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Analyse de
moments interactionnels de discorde dans des interactions professionnelles : du
repérage des mouvements discursifs à leur interprétation en termes de
reconnaissance
A partir d'observations
d'interactions mettant en jeu un professionnel avec un usager (accueils au
guichet de la CNAV) ou un professionnel avec son élève (leçons de conduite),
nous souhaitons proposer une approche croisant une analyse de discours en termes
de mouvements discursifs et interprétatifs (François 1989, Salazar 1999,
Carcassonne, 1996, 2006, 2008) et tirer notre interprétation vers des
conclusions relevant d'une sociologie de l'identité et de la reconnaissance
(Sainsaulieu 1977, Dubar 1981, Eme 2005, Guichard & Servel, 2006, Demaziere
1992, Carcassonne & Servel 2004, 2005, 2008).
Nous proposons ici de
tenir compte d'une part du récent " virage actionnel " de l'analyse du discours
(Filliettaz, 2004) et d'autre part d'une réflexion sur le pôle interprétatif des
données, grâce à la notion de " mouvement ". Cette notion présente l'avantage de
tenir compte du versant de la " production " du discours (mouvements
thématiques, catégoriels, énonciatifs, de mondes, de places) comme du versant de
la " réception " du discours, les mouvements discursifs étant toujours
mouvements interprétatifs.
En observant plus particulièrement des séquences
de discorde ou de désaccord dans les deux types de corpus, nous formulons
l'hypothèse que ces séquences ne traduisent pas " seulement " un ajustement des
places interactionnelles mais une confrontation de positions identitaires. Nous
nous inspirons ici de l'approche désormais classique d'Erikson (1972) qui
établit un lien entre crise et identité. Dans nos corpus, l'affirmation de
positions identitaires dans l'interaction apparaît en même temps comme une
demande de reconnaissance, non nécessairement adressée à l'interlocuteur hic et
nunc mais parfois à un tiers (présent ou absent : chercheur recueillant les
données, hiérarchie directe ou indirecte, communauté d'appartenance….).
Si la
notion de conflit fait aujourd'hui l'objet d'une attention relativement
restreinte en sociologie (Denis, 2005), nous savons depuis les travaux de Simmel
(1908) que le conflit peut être considéré comme une source de socialisation : il
fait partie intégrante de la vie en société et peut se comprendre comme une des
formes les plus vivantes de l'interaction. En analyse du discours ou des
interactions verbales, le désaccord a fait l'objet de peu d'investigations qui
ont cependant ouvert des perspectives prometteuses : le conflit comme
accélérateur des processus sociaux (Gardin, 2006), la négociation comme genre
interactionnel permettant de dépasser les désaccords au travail (Grosjean &
Mondada, 2004) ou les malentendus comme genre interactionnel à gérer
quotidiennement dans des sphères sociales variées (Laforest & Vincent 2004).
Pour notre part, nous voudrions mobiliser la notion de désaccord pour
comprendre comment elle actualise tout à la fois l'affirmation d'une identité
mais aussi une demande de reconnaissance, du côté des professionnels comme de
leurs interlocuteurs. Cette démarche nous amènera à considérer en conclusion le
désaccord non comme une négociation ponctuelle des faces (Goffman, 1973), mais
comme un révélateur plus profond de positions identitaires.
Références bibliographiques
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hétérogène, Belin (coll. Belin Sup), pp. 213-231.
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genres " in Langage et Société n° 123, pp. 87-103.
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2008, (accepté), " Discours au travail : perspectives dialogiques " in Carnets
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