait souvent un livre, un cahier. Lors de l'entretien avec l'enseignant, Olivier semblait surpris de ces constats, ne pouvant pas clairement justifier son manque de travail. Par ailleurs, le professeur notait que les résultats ne permettraient pas d'envisager un passage en 3 eme en fonction des notes, mais en raison de l'âge. Il demande d'envisager une troisième du type DP 6 en sachant que les places sont restreintes et que le dossier insuffisant d'Olivier ne serait pas prioritaire. Olivier se ferme des portes en terme d'orientation. D'autant plus, que nous sommes convaincus de son fort potentiel. Est-ce une résistance aux injonctions scolaires comme le suggère l'enseignant ? Est-ce une question de confiance en soi ? Est-ce une question d'envahissement psychique ? Dans tous les cas de figures, Olivier est en échec et à besoin de se remobiliser dans cette espace qui lui ouvrira des perspectives d'avenir. La psychologue du ABCD va réaliser un bilan pour faire émerger son potentiel . Nous nous appuierons sur ce travail pour lui chercher des voies d'orientation parallèlement au travail mené avec les enseignants. Des cursus scolaires différents vont aussi être explorés du type MFR, ou apprentissage. 6. Santé Olivier est en bonne santé. C'est un garçon plutôt résistant aux maladies virales. Olivier peut toutefois s'interroger sur son poids. Il est plutôt de petite taille et a eu tendance à prendre de l'embonpoint cette année. Le pédiatre lui conseille d'être vigilant en période de croissance, de modérer la consommation de sucrerie et surtout de se dépenser physiquement. Par ailleurs, Olivier a interrogé également sur ses suées importantes. Le pédiatre lui a expliqué qu'il n'y avait rien à faire médicalement, mais qu'il pouvait en réduire les nuisances par la qualité de son linge et une hygiène régulière. Olivier a rencontré son médecin traitant au mois de novembre. Il se plaignait de problème d'endormissement. Il avait du mal à s'endormir ou se réveiller pendant la nuit. Il mettait en lien cette difficulté avec ses inquiétudes pour sa situation familiale. Le médecin traitant lui a prescris de l'euphytose. Le traitement a permis de le soulager. Un bilan ophtalmologique a été réalisé car Olivier se plaignait de maux de tête et de fatigue visuelle. Un port de lunettes de confort et un bilan orthoptiste ont été prescrits. Contrairement à l'année précédente, Olivier s'est autorisé à se plaindre de ses maux et à vouloir prendre soin de lui. 7. Relations Famille Dès lors que M. et Mme se sont séparés, nous leur avons ouverts des espaces de paroles distincts. M. a pu se mobiliser assez facilement, ce qui n'était pas le cas par le passé, du fait de son travail ? de sa fuite ? ou de l'empêchement de Mme ? En attendant lors des entretiens M. s'est montré plutôt ouvert à l'échange, préoccupé par ses enfants, il a même souvent été nécessaire de stopper les entretiens tellement M. pouvait se répandre. Mme a été reçue également, évoquant ses difficultés avec beaucoup de lucidité et notamment le bienfait des soins mis en place. Parallèlement, elle pouvait évoquer le vide d'être à distance des organisations familiales. A cette période, elle a pu entreprendre de travailler en tant qu'aide mènagère auprès de personnes âgées. Toutefois, elle pouvait quelque peu "jubiler" de l'embarras au qotidien auquel M. se trouvait confronté, au vu de l'organisation, comme dans une vengeance, voire une certaine jouissance, qu'il se rende compte de son quotidien à elle, annulant en quelque sorte sa problématique, et se positionnant comme victime. Elle semble avoir agie pour se rendre indispensable auprès de M. et regagner petit à petit sa place passée au domicile. La crise semble passée, en attendant la prochaine, c'est d'ailleurs ce qu'Olivier trahit dans ses agirs, au travers de ses inquiétudes du retour de sa mère et de la reprise de la vie commune comme avant. Ceci expose les enfants à une instabilité psychique permanente qui dépend étroitement de l'état psychique de Mme, et du positionnement de M. Une audience récente a permis d'ordonner le placement de deux nouvelles soeurs, si bien qu'aujourd'hui les quatre enfants ainés bénéficient d'une mesure de placement et les trois dernières d'une mesure éducative en milieu ouvert. Cependant, Olivier, unique garçon dans la fratrie, reste unique quant à son placement compte tenu que son accueil n'est pas sous le regard du Juge. Ceci peut amener des inquiétudes, dont on ne mesure pas l'impact voire les menaces qui le confrontent à sa mère. 8. CONCLUSION Olivier a bientôt 15 ans, il est au ABCD depuis plus de 3 ans. Il a investit aisémant son placement d'autant que ses parents étaient favorables à son accueil. Toutefois, les dysfonctionnements familiaux massifs de cette année ont permis de démontrer qu'Olivier n'était pas responsable de ce qui se passait ainsi il est passé du satut d'enfant symptôme à celui d'un enfant issu d'une fratrie nombreuse, où la question des places de chacun est interrogée et plus particulièrement la question de la protection de chacun. Olivier a entendu que le fonctionnement maternel était interrogé, mais également celui du père, il a pu exprimé de la déception à son égard, M. étant tiraillé entre son devoir de père et sa place d'époux. Même si le placement permet d'offrir à Olivier un espace différencié et distancié de la problématique familiale, ce dernier ne réussit pas à l'apaiser complètement, en témoigne ses difficultés à se mobiliser scolairement, et son agressivité contenue du fait de l'encoprésie récurrente. La judiciarisation, au même titre que ses soeurs permettrait au moins de le rassurer sur la pérénité de son accueil, et sur l'espace tiers pour les décisions qui le concernent. Le placement reste nécessaire pour sa construction de sujet et pour garantir sa protection. Pierre PETITJEAN et Valérie DUFIER éducateur réfrent chef de service RAPPORT [ ] Annuel [ ] Ponctuel (- D'échéance Concernant Olivier VITI, né le 00/00/0000 à Limoges, 15 ans. . Admis au ABCD au sein du groupe de l'Origami à SAINT-PETITOT le 15 juin 2009 . - Recueil Provisoire signé le 30 mars 2009 - Prise en charge d'une durée d'un an. - Renouvelé le 22 août 2011 pour une durée d'un an. -) Rapport éducatif rédigé par Monsieur PETITJEAN, Educateur Spécialisé et Madame DUFIER, Chef de Service. -) Adressé à Madame MAZATAUD, Responsable Territoriale à la Direction de l'Enfance et de la Famille, le 7 mars 2012. - Responsable Territoriale : Madame MAZATAUD - Parents : Monsieur et Madame VITI 1 rue Raide 00 Mante - Fratrie : - Magalie VITI, née le 00/00/0000 - Raphaëlle VITI, née le 00/00/0000 - Olivier VITI, né le 00/00/0000 - Victoire VITI, née le 00/00/0000 - Inzée VITI, née le 00 novembre 2001 - Valérie VITI, née le 00/00/0000 - Elisa VITI, née le 00/00/0000 - Scolarité : 4 ème au collège Portal à SAINT-PETITOT. I - Problématique à l'admission Mes difficultés relationnelles entre Olivier et sa mère ont motivé le placement. Un recueil d'informations transmis par l'école de Desnos faisait état de comportement agressif du jeune et des tenues vestimentaires non adaptées pour la saison. Après investigation, des suspicions de maltraitance de la mère à l'égard d'Olivier, en lien avec une encoprésie massive du jeune ont émergé. Après un accompagnement par la circonscription de Ville-Haute, Olivier a été placé sur le groupe Tango en Février 2008 pour intégrer le groupe de l'Origami en juin 2009. En concertation avec la famille, le placement a été reconduit en juin 2010 pour une durée d'un an. Il avait été constaté une amélioration dans les relations mère/enfant, la disparition de l'encoprésie, un réinvestissement scolaire. Cette année avait pour ambition de consolider cette situation et d'envisager un retour progressif au domicile. Alors que les relations entre Madame VITI et Olivier ont semblé s'améliorer en 2010, les conflits et les dysfonctionnements familiaux se sont déplacés vers les soeurs. La situation familiale s'est tellement dégradée qu'un signalement a été envoyé par la circonscription de Ville-Haute. Une audience a eu lieu au cours de laquelle une décision de mesure en milieu ouvert, d'une durée de six mois, a été prononcée pour les enfants vivant au domicile. Parallèlement, le couple a annoncé sa séparation en mai 2011. Madame a pris un appartement sur Limoges dans un premier temps, puis un logement à Mante, proche du domicile familial. Pendant cette période, Madame a pu bénéficier de temps d'hospitalisation et de soins en psychiatrie. Pendant une période, entre septembre et décembre 2011, a été observée une alternance de présence et d'absence de Madame au domicile pendant les week-ends, venant ainsi interroger la question du divorce. Aujourd'hui, le couple semble avoir repris leur vie commune. II - Evolution sur le groupe Olivier a intégré le groupe en juin 2009. Nous pouvons dire qu'il est aujourd'hui dans une relation de confiance avec l'équipe. Pour autant, depuis notre précédent rapport, nous observons un jeune qui évolue difficilement tant il est inquiet par la situation familiale. Par exemple, il y a eu des retours de week-end où, averti par Monsieur ou Madame VITI, nous savions que le temps en famille avait été difficile. Les réactions se sont exprimées sous forme de tensions, d'inaccessibilité à la parole et une fois, des coups sur un autre jeune. Quelques fois, rien ne transparaît. Olivier rentre de week-end sans nous alerter d' événement quelconque, puis, au fil de la semaine, il explose. Il quitte la table en colère, il sort en dehors du groupe, en soirée, il s'associe à d'autres dans des passages à l'acte (dégradation, fugues). Il faut attendre que les tensions baissent pour qu'il s'autorise à évoquer ce qui le travaille, l'envahit. Actuellement, il évoque surtout sa place dans sa famille et la singularité de son placement. Ce contexte est l'occasion de partager avec Olivier, par la mise en mots, sur sa place "d'enfant symptôme". Les multiples signalements indiquaient qu'il n'était pas responsable des différents dysfonctionnements, mais qu'il en était victime. Ce constat est d'autant plus important car la victimisation est très présente dans le discours d'Olivier. Nous lui avons concédé que le statut de placement en Recueil Provisoire à la demande de la famille peut l'inquiéter. Même si ses parents ne l'ont jamais évoqué, ils peuvent changer d'avis et demander son retour au domicile ! Olivier a peur de cette éventualité. Nous l'avons invité à écrire au juge des enfants, mais Olivier ne se sent pas encore prêt Cependant, il dit parfois qu'il voudrait lui écrire pour dire ses inquiétudes pour ses soeurs, il a plus de mal à investir cet espace pour lui. Il craint de décevoir son père. Par ailleurs, la victimisation est aussi un moyen de se disculper lorsqu'il est concerné dans un conflit ou dans une histoire. Olivier a été impliqué dans des situations assez inquiétantes : avec un autre jeune, ils ont mis la pression à une jeune pour obtenir des faveurs à tendance sexuelle, allant, face au refus de la jeune fille, jusqu'à lui demander de l'argent en compensation. Dans une autre situation, à l'occasion "d'un jeu de guerre", Olivier, avec d'autres garçons, a malmené et donné des coups à d'autres jeunes. Ils ont ainsi soumis un plus jeune en lui ordonnant de s'agenouiller sur une barre de fer. Dernièrement, nous avons retrouvé des armes factices projetant des billes plastiques. Olivier s'associe souvent aux autres pour jouer à des jeux de guerre, allant jusqu'à se provoquer des hématomes sur le corps. Revu au sujet de ces événements, Olivier tente de minimiser son implication, de nier les dénonciations des autres. Il finit par dire qu'il s'est laissé entraîner par le mouvement collectif et n'a pas réussi à résister à la pression liée à ce mouvement. Nous travaillons avec lui autour de sa responsabilisation de ses actes et les conséquences sur les autres. Nous tentons de faire des liens entre les violences qu'il a subies et qu'il peut par moment agir sur le groupe. Ainsi, nous observons sur le groupe un jeune qui donne l'apparence d'aller bien. Il cherche au maximum à paraître décontracté, accessible, avec de l'humour, mais qui, dans certains faits ou lors des relations duelles avec l'adulte, il commence à déverser son mal-être. Il tente de maitriser au mieux sa situation. Il a une réelle volonté d'être apprécié des autres jeunes et des adultes. Les éducateurs remplaçants sont souvent surpris par sa sociabilité, ses expressions "ça va, je gère". Il tente de ne rien laisser paraître de ce qui pourrait l'inquiéter. Pourtant, au moment où la "coupe est pleine", son agitation physique, sa coloration cutanée rouge et sa sudation importante le trahissent quant à son état psychique. Olivier bénéficie d'une thérapie depuis longtemps au CMPEA, qu'il investit favorablement. Nous l'encourageons à s'appuyer sur cet espace de paroles pour tenter d'élaborer ce qui lui pose problème et ce qui l'envahit. Il est également régulièrement reçu en entretien avec les éducateurs. Olivier a plutôt investi les temps du coucher. C'est un moment presque ritualisé où il peut s'épancher sur sa situation. Il est assez authentique. Nous observons son besoin d'attention, de considération et d'exclusivité avec l'adulte. III - Prise en charge du quotidien Olivier est un jeune assez autonome. Il ne pose pas de problème d'hygiène à "proprement" parler. Il fait sa toilette régulièrement, change ses affaires. Pour autant son problème d'encoprésie persiste, et a des conséquences du fait du linge souillé dissimulé, ou jeté à la poubelle. Ce mode de défense est très inscrit et nous demande une présence contenante, non jugeante. Nous lui avons mis un cadre pour le préserver du regard des autres mais nous avons le sentiment qu'il y a une nécessité de toujours l'accompagner, de le soutenir. Ce cadre est à rappeler régulièrement. Au-delà de l'aspect organisationnel, ce symptôme inquiète par son sens et sa poursuite. L'agressivité sur-contrôlée d'Olivier peut déborder et s'agir autrement comme les événements cités précédemment, mais aussi par des mouvements d'humeurs explosifs. Ainsi, Olivier peut quitter le groupe précipitamment, rouge, en sueur sans raison apparente. Il faut attendre que la pression descende pour mettre en mots. Ce sont dans ces moments qu'Olivier se livre le plus sur l'ambiance familiale, sur le fait qu'il ne se sent bien nulle part : lorsqu'il est au foyer, il s'inquiète de ce qui se passe chez lui ; lorsqu'il est chez lui, il ne supporte pas l'ambiance conflictuelle. Olivier a investi sa chambre. Il a ramené beaucoup de ses objets personnels. Il a pu dire qu'il n'a pas vraiment de chambre chez lui, malgré les promesses de son père. Ainsi, il ramène des tableaux ou postes, des jeux et des jouets. Il s'est même installé un système audio de qualité pour écouter de la musique. Le rangement de sa chambre est également soumis à l'encoprésie. Etant dans la dissimulation, sa chambre peut devenir un capharnaüm lui permettant de cacher ses excréments. C'est pour cette raison qu'Olivier ne souhaite pas notre présence lorsqu'il fait du rangement. Nous en avons conscience et acceptons cet espace nécessaire à son intimité. Nous lui demandons régulièrement de la ranger et vérifions avec lui que son linge est descendu régulièrement et séparé des étrons. Olivier s'exprime peu à ce sujet. Il reste très à l'écoute, dit que le cadre posé pour l'organisation du linge le soutient. Il a d'ailleurs dupliqué ces conseils auprès d'une de ses soeurs, qui a un symptôme identique. IV - L'environnement familial Nous percevons mieux aujourd'hui les conséquences des différents dysfonctionnements familiaux. Olivier est dans le constat des difficultés de sa mère, la déception du manque de position du père, le risque du placement de ses soeurs. Il a pu évoquer ses inquiétudes pour ses soeurs au quotidien. L'annonce de l'audience en mars dernier a été un électrochoc. D'une part, il a été informé inopinément lors d'un entretien informel par les éducateurs, d'autre part, il s'interrogeait sur la judiciarisation. Ainsi, il était partagé entre la protection de ses soeurs et le fait, en cas de placement, de ne plus voir ses soeurs aussi souvent. A plusieurs reprises, Olivier a pu exprimer son désir d'écrire au juge. Il veut dénoncer les brimades subies dans son enfance par sa mère pour en protéger ses soeurs. Quand nous lui posons la question de sa propre protection, Olivier ne peut actuellement pas l'envisager car il a peur de la réaction du père. Lorsque sa soeur ainée Magalie a effectué des signalements, Olivier a entendu et perçu un sentiment de trahison chez son père. Le conflit de loyauté est présent et participe à l'instabilité. Entretemps, les parents ont annoncé leur séparation. Olivier a été chagriné mais pas abattu. Cet événement donnait une place importante à Monsieur VITI qui a pu évoquer à ses enfants "qu'il avait été aveugle et sourd à la souffrance de ses enfants". Toutefois, la séparation n'a pas été effective très longtemps car Madame VITI était, d'après Olivier, souvent présente lors du week-end. Il a évoqué les stratégies d'évitement de conflits en se réfugiant dans sa chambre ou en quittant le domicile pour aller visiter sa tante. Néanmoins, les conflits ont éclaté épisodiquement. En septembre dernier, Olivier est rentré en colère. Sa mère préparait une dictée avec une de ses soeurs. Elle a introduit dans une phrase qui contenait le mot monstre, le terme "monstre comme Olivier". Cette pique a été prononcée en présence du père qui n'a rien relevé. Olivier a été extrêmement en colère contre l'attaque de sa mère puis déçu de l'attitude fuyante de son père. Actuellement, Olivier reste un week-end par mois sur l'Origami. Nous avions envisagé l'arrêt en septembre mais, au vu des événements et de l'ambiance, la question d'augmenter le nombre de week-end semble cohérente. Olivier est ambivalent dans ses demandes. Autant, il peut dire que le groupe est son espace sécurisant, autant il ne peut pas envisager de s'extraire trop longtemps du domicile familial. Il a un besoin de vérifier ce qui se passe, d'assouvir ses inquiétudes. Monsieur VITI appelle régulièrement sur le groupe. Il prend des nouvelles d'Olivier et donne des nouvelles de la famille. Ces appels ne sont pas anxiogènes et constituent un lien important pour Olivier. Olivier a formulé la demande dernièrement que l'on organise des temps de week-end chez sa soeur ainée Magalie. Nous avons exploré le sens de la demande car nous voulions vérifier que les jeunes n'alimentaient pas leurs griefs contre leurs parents. Olivier a pu dire que c'était un désir de partager du temps avec sa soeur et le petit ami de celle-ci. Pour autant, il nous semblait important que ces accueils soient organisés sur un temps de week-end et en lien avec les parents. V - La scolarite Olivier est scolarisé en 4ème au collège Portal à SAINT-PETITOT. Il est dans ce collège depuis septembre 2008. Le bulletin du premier trimestre et la rencontre avec son professeur principal sont particulièrement alertants. Tous les enseignants notent la passivité, le manque de dynamisme en classe. Olivier est à l'écart avec un autre camarade, en difficulté également, du reste de la classe. Il ne participe pas verbalement en cours, semble ailleurs, sans pour autant poser des problèmes de comportement. Olivier semble vouloir se faire oublier. Le travail personnel n'est, à l'heure actuelle, pas effectué, pas rendu. Nous avions noté les difficultés auxquelles nous nous confrontions avec ses devoirs. Ses leçons sont rarement consignées sur l'agenda et il lui manque régulièrement un livre ou un cahier. Lors de l'entretien avec l'enseignant, Olivier semblait surpris de ces constats, ne pouvant pas clairement justifier son manque de travail. Par ailleurs, le professeur notait que les résultats ne permettraient pas d'envisager un passage en 3ème en fonction des notes, mais en raison de l'âge. Il demande d'envisager une troisième du type DP 6 en sachant que les places sont restreintes et que le dossier insuffisant d'Olivier ne serait pas prioritaire. Olivier se ferme des portes en termes d'orientation. D'autant que nous sommes convaincus de son fort potentiel. Est-ce une résistance aux injonctions scolaires comme le suggère l'enseignant ? Est-ce une question de confiance en soi ? Est-ce une question d'envahissement psychique ? Dans tous les cas de figures, Olivier est en échec et a besoin de se remobiliser dans cette espace qui lui ouvrira des perspectives d'avenir. La psychologue du ABCD va réaliser un bilan pour faire émerger son potentiel . Nous nous appuierons sur ce travail pour lui trouver des voies d'orientation parallèlement au travail mené avec les enseignants. Des cursus scolaires différents vont aussi être explorés du type MFR, ou apprentissage. VI - Santé Olivier est en bonne santé. C'est un garçon plutôt résistant aux maladies virales. Olivier peut toutefois s'interroger sur son poids. Il est plutôt de petite taille et a eu tendance à prendre de l'embonpoint cette année. Le pédiatre lui conseille d'être vigilant en période de croissance, de modérer la consommation de sucrerie et surtout de se dépenser physiquement. Par ailleurs, Olivier a interrogé également sur ses suées importantes. Le pédiatre lui a expliqué qu'il n'y avait rien à faire médicalement, mais qu'il pouvait en réduire les nuisances par la qualité de son linge et une hygiène régulière. Olivier a rencontré son médecin traitant au mois de novembre. Il se plaignait de problème d'endormissement. Il avait du mal à s'endormir et avait tendance à se réveiller pendant la nuit. Il mettait en lien cette difficulté avec ses inquiétudes pour sa situation familiale. Le médecin traitant lui a prescrit de l'Euphytose. Le traitement a permis de le soulager. Un bilan ophtalmologique a été réalisé car Olivier se plaignait de maux de tête et de fatigue visuelle. Un port de lunettes de confort et un bilan orthoptiste ont été prescrits. Contrairement à l'année précédente, Olivier s'est autorisé à se plaindre de ses maux et à vouloir prendre soin de lui. VII - Travail avec la Famille Dès lors que Monsieur et Madame VITI se sont séparés, nous leur avons ouverts des espaces de paroles distincts. Monsieur a pu se mobiliser assez facilement, ce qui n'était pas le cas par le passé du fait de son travail, de sa propension à éviter les rencontres, ou de l'empêchement de Madame ? En attendant lors des entretiens Monsieur s'est montré plutôt ouvert à l'échange, préoccupé par ses enfants, Il a même souvent été nécessaire de stopper les entretiens tellement Monsieur pouvait se répandre. Madame VITI a été reçue également, évoquant ses difficultés avec beaucoup de lucidité, notamment le bienfait des soins mis en place. Parallèlement, elle pouvait évoquer le vide d'être à distance des organisations familiales. A cette période, elle a pu entreprendre de travailler en tant qu'aide ménagère auprès de personnes âgées. Toutefois, elle pouvait quelque peu "jubiler" de l'embarras au quotidien dans lequel Monsieur se trouvait confronté au vu de l'organisation, comme dans une vengeance, voire une certaine jouissance qu'il se rende compte de son quotidien à elle, annulant en quelque sorte sa problématique, et se positionnant comme victime. Elle semble avoir agi pour se rendre indispensable auprès de Monsieur et regagner petit à petit sa place passée au domicile. La crise semble passée. En attendant la prochaine, c'est d'ailleurs ce qu'Olivier trahit dans ses agirs, au travers de ses inquiétudes du retour de sa mère et de la reprise de la vie commune comme avant. Ceci expose les enfants à une instabilité psychique permanente qui dépend étroitement de l'état psychique de Madame et du positionnement de Monsieur. Une audience récente a permis d'ordonner le placement de deux nouvelles soeurs, si bien qu'aujourd'hui les quatre enfants ainés bénéficient d'une mesure de placement et les trois dernières d'une mesure éducative en milieu ouvert. Cependant, Olivier, unique garçon dans la fratrie, reste unique quant à son placement compte-tenu que son accueil n'est pas sous le regard du Juge. Ceci peut amener des inquiétudes, dont on ne mesure pas l'impact, voire les menaces qui le confrontent à sa mère. VIII - CONCLUSION Olivier a bientôt 15 ans. Il est au ABCD depuis plus de 3 ans. Il a investit aisément son placement, d'autant que ses parents étaient favorables à son accueil. Toutefois, les dysfonctionnements familiaux massifs de cette année ont permis de démontrer qu'Olivier n'était pas responsable de ce qui se passait. Ainsi, il est passé du statut d'enfant symptôme à celui d'un enfant issu d'une fratrie nombreuse, où la question des places de chacun est interrogée, et plus particulièrement la question de la protection de chacun. Olivier a entendu que le fonctionnement maternel était interrogé, mais également celui du père. Il a pu exprimer de la déception à son égard, Monsieur étant tiraillé entre son devoir de père et sa place d'époux. Même si le placement permet d'offrir à Olivier un espace différencié et distancié de la problématique familiale, ce dernier ne réussit pas à l'apaiser complètement, en témoigne ses difficultés à se mobiliser scolairement, et son agressivité contenue du fait de l'encoprésie récurrente. La judiciarisation, au même titre que ses soeurs permettrait au moins de le rassurer sur la pérennité de son accueil, et sur l'espace tiers pour les décisions qui le concernent. Le placement reste nécessaire pour sa construction de sujet et pour garantir sa protection. V. DUFIER P. PETITJEAN chefs de service éducateur spécialisé