Est-il envisageable d'informatiser un modèle issu de la CDA ?
Vers une logométrie intégrative des discours médiatisés : le cas des journalistes.
 
Depuis ses premiers pas, l'Analyse de discours s'est toujours intéressée à l'articulation du ou des discours dans un environnement social. Les analyses ont naturellement porté en grande partie sur le discours politique qui, par définition, permet de mettre en présence et en interaction l'ensemble des acteurs sociaux dans un espace correspondant par exemple à une campagne électorale.
Ces dernières années, les progrès de l'informatique ont permis des traitements quantitatifs plus aisés de corpus de très grande taille allant jusqu'à cinq millions de mots et au delà ; ces avancées intéressantes ont souvent été accueillies avec méfiance de la part de linguistes travaillant dans une perspective phénoménologique dite qualitative. Loin d'opposer ces deux approches des corpus souvent présentées comme exclusives (Pourtois et Desmet : 1995), la présente communication aura pour objet de montrer comment elles peuvent être réunies. L'angle logométrique consistant à quantifier des stratégies de discours intégrant des outils en étroite liaison avec les genres discursifs à l'étude (Rouveyrol 2005), semble être un point de départ intéressant pour concevoir un modèle orienté vers la finalité de faire parler les textes et discours en quantifiant des stratégies tout en conservant le caractère réticulaire des productions discursives (Adam 2006).
La CDA depuis les années 90 et jusqu'à nos jours a d'emblée ciblé une forme d'analyse au coeur du réseau médiatico-social : la conceptualisation tripartite des "événements communicationnels" (Fairclough 1995) s'analysant en mettant en regard des composants grammatico-énonciatifs d'une part et des pratiques discursives et socioculturelles d'autre part en est un bon exemple.
Que les attentes sociales souvent exprimées par les linguistes eux-mêmes soient réelles ou fantasmées en matière d'analyse de discours, il conviendra de s'interroger sur leur nature car les médias s'en font dorénavant volontiers l'écho. Lors de la campagne présidentielle française de 2007, il ne se passait pas deux jours sans que fleurissent dans la presse écrite des articles conçus par des linguistes analysant le discours de tel ou tel politicien en utilisant  principalement des calculs de fréquence.
Se fondant sur les réflexions précédentes, cette communication poursuit une double ambition. Il s'agit d'un objet épistémologique consistant à se demander comment articuler une analyse qualitative avec une quantification des données. On explorera d'autre part le discours des journalistes dans le cadre de débats politiques télévisés. Une première analyse effectuée sur un corpus constitué d'enregistrements de l'émission Question Time a montré que les stratégies des hommes de médias pouvaient varier de façon significative et que le contexte socio-politique électoral du moment semblait être un paramêtre essentiel. Le corpus sera constitué cette fois-ci des débats américains de la campagne présidentielle précédente (2004) et son analyse portera plus particulièrement sur les ordres de discours et de pouvoir que les modérateurs des débats font interagir.
Adam, J-M., 2006 Autour du concept de texte. Pour un dialogue des disciplines de l'analyse des données textuelles.  Conférence plénière des JADT de Besançon (19-21 avril 2006).
Fairclough N., 2006 Media Discourse, Arnold, Ed.
Pourtois J-M. et Desmet H., Epistémologie et instrumentation en Sciences Humaines, Mardaga Ed.
Rouveyrol L., 2005, "Vers une logométrie intégrative des corpus politiques médiatisés, l'exemple de la subjectivité dnas les débat-panels britanniques". <
www.corpus.revues.org/document293.html>