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Désignation et événement : sur les sens d' " histoire "
dans la linguistique brésilienne
À partir d'une distinction entre " désignation " et "
référence ", nous considérons que les sens des mots se constituent comme des
relations de signification (plus spécifiquement, des relations de détermination)
produites par l'énonciation (Benveniste, 1966 et Ducrot, 1984), considérée comme
l'événement du fonctionnement de la langue. Nous analyserons les sens du mot
" histoire " dans les textes de quatre linguistes brésiliens (Mattoso Câmara et
Henrique Maurer, clairement influencés par le structuralisme ; et Serafim da
Silva Neto et Silveira Bueno, qui ne sont pas directement affectés par ce
dernier) dont la production s'étend des années 1940 aux années 1960, période
marquée par le structuralisme. En prenant comme instrument de description ce
que nous appelons un Domaine Sémantique de Détermination (D.S.D.) (Guimarães,
2002), nous chercherons à montrer comment la désignation " histoire " se
distingue très nettement dans la position de ces savants, même s'ils ne
définissent pas ce terme. Pour décrire les relations constituant les D.S.D. et,
donc, la désignation du mot, nous considérerons que les désignations (qui
découpent et identifient le réel par les sens produits énonciativement) se
caractérisent par le mode d'intégration des mots dans les énoncés, en tant
qu'énoncés de textes spécifiques. Ces analyses nous conduiront à des différences
significatives. D'un côté, nous retrouverons deux linguistes (qui se distinguent
également entre eux) : Maurer et Mattoso. Pour le premier, le sens d'" histoire
" est fondamentalement déterminé par le sens de " temps " et d'" origine " ;
pour le second, " histoire " est également déterminé par " origine " et " temps
", mais " temps " est directement déterminé par le sens de " chronologique ".
Parallèlement, le sens de " changement " et d'" évolution ", mot compris comme "
enchaînement " dans le temps (et non pas comme perfectionnement), détermine "
histoire ". En outre, le sens d'" espace " et de " culture " entre également
dans la détermination d'" histoire ". De l'autre côté, nous avons Bueno et
Serafim. Pour eux, le sens d'" histoire " est déterminé par celui d'" évolution
" et de " civilisation " (au sens d'une valeur opposée au primitif). Ils se
distinguent néanmoins entre eux puisque, pour le premier, " histoire " est
encore déterminé par " espace " et " temps " (compris comme chronologie), alors
que pour le second, le " temps " n'apparaît pas au sens chronologique et le sens
de " contact " entre dans la détermination d'" histoire ", de telle sorte que le
sens présent n'est pas origine, mais but, au travers du sens de
civilisation. Nous pouvons ainsi observer qu'une analyse
sémantico-énonciative de termes propres à la science peut apporter une
contribution très particulière à un nouveau mode de considérer l'histoire des
concepts, par une position où la terminologie apparaît non pas comme
l'expression d'une idée, mais comme une construction énonciative du
fonctionnement du langage dans les textes constituant l'œuvre d'un auteur.
Mots clés : énonciation, événement,
détermination, domaine sémantique de détermination, histoire
Benveniste, E. (1966), Problèmes de Linguistique Générale,
I. Paris, Gallimard. Ducrot, O. (1984), Le Dire et le Dit. Paris,
Minuit. Guimarães, E. (2002), Semântica do Acontecimento. Campinas,
Pontes
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