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Pratiques langagières de l'"
événementialisation "
Cette étude s'attachera aux pratiques de nomination des
événements dans le discours médiatique, tout en articulant la nomination à
d'autres phénomènes langagiers à travers une démarche analytique (analyse de
discours) et une analyse sémantique. La diversité des types et origines des
noms d'événements n'est plus à démontrer : depuis deux décennies, les travaux de
Moirand (2007, pour une synthèse), Calabrese, Lecolle, etc. ont étudié de près
les stratégies dénominatives et le matériau linguistique utilisé à cet effet. On
soulignera cependant la dynamique discursive du processus de nomination, tel
qu'on peut l'observer dans le discours des médias, que ce soit autour des crises
sanitaires ou alimentaires, des conflits, des catastrophes naturelles ou, plus
pacifiquement, d'événements mondains comme les festivals. La première partie de
la communication sera consacrée à l'analyse de cette dynamique afin de dégager
les mécanismes linguistico-discursifs à l'œuvre. On verra que la nomination des
événements en discours s'apparente à un processus de nominalisation (qui
présuppose donc des opérations de figement et de synthèse, cf. : des jeunes ont
sifflé la Marseillaise -> les sifflets [du Stade]). Dans beaucoup de cas, la
construction discursive des événements et de leurs dénominations implique la
présence de ce qu'on pourrait appeler une " sémantique émotionnelle " : ainsi,
les configurations discursives des événements contiennent des colorations
émotionnelles qui finissent par intégrer le sémantisme des noms d'événements
eux-mêmes, plus particulièrement en ce qui concerne les émotions négatives, en
justifiant des emplois du type un nouveau Vietnam, l'autre Tchernobyl, notre 11
septembre à nous, etc. La deuxième partie de la communication s'attachera à
développer une étude de cas autour de l'événementialisation de la grippe
porcine. Événement d'envergure mondiale, la grippe porcine se prête à une
approche contrastive. Nous nous intéresserons à son traitement discursif dans la
presse française et dans la presse roumaine. Courant mai 2009, où l'événement
semble atteindre son apogée et les échelles d'alerte s'emballent, les deux
discours n'adoptent pas la même mise en scène de l'événement d'un point de vue
émotionnel : cristallisation d'un discours de la peur dans la presse française,
négation ou mise à distance de la peur dans la presse roumaine ne préfigurent
pas de configurations et évaluations similaires de l'événement. Qu'en est-il de
la nomination de l'événement dans les deux cadres et de sa capacité à intégrer
dans son sémantisme des traits émotionnels apparentés à la peur ?
Mots-clés : discours, émotion,
événementialisation, intersubjectivité, nomination
Calabrese, L. (2010) : Le rôle des désignants d'événements
historico-médiatiques dans la construction de l'histoire immédiate. Une analyse
du discours de la presse écrite. Thèse, Université Libre de
Bruxelles. Davidson, D. (2001) : Essays on Actions and Events, Oxford,
Clarendon Press. Lecolle, M. (2009) : " Éléments pour la caractérisation des
toponymes en emploi événementiel ", dans Ivan Evrard et al. (éds), Les sens en
marge. Représentations linguistiques et observables discursifs ; actes du
colloque international de Bruxelles, 3-5 nov. 2005, Paris, L'Harmattan, p.
29-43. Moirand, S. (2007) : Les discours de la presse quotidienne. Observer,
analyser, comprendre. Paris, PUF. Van de Velde, D. (2006) : Grammaire des
événements. Lille, Presses universitaires du Septentrion
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