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Des événements aux faits : quelles différences ? Apport
des études sur la grammaticalisation
En philosophie du langage aussi bien qu'en linguistique, un
grand nombre de travaux proposent (au moins depuis Vendler 1957) de distinguer,
au plan ontologique, les événements, les états, les actions, les faits, les
situations, les propositions et d'autres types d'entités apparentées.
Un certain nombre de tests linguistiques permettent d'établir
comment ces distinctions majeures ont pu être codées dans le lexique et la
grammaire des différentes langues (Asher 1993, 1997 ; Van de Velde 2006 ;
Asnès & Kupferman 2008, entre autres). Ces tests jouent pour
l'essentiel sur des traits vériconditionnels et aspectuels. À ces tests, il
convient d'ajouter, comme nous voudrions le montrer, le fait que le nom fait a
donné naissance (cf. sur l'anglais, cf. Schwenter et Traugott 2000),
contrairement au N événement, à toute une série de locutions prépositionnelles
comme de ce fait (consécutif), de fait (confirmatif), en fait de (rectificatif,
Lagae 2007), en fait (épistémique-reformulatif) et au fait (digressif). La
prise en compte de ces données amène à prendre en compte le fait que le
nom fait est prédicatif ou syncatégorématique (le fait que/de …), à la
différence du nom événement (*l'événement que/de …) qui ne l'est pas. Cette
propriété, comme nous voudrions le montrer, explique que seul le nom fait ait pu
donner naissance à des marqueurs de discours spécifiques.
Mots clés : aspect, grammaticalisation,
lexique-grammaire, marqueurs de discours, temps
Asnès M. & Kupferman L. (2008). Événements, prédicats,
arguments : quelques points de repère. Langages, 169, 7-33. Lagae V. (2007).
" Évolution et diversification des emplois de la locution "en fait de" ".
Journal of French Language Studies, 17, 277-293. Schwenter S.A. &
Traugott E.C. (2000). "The development of "in fact" ". Journal of historical
Pragmatics 1: 1, 7-25 Van de Velde D. (2006). Grammaire des événements.
Villeneuve d'Ascq, Septentrion.
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