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L'analyse du
discours auto/bio/graphique dans l'institution scolaire au service d'une plus
grande clarté cognitive
L'enjeu de cette communication
est de faire apparaître la complexité de la notion de " demande sociale " à
l'aune du cas particulier des écrits auto/bio/graphiques dans le cadre de
l'institution scolaire. L'analyse du discours auto/bio/graphique caractérise
celui-ci comme la manifestation d'un positionnement dans le champ littéraire ou
politique ou encore comme l'expression du for privé en conformité à la
représentation populaire de l'identité. Nous voulons montrer comment, du fait de
la diversité des enjeux, elle se heurte à de nombreux obstacles liés aux
contradictions de la demande sociale en matière d'écrits de soi en milieu
scolaire et universitaire. L'institution scolaire accorde une place
privilégiée à l'analyse de discours dans certains contenus disciplinaires. Mais
il s'avère qu'elle s'en écarte dans la formation professionnelle des enseignants
comme dans la prescription scolaire lorsqu'il s'agit d'écrits de soi. Les
obstacles effectifs à l'analyse du discours autobiographique en lecture/écriture
sont d'ordre psychologique, anthropologique et idéologique
: L'institution scolaire s'efforce de répondre à des exigences
concurrentes : la première est d'ordre cognitif, la seconde, d'ordre éducatif.
Les élèves comme les futurs professeurs sont soumis à une double injonction :
(re)connaître les approches discursives des productions langagières comme le
prescrivent les programmes et entrer dans le métier (d'enseignant et d'élève) en
adoptant par identification à une communauté discursive " profane " la doxa
selon laquelle l'écrit autobiographique serait révélateur de la personne - ce
que l'analyse du discours autobiographique ne peut admettre. La
pierre d'achoppement première est " l'illusion biographique " fréquente dans les
études littéraires, dans l'espace scolaire et dans la formation des enseignants.
Cette inhibition à reconnaître des configurations discursives là où il y a
écriture de soi n'est pas propre au monde de l'école. La décision
institutionnelle de travailler à la constitution d'une culture commune à travers
la référence patrimoniale est unanimement approuvée pour sa dimension éducative.
Les " autographies " (vs autobiographies) offriraient un accès à la réalité des
" grands hommes " - légendes et icônes pour l'analyse du
discours. Enfin, la notion culturelle de l'individualité induit une
conception de l'écriture réflexive comme manifestation du souci de soi et
d'autrui que la recherche en Didactique du français et en Sciences de
l'éducation soutient. Ce dernier trait soulève une question essentielle
à l'étayage de notre réflexion : n'étant pas soumise à l'évaluation alors
qu'elle est une composante des curricula, la commande institutionnelle d'écrits
autobiographiques repose sur des contenus et des pratiques d'enseignement dont
la cohérence doit être construite. Il nous semble possible d'adopter une
perspective métadiscursive qui permette d'envisager, parmi la diversité des
pratiques autobiographiques, l'existence de discours auto/bio/graphiques "
scolaires ", dont l'Ecole, pour une plus grande clarté cognitive, se doit
d'expliciter le caractère paradoxal auprès des individus dont elle a la charge.
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