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Événement et parodie. Le cas de la grippe
porcine.
Le cas de la grippe porcine, scientifiquement déclinée comme
grippe A ou grippe H1N1, a marqué en avril 2009 le surgissement d'un moment
discursif où les discours des savants et des autorités officielles diffusés par
les médias ont 'fait' l'événement. Mots, formulations, dires ont traversé la
télévision et la presse, configurant une " traçabilité " énonciative que cette
communication, s'appuyant sur un échantillon de différents moments de la
campagne publicitaire, se propose d'interroger afin d'analyser " la façon dont
'ça' parle, 'ça' circule d'un article à un autre, d'une émission à une autre,
d'un genre à un autre, d'un média à un autre " (Moirand 2007 : 4). Plus
précisément, nous focaliserons les 'traces' de la distance entre le discours de
la communauté scientifique - qui suit une sorte de fil horizontal - et le
contre-discours que la publicité parodique, dans un jeu d'appropriation
polémico-ludique des dires des autorités politiques et sanitaires, a inscrit
obliquement sur le web, en tissant les fils verticaux d'une texture où les
reformulations procèdent du principe propre à la parodie : à savoir la verve
caricaturale d'une reformulation-déformation de l'" air connu " et dont on
analysera les marques linguistiques servant de support au passage entre le
'même' et l''autre' ; un paraphrasage axé sur un jeu d'aller-retour intertextuel
ré-définissant et ré-catégorisant ludiquement le rapport au référent/hypotexte
(Genette 1982: 40). Les vidéos de la publicité parodique diffusées par Youtube
font ainsi contrepoint à la publicité officielle ; l'effet pragmatique s'inscrit
dans le réseau d'un contre-dialogue dont des mots tels que symptômes,
vaccination, prévention, procédant de pair avec ce mot de la mémoire collective
qu'est grippe, tissent les mots-arguments jouant, au fil du détournement,
un "chant" - ôdé - "à côté" - para - qui dessine, au sein de la
contre-argumentation, le positionnement des sujets prenant partie au champ de
bataille du discours. Ces " points de vue " émergeant de la publicité
parodique, tout en prolongeant sur la toile le débat officiel, actualisent le(s)
paradigme(s) désignationnel(s) d'une doxa qui configure, sur le web, cet espace
sauvage, collectif et "contre-institutionnel" que Roland Barthes, dans son
analyse des événements de mai 68, associait au mur, " lieu de l'écriture
collective " et du " bonheur de l'expression ", et à la rue, lieu "de la parole
désenchaînée", " espace contre-parlementaire et contre-intellectuel, opposition
de l'immédiat aux ruses de toute médiation " (Barthes 1968 : 111). C'est-à-dire,
dans le cas de notre analyse, l'événement envisagé au cœur d'une pratique
langagière où l'immédiat trouve, dans l'espace collectif de Youtube, le média
virtuel médiateur du discours de la polémique, de sa vulgarisation et de
son 'bonheur'. Mots clés : analyse du discours,
mémoire des mots, mot-événement, parodie, polémique
R. Barthes, L'écriture de l'événement, " Communications ", mai
1968, pp. 108-112. C. Fuchs, " La paraphrase entre la langue et le discours
", Langue française, 53, 1982, pp. 22-33. G. Genette, Palympsestes, Seuil,
Paris 1982. S. Moirand, Les discours de la presse quotidienne. Observer,
analyser, comprendre, PUF, Paris 2007. M.F., Mortureux, " Paradigmes
désignationnels ", Semen 8, 1993, pp. 95-112
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